Hi versus Mizu

Chapitre 22 : Mizu to Chi, Maiden no chikara

- SAYO !

Le groupe se précipita vers le rivage, dans l’espoir d’apercevoir la tête de la brune, mais sans résultat. Rackist essaya d’en profiter pour abattre Maiden, mais Yoh contra le coup.

- Yoh-sama, n’attendez donc pas votre amie et battez vous, ou je serai obligé de vous tuer et de déplaire à Hao-sama.
- Alors je suis ton homme !

Pendant que le jeune Asakura se battait contre le prêtre, Horo et Choco se tournèrent vers Ren :

- Elle a dit qu’elle ne pouvait pas nager !
- Il faut l’aider !
- Non.

Ils le regardèrent, interloqués.

- Comment ça ?
- Tu veux la laisser mourir ?

Choco tenta de poser sa main sur l’épaule de Ren, mais celui-ci l’en empêcha.

- Elle doit se débrouiller seule.
- Mais Ren, elle ne peut pas nager !

Il eut un rire moqueur et froid, avant de se retourner vers Rackist, et d’ajouter à leur attention :

- Elle est puissante. Elle doit s’en sortir seule, pour pouvoir continuer. Nous devons aider Yoh, il faiblit. Il faut avoir confiance en Sayo Ryûku. Bon, vous venez ?

L’héritier des Tao allait s’élancer quand une main le retint. Se retournant, il découvrit l’Iron Maiden, chef des X-Laws, l’air décidé et les sourcils froncés.

- Je vais vous aider aussi, déclara doucement Jeanne. Mais pour vaincre Rackist, il vous faut un plan. Lucifel est très puissant.
- Très bien. Est qu’est ce que tu propose ?
- Un piège.
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Au secours…
Amaya…
C’est comme la dernière fois…
Je sombre…
Mais là, je ne peux plus nager.
Ama-chan, dépêche…
Ama-chan…
…
J’ai touché le fond.
C’est sablonneux, dur, froid…
Je n’ai plus d’air…
…
Au secours…
Je vais me noyer, je vais…
Je…
Ama-chan…
…
Cette fois…
C’est la fin…
Bon sang, je vais quand même pas mourir là…
Bon sang…
Yoh, Anna, Choco, Horo, Ren, Tamao, Jun, Keiko, Opachô, Seyram, Reoseb…
Amaya…
Aï, Toma…
Lui…
Tous ceux là ne me pardonneraient jamais de mourir de cette manière, si ?
Je ne crois pas…
J’ai encore des choses à régler, à vivre…
Je dois…
Je dois faire quoi, déjà ?
Le plus simple serait de mourir là…
Oui, mourir maintenant…
Plus rien à faire, à penser…
Juste me reposer…
Mais…
Lui…
Je…
Mourir…
Vivre…
Je…
Je ne vais tout de même pas…
Le laisser gagner comme ça ?
…
Quelle importance ?
…
L’importance…
…
Je sais.
Je suis en danger…
La terre…
Le sable est de la terre…
Alors…
Terre…
Je ne dois pas mourir…
Terre…
Terre…
Bon sang, trop tard…
TERRE !
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- Yoh !

Anna plongea et écarta Yoh du passage de Lucifel, qui continua sa route vers Ren et Jeanne. Les deux enfants, Over-Soul déployés, contrèrent l’attaque.

- Choco, à toi !

L’afro fonça vers Rackist et s’attaqua au prêtre au corps à corps. Rackist, malheureusement, s’adapta et le combat devint dangereux pour Chocolove.

Puis l’eau explosa.

Jeanne, la plus proche, fut projetée contre Yoh par la force du choc. La vague bleue les trempa tous de la tête au pied, avant qu’ils n’en découvrent l’origine…

- SAYO !

Le sable l’entourait comme un épais cocon qui s’écrasa au sol, la libérant du même coup. La grande brune semblait inconsciente et sérieusement amochée, mais encore vivante. Elle crachait presque ses poumons sans sembler s’arrêter. Jeanne, Yoh et Anna coururent jusqu’à elle, laissant Ren, Horo et Choco contrer Rackist.

Jeanne posa la main sur la grande brune, et ferma les yeux. Une aura blanche se forma autour de sa main, et Shamash apparut derrière elle. Un moment plus tard, Sayo ouvrit brusquement les yeux et vomit l’eau de mer qu’elle avait ingurgité, sous le regard inquiet de ses camarades. S’excusant, elle usa du Gobosei pour changer la chose en sable. Elle se releva.

- … Merci.
- Argh !

Horo et Choco atterrirent à leurs pieds, et Ren posa un genou à terre, la main plaquée sur son épaule ensanglantée. Sayo eut un rictus moqueur, puis saisit la main de Jeanne.

- Tu viens ? On va refaire le portrait de ce prêtre à la noix !
- Si… Si tu veux…
- Amaya, Over-Soul RYÛ NO AMAYA !
- Shamash, Over-Soul Instrument de Torture : « La machine qui sert à écraser la tête et les genoux ! »

Rackist, bloqué par l’Over-Soul de Jeanne, ne put esquiver le large revers de queue que lui envoya le grand Dragon Over-Soul. Lucifel absorba cependant une grande partie du choc.

- Shamash !
- Amaya !

Les deux Over-Soul détruisirent Lucifel.

- … Hao-sama avait raison. Yoh-sama s’est vraiment bien entouré… Gomene, Hao-sama.

Rackist semblait à bout de forces. Il eut un mauvais sourire avant de s’écrouler, K.O.
Sayo, le souffle court, sourit elle aussi.

C’est fait…

Une quinte de toux la prit brusquement. Elle tomba de nouveau à genoux. Jeanne voulut la soigner, mais Sayo l’arrêta d’un geste de la main. Relevant difficilement la tête, elle tenta de parler, et croisa les regards interloqués de Yoh et de Jeanne.

- C’est pas… Grave… M’approchez pas… M’approchez pas…

Le contrecoup…
Qu’est ce que…
Que vais-je perdre cette fois ?
Argh…
Bon sang, ça brûle…
J’ai la drôle d’impression qu’on m’a planté une épée dans le corps, ça brûle…
Argh…

Les yeux de la Dragonne s’agrandirent et le goût du sang se répandit dans sa bouche.
Elle était sur le point de s’évanouir, et s’était complètement refermée sur elle-même. La grande brune ne vit pas Jeanne l’approcher, et ne la sentit pas poser sa main sur son front brûlant.

Tout cela était trop pour elle.

Sayo s’évanouit.
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- Elle va dormir encore longtemps ?
- Je n’en sais rien. J’ai beau avoir un fouryoku puissant, je ne suis pas aussi bonne médecin que votre ami.
- Merci, Jeanne.
- Ce n’était rien.

Yoh, Anna, Horo-Horo, Lyserg et Jeanne étaient assis à la table du rez-de-chaussée. Sayo ne s’était pas réveillée, et Faust, Ren et Chocolove la veillaient. Les autres X, eux, étaient tous sur des futons que Yoh avait installés sur ordre d’Anna. Personne n’était en état de discuter, selon Faust.

- En fait, qu’est ce qu’elle avait ?
- Baka.

Yoh se tourna vers Anna et se prit un coup de poing. La blonde Itako secoua la tête et posa sa tête sur ses mains.

- Gobosei.
- … Il est la.

La voix calme de l’Iron Maiden Jeanne attira le regard de l’Itako, et Horo-Horo commença à poser une question quand quelque chose les interrompit.

- Bien vu, Anna. Gobosei. Terre. La petite Dragonne se débrouille bien, à ce que je vois.

La voix moqueuse les fit lever les yeux, et Lyserg se leva brutalement, renversant sa chaise. L’adolescent aux cheveux verts dédaigna son arme de X-Laws.

- HAO !

Jeanne le retint par le bout de sa tenue de X-Laws. Il la regarda un instant, décontenancé, avant de se rassoir, lançant cependant des regards plus qu’haineux au Shaman Millénaire.

- Eh bien, Lyserg, tu ne me saute pas dessus aujourd'hui ? Pour une fois, Maiden-chan aura eu une influence positive.

Le sang monta aussitôt aux oreilles de Lyserg et de Jeanne, mais Anna cessa le jeu.

- Que viens-tu faire ici, Hao ?
- Bonne question, Anna. Rackist était sensé détruire les X. Il est pour l’instant K.O., et ici. Alors je suis venu le récupérer.
- Qui te dit qu’on te laissera l’emmener avec toi ?
- Lyserg-kun, voyons… Te crois-tu vraiment capable de me vaincre à toi seul ?

La douce voix de Jeanne, neutre, résonna aux oreilles du benjamin des X-Laws :

- Lyserg n’est pas seul.
- C’est vrai, il a sa très puissante et graaaande Maiden-chaaaaan derrière lui…
- ARRÊTE DE PARLER COMME CA DE JEANNE-SAMA !
- Lyserg, tu me casse les oreilles.

Anna envoya Lyserg bouler contre un mur d’un coup de poing magistral. Yoh, lui, se relevait doucement, encore sonné.

- Ah tiens, Hao… Yo !

Le Shaman Millénaire sourit et répondit au salut de son petit frère par un geste de la main.

- Yo.
- YOH, T’ES BÊTE OU QUOI?

Anna envoya Horo rejoindre Lyserg contre le mur. Hao eut un grand sourire.

- Toujours aussi douce, Anna-chan…
- Je ne te permets pas ce genre de familiarités, Hao. Pourquoi es-tu venu ? La vraie raison.
- … Je suis venu voir comment avançaient les choses, pour tout dire. Cela m’intéresse.
- En clair, tu n’as rien à faire ici.
- HAO !

Le Shaman aux longs cheveux bruns émit un petit rire et leva les yeux vers le haut de l’escalier, où venaient d’apparaitre Mikihisa et Keiko. L’homme au masque déploya immédiatement deux Over-Soul et les lança sur le Shaman Millénaire.

- Pitoyable, Mikihisa. Tu n’as pas changé.

Un claquement sec retentit, et un rideau de flammes bloqua l’attaque de l’homme masqué. Les flammes s’évanouirent dans la main de son fils ainé.

- Que fais-tu ici ?
- … Discuter avec Anna-chan et Otôto, récupérer l’un des miens et voir comment elle va.
- Elle ?
- Sayo, voyons.

Anna se leva brusquement.

- Ramasse ton larbin, Hao, et sors d’ici.
- Que me vaut ce brutal changement d’attitude ?
- Va-t-en.
- Maaah, serais-je indésirable ?

Le grand sourire du Shaman brun donna immédiatement des envies de meurtre à Horo-Horo, Lyserg et Mikihisa. Jeanne se contenta de vérifier que Shamash n’était pas loin, et Anna garda une expression plus neutre qu’une statue.

- Exactement, tu es indésirable.
- Dommage. Je reviendrais donc !

Toujours aussi souriant, Hao alla jusqu’à Rackist, s’assit à côté du corps du prêtre, et les deux hommes disparurent.

Mikihisa, par pur esprit de haine envers son propre fils, ne voulut pas comprendre pourquoi il voulait tellement voir Sayo.
Son antipathie pour la jeune fille monta d’un cran.

Pour le pouvoir de la terre, Sayo ne perdit rien. Jeanne l’en avait protégée. Sayo ne le sut que plus tard, et n’en respecta que plus la fille aux yeux écarlates.

Si on peut appeler le surnom « Maiden-chan » une marque de respect.

Chapitre 23 : L’innocence d’un enfant

- Rackist, Opachô.
- Hao-samaaa !
- Hao-sama.

L’africain et le prêtre venaient d’être convoqués dans le repère du Shaman Millénaire. Celui-ci était déjà là et les attendaient.

- Opachô, tu as rempli ta mission au-delà de mes espérances. Rackist, bien qu’ayant échoué, je ne peux qu’admirer ta ténacité. Je pense que vous avez bien travaillé.
- Merci, Hao-sama.
- Hao-sama…
- Oui, Opachô?
- Pourquoi vouloir se faire détester de Sayo-sama?
- … Tu verras, Opachô. Elle est petite.

Le prêtre s’éclipsa, laissant son maître et le petit Africain. Opachô commença à pleurer.

- … Opachô ? Oh, ne t’inquiète pas… Opachô, Sayo est bien plus grande que toi.
- Opachô petit !
- Ceci dit…
- Oui, Hao-sama ?
- Bientôt de grandes choses vont se passer. Il n’est plus besoin de terminer le Shaman Fight. Et j’ai besoin que tu ailles avec Sayo. C’est une mission, précisa le Shaman Millénaire.
- Opachô mission ?
- Oui.
- Opachô mission ! Merci, Hao-sama !

Voir le petit Africain faire d’étranges galipettes pour manifester sa joie fit rire le grand brun. Après s’être calmé, Hao s’assit.

- Opachô ?
- Oui, Hao-sama ?
- J’ai une dernière chose à faire avec elle, avant que tu n’y ailles. Quand je reviendrais, tu pourras y aller.
- D’accord, Hao-sama !

Une dernière rencontre avant de se battre sérieusement… Un dernier mot…

Un dernier adieu.

Seul l’un de nous survivra.
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- C’est elle qui m’a protégée ?
- Oui.
- J’irais la remercier.

Sayo s’étira un grand coup, et alla chercher un seau d’eau pour se le jeter au visage. Ainsi bien réveillée, elle se sécha en évaporant l’eau. Se tournant vers Anna, elle sourit :

- Elle m’a évité de perdre quelque chose de précieux.
- En rapport avec le Gobosei ?
- Oui.

Aucune perte.
Ce n’est pas vraiment normal.
Je devrais…
Être différente.
J’ai l’impression d’avoir triché.
Maaah…
Tout change, même les règles.
…
Tout change…

- Le Gobosei est une technique dangereuse.
- Technique trop dangereuse pour l’apprendre à Yoh, et aux autres. C’est ça, Sayo ?
- Exactement. Je ne sais pas ce qui l’a déclenché en moi. De plus… Non. Ils n’ont pas à souffrir cette technique. Ils perdraient trop. Beaucoup trop, Anna.
- Compris.

Sayo leva sa main devant ses yeux et fit apparaitre une petite boule de feu. L’observant attentivement, elle continua :

- Hao… A perdu ce qui lui était le plus cher pour achever d’apprendre cette technique et devenir capable de maîtriser son propre futur. Je me demande ce que c’était.

Anna plaqua brusquement sa paume sur le bois de la table, provoquant un bruit sourd.

- Ce genre de questions ne te mènera à rien, Sayo. Hao est Hao. Il faut le détruire avant qu’il ne nous détruise.
- …

Anna saisit le poignet de la brune. L’autre, la fixant, éteignit le feu qui couvait toujours dans sa main.

- Si tu te demande pourquoi il est devenu ainsi, tu le prendras en pitié. Quand tu l’auras pris en pitié, tu ressentiras sûrement de l’amitié pour lui, du moins un quelconque sentiment. Et là, tu ne pourras plus le vaincre, Sayo. Il est le mal. Souviens-t-en.

Sayo sourit.

- Maaah, peut-être, Anna. Peut-être bien.

Life is war, I’m your soldier.
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- Comment ça dangereuse ?
- Dangereuse, tu es dangereuse.
- Mikihisa, comme tu es le père de Yoh, je ne vais pas me fâcher. Je te prierai simplement de surveiller tes paroles. Je fais ce que je veux, et je peux t’assurer que je ne suis pas du côté de cet…

… Imbécile…

- D’Hao. Compris, grand chef ?
- Ne te moque pas de moi !
- Pourquoi pas ?

La jeune fille aux cheveux bruns s’éloigna brusquement et sortit de la pièce, poursuivie par les grommellements de l’homme au masque. Sans y prendre garde, Sayo partit vers la forêt.

Pendant un long moment, elle se promena, sans but. La nuit semblait à peine commencer, et pourtant, elle était déjà fatiguée. Sans doute le contrecoup de toutes ses aventures.

Regardant du côté de la calme lumière bleutée qu’émettait l’esprit des esprits, elle se rendit compte qu’elle était dans une forêt. Elle avait plus marché qu’elle ne l’avait prévu. Soupirant, elle fit encore quelques pas en direction du Great Spirit.
Et deux bras passèrent en collier autour de son cou, l’empêchant de se retourner. Bloquée, elle ouvrit de grands yeux.

- Da… DARE ?

Puis elle reconnut les gants épais et les bras nus. Hao. Encore. Elle se débattit deux fois plus, sans résultat. Sentant le souffle du brun dans sa nuque, elle eut envie de le gifler.

Qu’est ce que je lui ai fait ?
Pourquoi il me colle ?
Il a rien de mieux à faire ou quoi ?

- Qu’est ce que tu veux, Hao ?
- Rien de mal. Juste t’avertir.

M’avertir de quoi ?
Il en a des bonnes, celui-là.

- Je veux t’avertir, disais-je, de cesser le SF. Continuer ne sert plus à grand-chose, à présent.

Qu’est ce que…
Mais…
Qu’est ce que ça veut dire ?

- Cela veut dire, répondit le Shaman Millénaire, que je vais devenir le Shaman King.
- Arrête de lire dans mes pensées !
- Maah, changeons de sujet. Sayo… Pour moi, il existe deux sortes de Shamans.
- … Ceux qui sont avec toi et ceux qui sont contre toi ?
- Pas exactement. Il est des Shaman utiles et des Shamans inutiles. Tu n’es pas inutile, Sayo. Tu aurais ta place dans le Shaman Kingdom. Je te laisse y réfléchir.

Et il disparut dans un tourbillon de flammes, sans qu’aucune d’elles ne touche son interlocutrice.

I’m not a puppet.
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Elle était rentrée dans le QG de Yoh et des autres, toujours à moitié monopolisé par les X. A part Bounster qui semblait très mal en point, Meene, Lyserg, Marco et Kevin se remettaient très bien. Et Jeanne était plus gentille et serviable que Mikihisa.

Beaucoup plus.

Disant bonsoir à la jeune Sainte toujours debout, elle alla jusque sur le toit pour s’endormir. Une fois n’est pas coutume, l’homme au masque était déjà endormi, tandis que Keiko s’affairait encore près de la chambre de Yoh. Sayo lui sourit et monta.

Qu’est ce qu’il voulait dire ?
Shaman King…
Que s’est passé pour qu’il se décide ?
De toute façon, il doit terminer le SF, non ?
Tch…
Utile, inutile…
Suis-je vraiment une Shaman utile ?
Pour lui, peut-être.
Tchh…

Machinalement, elle tripota ses cheveux avant de soupirer. Elle détestait l’attention qu’il lui accordait. Cela la mettait mal à l’aise. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Il l’avait sauvée une fois, épargnée une autre… Et cela au vu et au su de tous. Que pouvaient ressentir ses amis ?

Tcch. C’était le cas de le dire.

Elle ne savait plus quoi faire. Passant une jambe de chaque côté du toit, elle leva les yeux vers les étoiles.

- Maah… Doshio…
- Sayo-sama !

Aussitôt, la Dragonne tourna la tête vers le petit Africain qui était de nouveau apparu sans prévenir.

- … Opachô.
- Sayo-sama a l’air triste ?
- Maaah, peut-être un peu.

Boku wa…
Ryu.
To Ryu wa Hao no teki.
Boku wa Hao no teki.
TEKI!

- Nee, Sayo-sama…
- Hai?
- Pourquoi Sayo-sama dire boku? Sayo-sama être une fille !
- … Maah…

Ryu…
Boku…

- C’est une histoire compliquée.
- Opachô a tout son temps !
- En fait…

Future and past will meet each other.
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- Je veux travailler.
- Toi, la gamine ? Même pas en rêve ! Va plutôt jouer à la poupée, eh, choute !
- … Je veux travailler.
- Va-t-en, t’as pas compris ?

La jeune brune resta là, les cheveux dans le vent, tandis que les marins s’éloignaient. Les yeux vides, elle recommença à chercher de quoi nourrir son frère et sa sœur.
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- Non ! Pas besoin de gamines !
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- Non ! On n’accepte que les garçons !
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- Non ! Les filles, dehors !
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- Onee-sama.
- … Ha… Hai ?
- Onee-sama, tes cheveux.

La grande brune se tourna vers sa jeune sœur. Elle s’était en effet coupé les cheveux. Ses longues mèches soyeuses gisaient au sol et sa nouvelle coupe lui donnait un air indéniablement masculin.

- Je sais. Demo ima, wata… Boku wa shônen yo.
- Onee-sa…
- Shônen.
- … Onee-sama wa Oni-sama ka?
- … Si tu veux.
- … Aï veut un câlin d’Oni-sama.

Alors la grande brune ouvrit les bras et la petite s’y précipita. Bientôt, Toma entra. Il ouvrit de grands yeux. Et s’ajouta à l’étreinte, presque vexé d’avoir été oublié.
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- … Sayo-sama pas être un garçon. Hao-sama être un garçon, Opachô aussi. Sayo-sama être une fille.

Le petit Africain se grattait la tête, et ne semblait pas comprendre ce que voulait dire Sayo. Sayo sourit.

- Je t’avais dit que c’était long et complexe.
- … Opachô… Opachô a pas tout compris. Mais… Sayo-sama aimer bien Opachô ?

Les yeux noirs de l’africain croisèrent les yeux violets de la japonaise, et celle-ci répondit :

- … Oui.
- Et Hao-sama ?
- … Himitsu.

Opachô fit la moue.

- … Opachô peut pas savoir ?
- … Pour l’instant… Non. Un jour, peut-être. Après le SF.
- Le SF est terminé.
- Comment ça ?

Lui aussi.
Mais c’est quoi, à la fin ?
Tcch.

La jeune fille croisa les bras et Opachô continua :

- Le SF être terminé. Hao-sama avoir gagné.
- Le SF n’est pas terminé, les matchs…
- Les matchs n’intéresser pas Hao-sama. Hao-sama plus fort. Hao-sama aller prendre le Great Spirit et construire le Shaman Kingdom de Hao-sama.
- … Et toi ?
- Opachô ?

Le petit Africain sourit, puis posa ses mains dans ses épais cheveux, avant de parler de nouveau :

- Hair in… MAMA.

Aussitôt un Over-Soul blanc entoura le petit Opachô, et il se retrouva dans sa forme « mouton ».

- Opachô va aider Hao-sama !
- … So ka. Bon, cette nuit, tu…
- Hao-sama avoir dit que Opachô devoir rester avec Sayo-sama.
- … So ka. Bon, alors viens, je vais te montrer ou tu vas dormir.

If we want, we can.
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- Tu viens, Opachô ?
- …

Le petit Opachô était entré dans la première chambre qu’il avait vue, sans suivre Sayo.
C’était la chambre où étaient entreposés les corps d’Aï et Toma. Sans vie, ils étaient maintenus en leur état normal par l’étrange constitution des dragons, sans quoi ils auraient risqué de pourrir et de ne plus pouvoir ressusciter.
Opachô se pencha sur le corps d’Aï. Elle semblait à peine endormie, et ses longs cheveux roux entouraient sa tête comme une jolie auréole de lumière orange.

- Opachô ?
- Opachô arrive.

Il reprit le chemin de la porte, jeta un dernier coup d’œil à Aï, puis s’éloigna.

Last fight will begin.

Chapitre 24 : Last war, we’re the fighters

En se réveillant, Sayo eut immédiatement une mauvaise impression. Se dépêchant de s’habiller, elle mit sa tenue de combat, puis sa tunique de tous les jours.
Hésitante, elle saisit son pendentif. Puis sourit et alla chercher un pinceau, puis de l’encre, dans l’une de ses poches. Les caractères kanji censés l’empêcher de tuer ou de pleurer avaient disparu. A la place, elle s’appliqua à tracer quelques mots, puis posa le collier sur le rebord de la fenêtre, juste devant elle.
Levant les mains, elle traça dans l’air quelque arabesque invisible, puis souffla :

- On. Sore wa chi no kisei. Boku wa Ryûku Sayo, saigo no Ryû. Boku wa chikau.

Chikau.
Allez.

Le pendentif s’illumina un instant, puis s’éteignit. Satisfaite, elle passa une chaine au travers du pendentif, et le rangea dans sa tunique, puis s’apprêta à réveiller Opachô.

Son mauvais pressentiment ne voulait pas passer.
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- Qu’est ce qu’il s’est passé?

Jeanne regarda Marco et Lyserg, qui venaient d’arriver, essoufflés au possible.

- Hao a détruit le siège des organisateurs, Jeanne-sama, répliqua sombrement Marco. J’étais parti vérifier la suite des matchs, mais ils n’étaient plus marqués. A la place, tous les Shamans parlaient du bâtiment des Paches.
- Il brûlait, continua Lyserg.

Jeanne fronça les sourcils, inquiète. Cela n’augurait rien de bon. Le dernier combat était manifestement commencé.

- Merci, Marco. Comment vont Meene et les autres ?
- Meene va à peu près bien, mais elle est en état de choc. Bounster a été soigné par Faust, mais il est encore affaibli. Quand à Kevin… Son corps n’en a pas trop souffert, mais il culpabilise.
- Encore. Pauvre Kevin.

Kevin était en effet un ancien tireur d’élite, de l’unité Cobra, qui avait lutté contre des terroristes. Il en avait longtemps souffert, et avait totalement changé. Bien que toujours déterminé, il ne voulait plus voir mourir personne, sauf Hao.

Le Shaman Millénaire lui avait brûlé le visage à un degré très élevé. Et détruit sa vie par la même occasion. Comme Mikihisa, il vivait avec son masque, et ne s’en séparait jamais.

Bounster avait eut le corps presque entièrement détruit par Hao. Il ne pouvait bouger uniquement grâce à plusieurs prothèses, ce qui ne l’handicapaient pas le moins du monde. Au contraire, pesant plus lourd et d’une stature plus haute, Bounster était un sacré atout pour les X-Laws en général et les X-III en particulier.

Là depuis plus longtemps que Meene et Kevin, il était logiquement passé chef des X-III.

Meene avait une histoire encore plus complexe. En effet, si elle s’était engagée dans l’armée, c’était pour venger son père, victime du manque d’effectif canadien. La jeune fille s’était retrouvée attachée à l’Ert Canadien. Et elle s’était battue. Elle était même tombée amoureuse de son chef d’unité.

Hao avait détruit son rêve. Il avait impitoyablement détruit son unité, et tué le chef qu’aimait Meene. Mais il lui avait laissé la vie. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Elle savait juste qu’elle voulait le détruire.

C’était tout pour eux.

Jeanne leva les yeux et sourit à la nouvelle arrivée.

- Ohayô, Sayo.

Sayo, réveillée à moitié, accompagnée d’un Opachô perché sur ses épaules, descendit l’escalier calmement et sourit à Jeanne et Lyserg. Puis posa son regard sur Marco, qui semblait en état de choc.

- Blondinet. Que me vaut ce regard ?
- Sur… Ton épaule… Le… LE LARBIN DE HAO !
- Ah. Tu parles d’Opachô ?

Encore étroit d’esprit, le blondinet.
Un peu bêta aussi.
Il n’a même pas remarqué mon « blondinet ».
Tcch.
Ano baka…

Le petit Africain descendit de l’épaule de Sayo, et se planta devant le grand blond :

- Hao-sama dire à Opachô de rester avec Sayo-sama. Si Opachô pose problème à Marco, Hao-sama tuer Marco. Et comme ça Opachô peut suivre ordres de Hao-sama et rester avec Sayo-sama.
- Sayo-sama ?!?
- Marco, s’il te plait.
- Marco-san, on a plus le temps.

Yeah !
Opachô, Jeanne, Lyserg, Sayo : 1, Marco : 0.
Hourra !

Sayo sourit à Lyserg et à Jeanne, puis déclara, se préparant à remonter l’escalier :

- Je vais chercher les autres.
- Pas la peine. Seul Yoh-kun est encore en haut, avec ses parents, et il arrive.
- Ok, Lyserg. Donc. Que nous prépare encore ce cher Hao ? A cause de lui, j’ai dormi très peu. Si ça pouvait se régler rapidement…

Les Shaman Millénaires devraient prendre quelques jours de congé, que je puisse me reposer…
J’ai l’impression de ne pas avoir dormi depuis des millénaires, comme si je n’avais plus de forces…
Tchh.
Ano baka ryû.
Tchh…

- Cela risque d’être compliqué.
- …

Elle observa Jeanne un instant.

- Last fight… Ka.
- En effet.
- Bon. Au moins, c’est clair. Quand est ce qu’on part, mina ? Puisqu’il faut bien l’en empécher.

Ike, mina.
On va le battre.

- Dés que Yoh nous aura rejoints. Lyserg a déjà averti les autres, et Yoh l’apprend sûrement de son père en ce moment-même. Ce combat ne sera pas simple.
- Je m’en doute.
- Maah, mina, vous êtes prêts ?

Yoh Asakura, les mains dans les poches et ses armes dans le dos, descendit l’escalier en souriant. Sayo hocha la tête, et croisa les bras, avant de se retourner.

- Hao Asakura… On dirait que c’est vraiment l’heure du combat. Personne ne lui fera de cadeaux.

Je voudrais…
Qu’un autre futur…
Soit possible.
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Le groupe courrait. Marco poussait l’Iron Maiden où s’était renfermée Jeanne, pour augmenter sa puissance au maximum. Asakura Yoh, Tao Ren, Usui Horo-Horo, MacDaniel Chocolove, Diethel Lyserg, Marxwell Marco, Tao Jun, Kyôyama Anna, Tamamura Tamao, Faust VIII, Iron Maiden Jeanne, [Asakura] Opachô et Ryûku Sayo.

Les X-III restaient à la base, trop faibles pour se battre. Yoh, Sayo et les autres les avaient confiés à Mikihisa, Keiko et Pirika.
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- Vous y allez ?
- Oui, Tamao.
- … Alors c’est vraiment la fin.
- Oui, Okaa-san.
- Dans ce cas, je viens avec vous.
- Tamao ?

La jeune fille aux cheveux roses se leva et marcha jusqu’à Anna, Jeanne, Jun et Sayo.

- Je sais que je suis plus faible que vous. Mais je suis aussi une Shaman, et je veux vous aider.
- Mais, commença Marco, elle…
- Très bien, le coupa Anna. J’étais sûre que tu ferais ceci, Tamao. Tu as fait le bon choix. Allons-y.___________________________________________________________________________________________

- Nee, Jeanne ?
- Oui, Sayo ?
- Je voulais…
- Attendez.

Nani ?
…
Oh.

Anna les arrêta, et montra le groupe des Gandharas, tous réunis, qui bloquaient la route. L’Itako s’avança et défia les plus grands du regard. Une jeune femme, à peu près de l’âge de Keiko, s’avança elle aussi et croisa les bras :

- Laissez nous passer, dit Anna.
- Désolée, mais c’est non. Seuls les cinq Soldats pourront défaire Hao. Et personne d’autre, dit une voix que Sayo reconnut comme étant celle de Jackson.
- Jackson.

La voix de la jeune femme était étrangement douce, comme si elle savait qu’elle serait écoutée. En effet, Jackson ne dit plus un mot, comme honteux de son intervention.

- Je m’appelle Saati et suis la chef des Gandharas. Je ne peux malheureusement pas vous aider à vaincre Hao, mais je suis là pour libérer quelque chose dont vous aurez peut-être besoin. Désolée, petite Anna.

Saati posa sa main sur le front d’Anna. Aussitôt, la tâche écarlate sur le front de la grande jeune femme s’illumina, et les yeux d’Anna perdirent tout éclat.
Anna tomba en arrière, et Yoh la récupéra juste à temps. L’Itako se reprit peu après, regarda Saati, et sourit.

- Vous avez libéré mes pouvoirs.
- En effet.
- Merci.

Les Gandharas s’écartèrent, et le groupe reprit sa course.
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- Tu crois qu’on peut y arriver ?
- Tu rigoles, Lyserg ? On va forcément réussir !
- Horo-Horo a raison, on est les plus forts !
- Taisez-vous, tous les deux, vous me cassez les oreilles !

La discussion des trois compères de la team The Ren parvenait aux oreilles de la Dragonne, sans qu’elle y prenne un quelconque intérêt. Elle soupira en entendant Opachô :

- Chichee na. Hao-sama va gagner.
- Opachô, s’il te plait. Tu es pour l’instant avec nous, donc évite de faire de la propagande inutile.
- Mais Opachô a raison !
- S’il te plait.

La situation est déjà assez complexe ainsi, il n’est point la peine d’en rajouter.
Hao aurait du l’enseigner à Opachô…
Quoique, Hao aussi est bien du genre à en remettre une couche, lorsqu’il veut.
Maah…

Le petit Africain se mit à bouder. Cependant, le groupe fut forcé, une seconde fois, de s’arrêter.

- Nous ne vous laisserons pas gêner Hao-sama. Seuls Yoh-sama et Sayo-sama sont autorisées à continuer. Quand à toi, Opachô, continue de suivre les ordres d’Hao-sama.
- Opachô suit !
- Je sais.

Rackist, les Hanagumi et les Tsuchigumi leur barraient le passage. Lyserg s’apprêta à lancer son ange, mais Anna l’arrêta.

- Yoh et Sayo. Soit.
- HEIN ?
- … Je vois, Anna.

Sayo sourit.

- Le dernier défi de Yoh, c’est ça ?
- Oui.
- Si tu le souhaite. Yoh, viens.
- Mais, les autres…
- Ils sont grands. Ils sauront se débrouiller. Yoh, tu ne veux pas faire honte à Anna, tout de même ?
- Beeeen… Non, mais…
- Alors viens. Opachô ?
- Opachô doit suivre Sayo-sama !
- Soit.

Si c’est ce qu’ils veulent…
Boku wa ryû.
Saigo no ryû.
Ryû wa Hao no teki.
Shine, Hao.
On arrive.

Sayo dépassa Rackist et les autres, suivie de Yoh. Elle s’arrêta cependant un instant en entendant le prêtre :

- Quelle folie…
- Dewa arimasen, Rackist. We’re strong.

Et la jeune fille se remit à courir.
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- Yoh, matte kudasai.
- Uuh ?

La jeune fille s’arrêta. Prenant quelque chose dans l’une des larges poches de sa tunique, elle le tendit vers l’Asakura.

- So… Sore wa ?
- Kore wa boku no pendento. Saa, Yoh.

Prends-le, Yoh.
Il est temps que ce pendentif serve à quelque chose.
Maah…

Sayo posa le collier dans la main de Yoh. Les caractères Kanji inscrits dessus avaient changé.

- Ce n’est pas grand-chose. Il devait me protéger de certaines actions, mais ne peut plus marcher. A présent, il servira juste à protéger ton âme, bien qu’il ne faille pas croire qu’il est plus puissant que quelqu’un comme Hao.

Cela t’aidera peut-être, Yoh.
Du moins, je l’espère…
Hao wa akuma…
Iie.
Hao wa…
Ano kuroi tenshi.

- A… Arigato.

Le jeune Shaman aux cheveux bruns accrocha le collier à son cou, puis sourit à la brune.

- Je suis prêt.
- Ike ?
- Hai.

Et ils se remirent à courir.

Chapitre 25 : Aku no chikara

Last fight…
On a plus le choix alors…
…
Hao…
…

Yoh et Sayo couraient sur la lande. Opachô, ballotté sur les épaules de la jeune fille, attira son attention avant de lancer, fort, pour être sûr qu’elle l’entendait :

- … Yoh-sama et Sayo-sama n’avoir pourtant pas besoin de se dépêcher. Hao-sama les attendre.
- … Qu’est ce que… Tu veux dire ?
- Hao-sama les attendre. Hao-sama vouloir se battre contre Yoh-sama et Sayo-sama.
- … Ah.
- … Sayo…
- Oui, Yoh ?

Que veut-il ?
…
Raah…
On a pas le temps…

Le Shaman aux cheveux courts la fixa un instant, puis releva la tête vers le Great Spirit.

Bon sang, Yoh…
Dépêche-toi donc de poser ta question…

- …Non, rien.
- … Yoh.

Kono baka Asakura.
Faut-il donc toujours tout leur expliquer ?

Elle s’arrêta brusquement.

- Si tu as quelque chose à dire, c’est maintenant. Si tu ne me fais pas confiance, on y arrivera pas.
- … Soit.

Il s’arrêta lui aussi, et fixa la grande Dragonne de ses grands yeux bruns. Elle attendit.

- Que ressens-tu pour mon frère ?
- … !

Yoh…
Je…

Sayo eut un sursaut intérieur et détourna la tête vers le Great Spirit, clignant des yeux. Il attendit à son tour, et lui saisit le bras, avant de reprendre :

- Tu disais qu’il fallait avoir confiance l’un en l’autre ! Alors, Sayo, sincèrement. Hao ?

Je…
Hao…
Ce que je ressens…
Pour lui ?
…
Je…

- … Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Je n’ai jamais vraiment su, pour ce cher Hao. Content ?

Yoh se gratta un instant la tête avant de sourire bêtement et de reprendre, plus calme :

- … So ka. Dans ce cas… Alors… Toi aussi… Toi aussi, tu veux le sauver, pas vrai ?

Le…
Sauver…
C’est ce que j’ai dit…
Je voulais le sauver…
Et maintenant ?
Je…
…

- … Si on veut. Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas que quelqu’un meure dans ce Shaman Fight. Trop ont déjà péri. Sinon, j’ai une autre question, Yoh.
- Oui ?
- Hao… Avant que j’arrive, s’est-il intéressé de près à Anna ?
- … Je crois qu’il l’a croisée une ou deux fois, et qu’en effet, il n’a pas eu l’air de ne pas avoir d’intérêt en elle.
- … Bien ce que je pensais.
- C'est-à-dire ?
- Yoh, tu es amoureux d’Anna.

Il sourit et lança un regard d’incompréhension :

- Oui, et ?
- Tu es le jumeau de Hao. Normalement, votre lien devrait être moins fort que ça, mais j’imagine qu’il est amplifié par le fait que vous êtes Shamans et qu’il est aussi puissant.

N’ayant peut-être même pas conscience de se répéter, le jeune Asakura redemanda :

- Oui, et ?
- Son intérêt pour Anna n’est que le reflet de l’amour que tu ressens pour elle. Quand à moi, si tu as voulu m’inviter au bal, c’est parce que tu ressentais le reflet de l’intérêt qu’il semble m’apporter.
- … Intérêt ? Tu pense que ce n’est que ça ?
- … J’espère.

Plus ou moins souriante, Sayo dépassa Yoh. Puis se retourna et tendit la main vers le jeune Asakura :

- Cette fois, il faut y aller.
- … Très bien. Alors allons-y.

Reprenant leur course folle, ils continuèrent de se rapprocher du Great Spirit.
Hao les attendait.
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- Bienvenue, Yoh, Sayo.
- Hao-samaaaa !
- Bienvenue, petit Opachô.
- … Hao.

Sayo Ryûku et Yoh Asakura fixaient le Shaman Millénaire dans les yeux. Celui-ci, un sourire aux lèvres, alternait les regards vers la brune et vers son petit frère. Il ne semblait pas effrayé par les yeux noirs de la grande Dragonne.
Au contraire, il laissa tomber un grand sourire amusé.

- Vous êtes toujours décidés à vous battre ?
- Plus que jamais. J’ai un poing qui me démange à ta vue, Hao, depuis quelques temps.
- Jolie prétention, Sayo. Cependant, je doute fort que ton poing obtienne satisfaction.
- Calme-toi, Sayo.
- Je suis calme.

Mais tout ce qu’il a fait…
Mérite punition.
Jeanne avait peut-être raison…
…
Non.
La pire punition pour Hao…
Serait de vivre, normalement.

- Etranges pensées, Sayo. Que veux-tu dire ?
- Ce que je veux dire ne concerne que moi.
- Je vois… A part cela… C’est bien joli de venir vous battre à deux. Mais vos… Amis, que pensez-vous qu’ils vont devenir ?
- Que veux-tu qu’ils deviennent ? Ils vivront et nous rejoindront. Ils sont forts.

Hao leva les sourcils.

- En es-tu tout à fait sûr, Yoh ?
- Il a raison d’y croire. Ni Rackist ni personne ne peuvent arrêter une Anna en furie, n’est ce pas ?

Hao sourit, mais le ton froid de Sayo semblait l’avoir rammené à des choses plus sérieuses et il reprit :

- Alors il est temps que nous ne fassions plus qu’un, Yoh… J’ai hâte de devenir le Shaman King.
- Dans tes rêves. Yoh restera Yoh.
- Quel sens de la répartie…
- Tu m’ennuie.

Sayo sortit son épée, appela Amaya, et sourit. Yoh fit de même avec Amidamaru.

- Amaya, Over Soul in… Amaya no Raito !
- Amidamaru ! Spirit of Sword!

S’étant armé chacun d’une longue épée Over Soul, ils virent Hao faire de même.

Une épée ?
…
Intéressant.

- Yoh ?
- Mmh ?
- Bonne chance.

Elle s’élança contre le Shaman Millénaire. Yoh fit de même. Celui-ci les contra d’un seul geste, puis les renvoya chacun à quelques mètres de lui. Sayo se retint avec sa main, accrochée solidement au sol, et ne laissa aucun répit à Hao, qui pourtant ne semblait pas faiblir. Yoh n’était pas en reste.

Une nouvelle fois, les épées Over Soul s’entrechoquèrent. Malgré tout ce qu’ils auraient pu dire, il était évident qu’Hao avait l’avantage. Seul, son épée obligeait Yoh et Sayo à se protéger, alors qu’ils étaient deux. Il n’était pas en train de perdre.

Il était même en train de gagner.

Non !
On va y arriver.
Je sais qu’on est capable…

- Tu crois vraiment ?

Soudain, les deux Over Soul s’abattirent contre celui de Hao, et ne bougèrent plus. C’était désormais un bras de fer entre le Shaman Millénaire, la Dragonne et l’Asakura.

Sayo remarqua que l’épée de son adversaire ne tremblait pas, alors qu’il ne la tenait que d’une seule main, contrairement à Yoh et elle. Concentrée sur l’arme, elle ne vit qu’au dernier moment le rictus triomphant du Shaman aux cheveux longs.

- Attention !

Elle se projeta elle-même en arrière. Yoh n’eut pas sa chance et se reçut en plein ventre le coup de pied de son ainé. Il alla heurter une colonne de plein fouet.

Sayo posa le genou à terre, le souffle coupé. Son empathie se manifestait de nouveau. Elle se mordit la lèvre et se releva, reprenant une posture de combat.

- Alors ? Qui va battre l’autre, Sayo ?
- … A ton avis ?

Je ne peux pas perdre.
Je l’ai promis…
Aï…
Toma…
Je ne vais pas perdre devant eux.
Je vais y arriver !

Elle voulut se précipiter sur lui, mais il avait déjà changé d’Over Soul. La lourde poigne de Spirit of Fire se referma sur elle, l’obligeant à lâcher son épée et perdre tout moyen de défense.

Amaya !

- Argh…
- A mon avis, tu es bien partie pour mourir ici.
- … Jamais…
- Ne dis jamais jamais…

Spirit of Fire resserra encore sa prise autour de la jeune fille brune, bloquant son cri dans sa gorge. Hao eut un mauvais sourire. Ouvrant péniblement les yeux, elle distingua les flammes dans le regard de son pire ennemi.

- … Le jeu se finit ici et maintenant, Sayo.

AMAYA !

Et Hao, par l’intermédiaire de son Over Soul, l’envoya s’écraser contre le sol.
La tête de Sayo heurta violemment les dalles de pierre.
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- Hao…
- Enfin réveillé, Otôto ?
- Sayo !

Yoh se releva d’un coup, les yeux grands ouverts devant le corps inanimé de la brune. Après une poignée de secondes passées à se demander si elle allait bien, il referma sa prise autour de son Over Soul.

- Amidamaru !

Le combat reprit de plus belle. Yoh était fatigué, mais Hao ne semblait pas faiblir.

- Alors, tu es toujours aussi sûr de ta victoire ?
- … Toujours !
- … Chichee na.
- Arrête ça… Arrête ça, Hao ! Personne… Personne n’est pitoyable à part toi, ici !

Se précipitant sur son grand frère, il tenta de nouveau de placer un coup puissant, mais le pied de Hao l’attendait déjà. Le corps déjà bien atteint de Yoh lâcha prise et le jeune Asakura sombra de nouveau dans l’inconscience. Hao eut un sourire sans joie, de pur mépris, pour Asakura Yoh.

Le Shaman Millénaire s’approcha lentement et observa le corps de son jeune frère, de sa moitié.

- Boku no Hanshin… Chichee na.

Il leva un sourcil devant les deux colliers qui entouraient le cou de Yoh. Le premier, Hao le reconnut aisément –il l’avait lui-même donné à Matamune mille ans auparavant. L’autre aussi, il le connaissait. C’était le collier de Sayo, mais les caractères semblaient avoir changé. C’était désormais une protection, ridiculement faible pour lui, destinée à sauver une âme. Sans doute l’explosion de pouvoir qu’il avait perçue le matin même. Mais si elle l’avait gardé… Et non.

Elle l’avait donné à Yoh.
A Yoh.
…

Il saisit brusquement le collier et l’envoya au loin. Le bruit du pendentif contre la pierre résonna longuement. Le Shaman Millénaire prit Yoh par les cheveux, l’amena à sa hauteur.

Lui arracha son âme.

Il avait gagné.
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- Aï…
- Je sais.
- … Ils vont vraiment y arriver ?
- … Je ne vois pas.
- … Aï ?
- … Toma. Je ne voix pas leur avenir. Avant, je me serais réjouie. Maintenant…
- Maintenant…
- … Espérons.
- Oui.

Les deux âmes, main dans la main, continuèrent silencieusement d’observer le monde.

Le Great Spirit fit de même.

Chapitre 26 : Kuroi Tenshi datte, nakuko to wo shitteiru

- Sayo! Sayo!

Les voix résonnaient dans le crâne de la jeune fille inconsciente. Elle s’étonna d’être en vie. Elle était presque sûr que Spirit of Fire lui avait fracassé le crâne contre la pierre du sol.

Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai bien l’impression que tout cette descente aux Enfers n’est pas terminée.
…
Maah…
Mal à la tête…

Elle ne bougeait pas. Elle avait mal partout, et allait probablement bientôt mourir. Tant pis pour Hao, Yoh et les autres. Sayo Ryûku avait décidé d’abandonner la bataille.

- Sayo-san !
- Sayo…

Encore ces voix…
Ne se rendent-elles pas compte que je ne veux pas répondre, que je veux juste mourir ?
Bon sang…
Aï…
Toma…
Je suis…
Désolée.
Je n’ai pas eu le choix…
J’étais trop faible.
Attendez-moi…

Elle ne bougeait toujours pas. Elle ne voulait pas bouger. Elle n’avait pas si mal à la tête, tout compte fait.

Elle se sentait même plutôt bien.

Je…
Est-ce que…
Pourquoi est ce que je n’ai plus mal ?
J’allais mourir…
Si c’est ça mourir…
Eh ben…
Je préfère ça que vivre…

- Sayo, bon sang, réveille-toi !
- Poil au doigt !
- KISAMA !

Ces voix…
Horo, Choco, Ren…
Désolée, vous trois…

- Sayo…

Jeanne, merci…
Salut…

- Yoh est… Sayo, Yoh est mort.

…
Anna.
…
Comment ?
Yoh…
Comment c’est possible ?
Quoi que…
Hao…
…
Je devrais les aider…

Elle ouvrit les yeux et se redressa, hébétée. Sa tête, qui aurait dû être en miettes après que Spirit of Fire ait joué avec, était parfaitement en place. Elle était bien, n’avait mal nulle part.
Comment cela pouvait-il être possible ?

Puis elle vit Jeanne et Saati. Et comprit.

Technique de résurrection.
J’aurais dû m’en douter.
Mais…

Elle se releva lentement, et regarda tour à tour ceux qui étaient présents. Ils avaient bien vaincu les troupes d’Hao. Elle aurait voulu sourire, mais la mort de Yoh l’affectait.
Beaucoup.
Il était son ami.

- Je…
- Comment… As-tu… Pu ?

Avant de comprendre le moindre commencement de raisonnement clair, Sayo expérimenta la « gifle made in Anna » puissance dix mille. Elle vacilla et recula d’un pas sous le choc, pas plus. Relevant les yeux, elle croisa le regard d’Anna.
L’autre n’était que douleur.

- Tu l’as laissé faire ! Tu l’as laissé tuer Yoh ! Je n’aurais jamais dû te faire confiance… Tu l’a laissé le tuer !
- … Anna.

Sayo bloqua la seconde gifle de la blonde.

- … Je sais où commence ma responsabilité. Sans Jeanne et Saati, je serais morte, maintenant. Je peux te dire que je me suis battue de toutes mes forces. Mais il faut se rendre à l’évidence : Sayo Ryûku, la pauvre petite Dragonne, ne vaut rien face au Shaman Millénaire, ennemi Shamanique numéro 1.
- Je…
- Sayo… On a plus le temps de se poser des questions.

Se détournant d’Anna, les yeux sombres de Sayo croisèrent ceux, remplis de résignation, de Jeanne.

- Après t’avoir ressuscitée, je me retrouve sans aucun fouryoku. Saati et les Gandharas savent ne pas être assez puissants. Tao Ren et les autres sont épuisés. Après vérification, tu es la moins fatiguée et la plus puissante d’entre nous en ce moment.
- …
- Sayo, tu es la seule à pouvoir faire quelque chose. Si quelqu’un est capable de convaincre Hao qu’il se trompe, je pense que c’est bien toi. Nous te laissons le choix. Mais…
- Mais je n’ai pas le choix. Soit j’y vais, soit il a gagné et on a tous perdu. C’est bien ça ?
- Oui.

Sayo prit une profonde inspiration et se tourna vers le Great Spirit. Hao avait disparu.

- Où est-il ?
- Il a contourné le Great Spirit pour prendre le chemin normal. Le chemin du Shaman King.
- … A ce que j’en peux voir, il y a des vents sacrément violents là-haut. Je ne pourrais pas résister, même avec Amaya. Cela implique donc que j’apprenne à maîtriser l’air.
- … Oui.
- …

Je ne sais pas ce que je perdrais.
Qu’est ce qui est le plus important pour moi ?
Je…
Je ne sais pas.
…
Je ne peux pas refuser juste à cause de ça.
Ce serait égoïste.

- … Dans ce cas, je n’ai pas vraiment le choix.
- …
- … Mais un simple Over Soul ne sera sans doute pas suffisant, pas face à Hao, intervint Anna.
- … Que proposes-tu ?
- Je ne sais pas. Je…
- C’est bon, Anna. Je me débrouillerais. Bon… Amaya ! Over Soul… RYU NO KO !

Cet Over Soul, qu’elle n’utilisait que très peu, était un Over Soul type Kobakû. Le genre d’Over Soul qui demandait beaucoup de fouryoku, mais qui serait nécessaire pour résister à l’air.
Alors qu’elle allait s’envoler, un hurlement inhumain retentit. Un hurlement animal.

Elle se figea et se retourna vers la lande. Elle connaissait cette « voix ». Elle la connaissait très bien.

Doucement, il arriva. Le loup. Ou plutôt son fantôme. Sur le côté de sa tête, on pouvait observer une quantité effarante de sang à moitié coagulé. Le fantôme se dirigea aussitôt vers la jeune fille en Over Soul, qui s’agenouilla et frôla du bout des doigts l’esprit de l’animal. Il était mort. Le comment était évident : Un participant du Shaman Fight ou bien un Pache l’avait tué.

Le loup la regardait avec dans les yeux une sorte d’appréhension doublée d’une fermeté insondable.
« Je suis venu parce que tu as besoin de moi. »
Voila ce que lisait Sayo dans son regard.

- … Merci.

Elle se releva, et, transformant l’esprit en une sphère blanche au creux de sa main, elle commença un double transfert d’Over Soul.

- Amaya to Inuyami in… RYU NO MUSUME !

Son Over Soul se complexifia. Au lieu de ne lui entourer que le torse, il était désormais une sorte d’amure à lui tout seul. Les avant-bras de Sayo étaient recouverts d’une sorte de carapace bleutée et ses mains se prolongeaient en de courtes griffes. Son dos était recouvert d’une protection semblable, d’où sortaient deux ailes semblables à celles d’Amaya sous sa forme de Dragon.
Elle était tout simplement effrayante. Elle était tout simplement une Dragonne Guerrière.

- … Anna ?
- … Oui ?
- Je te promets que je te ramènerai Yoh.

Et elle s’envola au creux des trombes d’air. Elle s’éleva rapidement dans les airs, et fut immédiatement ballotée par de puissants courants ascendants. Si elle se laissait porter, elle risquait de voler jusque beaucoup trop haut pour l’oxygène dont elle avait besoin. Ces courants lui interdisaient l’accès à l’autre versant de l’esprit des esprits. Et ils étaient terriblement puissants.

Elle reprit péniblement son souffle et s’obligea à faire du surplace. Elle devait maîtriser ces courants. Elle le devait, pour Yoh, pour les autres, pour Hao, pour elle-même…
Et pour Aï et Toma.
Elle se raccrocha à ce devoir avec toute sa force. Si Hao devenait Shaman King, ils étaient perdus. Elle devait empêcher Hao de gagner le Great Spirit. Et pour cela, elle devait le rejoindre.

Elle le devait.

Elle le devait.

Mais l’air ne lui obéissait pas. Elle se fit projeter jusqu’aux nuages, et suffoqua immédiatement. Elle fit de son mieux pour redescendre jusqu’à un endroit où l’atmosphère était respirable.

Gobosei…
Air…
Air !
C’est pas vrai…
Je dois y arriver…
Pour eux tous…

Soulevée une fois de plus, bien trop haut, elle se remit à suffoquer. Devant ses yeux, des points noirs dansaient. Un bref instant, elle les vit tous, tous ceux qu’elle voulait sauver.

Je dois…
Je dois le faire…
Bon sang…
Mina…
AIR !
…
KÛKI !

Inconsciemment, elle tendit les mains, comme pour se protéger du vent puissant, et hurla. Et cela marcha.

Soudainement, le vent s’inversa. Attirée vers le bas, elle finit par se stabiliser. Elle sentait toujours le vent, mais il ne la concernait plus. Il l’entourait, et elle pouvait le sentir, mais elle pouvait aussi y résister. Elle avait réussi.

A quel prix ?

Elle n’avait plus le temps de s’en soucier. Elle accéléra et contourna l’immense masse du Great Spirit. Cependant, malgré sa récente maîtrise de l’air, elle se retrouva à environ une centaine de mètres de l’esprit des esprits, comme si celui-ci obligeait tous ceux qui voudraient l’approcher à emprunter une certaine voie. Devant elle s’étendait désormais un long sentier. Presque au bout, elle pouvait voir Hao, qui marchait, sans se presser. Elle atterrit sur les dalles du sentier, et ne put s’empêcher de penser à voix haute, sous les regards d’Amaya et du loup.

- Qu’est ce qu’il… Attend ? Nee, Amaya… Je ne sais pas ce qui va se passer. Mais… J’ai adoré le fait que tu sois mon esprit. Alors, vu le point où l’on en est… Qui es-tu ?
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- L’identité d’un Dragon est censé être un grand secret. Il n’est révélé par le Dragon qu’à l’approche de la mort de son partenaire. Cependant, si ce partenaire le demande, le Dragon peut lui révéler, mais cela présente le risque que leur lien ne disparaisse et que la personne se retrouve sans esprit.

Sayo, du haut de ses quatre ans, leva alors la main pour la première fois de l’année. Le professeur, qui ne savait jamais son nom en raison de son silence perpétuel, demanda :

- … Oui, euh…
- Sayo.
- Oui, Sayo ?
- Pourquoi les Dragons ne peuvent dire leur identité sans briser leur lien ?
- Parce qu’un Dragon est toujours relié à son autre, qu’il le souhaite ou non, et qu’un autre nom que le sien ne lui convient pas.
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Ce que demandait Sayo fit sourire Amaya, en même temps qu’elle se rappelait tout ce qui était normalement interdit et que sa jeune Shamane avait transgressé.

- Tu le sais.
- ...?
- Tu as tué ton père, qui avait assassiné ta mère, à l’âge de deux ans. Le Gobosei s’est éveillé en toi à ce moment là. Je suis apparue un an après. Les Dragons prennent un an avant de se transformer. Tu sais qui je suis.
- … Oka… Oka-san ?
- Oui.
- …

Sayo aurait tout donné pour avoir plus de temps et discuter avec sa mère. Elle lui en voulait même terriblement de ne pas lui avoir tout raconté avant. Mais le temps pressait.

- On va devoir y aller, c’est ça ?
- Oui, Sayo-chan.
- … Arigato, Oka-san.

Elle fonça en courant sur le chemin. Ses pas ne faisaient pas un bruit, et elle accéléra en voyant qu’elle n’avait plus le temps. Elle finit par user du Fûmon Tonko, se retrouvant juste entre Hao et le Great Spirit. Elle, haletante, planta son regard dans celui, surpris mais néanmoins flamboyant, du Shaman Millénaire.

- … Tu es… Encore vivante… Sayo.

…
Pas de joie dans cette voix…
Pas de colère non plus…
Que peut-il ressentir ?

- Oui. Hao… Je suis désolée. Je n’ai pas le choix. Je… Je voulais te dire que…

Le sauver…
Je dois…
Je dois tout lui dire maintenant…
Je dois le sauver…
Mais…

Il continuait de la fixer, et son visage ne laissait échapper aucun signe de haine, de joie ou d’étonnement. Il attendait qu’elle finisse sa phrase, tout simplement.
Mais elle n’en avait pas la force. Alors elle fit juste un pas en arrière, entrant dans le Great Spirit.

S’il avait eu la force de sentir les pensées de Sayo, il aurait sûrement compris. Mais il ne possédait plus cette force.
Où plutôt, elle était désormais assez forte pour lui fermer son esprit, même à lui.

Je voulais te dire que je te remercie.
Hao…
Suki desu.

Chapitre 27 : The world that I want

Hao restait figé, la main tendue vers l’endroit où s’était trouvée Sayo à peine un instant auparavant. La jeune fille avait…
Avait quoi exactement ?
Lui avait volé sa place de Shaman King.
Elle l’avait devancé.
Elle avait fait ce qu’il n’aurait jamais pensé qu’elle fasse. Elle avait osé le faire.

Comme un robot, il fit un pas en avant, comme pour entrer dans le Great Spirit. Son poing se referma.
Et une main semblable à la sienne s’abattit sur son bras, l’empêchant d’aller plus loin.
Il tourna la tête en un éclair.
Yoh.
Encore vivant.

- Comment… ?
- Je ne sais pas.

Hao le fixa un instant, puis tenta de se dégager, mais son frère resserra la prise autour de son bras.

- Je ne sais pas pourquoi je suis de retour. Je t’assure que je n’en sais rien !Je sais juste que… Hao. Personne n’a jamais fait ce que tu t’apprêtais à faire. Personne ne sait ce qui vous arriverait si tu entre dans le Great Spirit en même temps qu’elle. Peut-être que seul l’un de vous survivra. Peut-être que vous seriez tous les deux saufs, ou que vous mourrez tous deux. Prendras-tu le risque de mourir ? Prendras-tu le risque qu’elle, elle meure ?
- … Pourquoi est ce que j’en aurais quelque chose à faire, d’elle, Otôto ? Je te l’ai déjà dit. Elle m’est indifférente.

Yoh serra son poing libre. Croisant le regard froid et moqueur de son grand frère, il ne put se retenir, et envoya son poing dans la délicate mâchoire du Shaman Millénaire.
Celui-ci, éberlué, valdingua au sol avant de se redresser sur un coude, complètement surpris du geste de son « frère ». Il ne s’attendait pas à une attaque de ce genre.

- … Arrête de te voiler la face, reprit le cadet des Asakura. Elle me l’a fait remarquer. On est pas jumeaux pour rien, Hao. Tout ce que tu ressens, je le ressens comme un écho, et toi pareil. Tu ressens quelque chose pour elle, comme moi je ressens quelque chose pour Anna. On est liés. Que tu le veuilles ou non.
- Et alors ?
- Hao… Elle vient de te sauver.

Le Shaman Millénaire se releva, un rictus ironique et amer plaqué sur le visage :

- De sauver ses amis, oui. Tu ne comprends pas, Yoh ? Elle t’a ramené dans ton corps. Elle a protégé ceux qui sont encore là-bas, de l’autre côté du Great Spirit. Elle a sauvé tous les non-Shamans du monde entier. Elle va sauver son frère et sa sœur. Tout ce qu’elle fait, c’est pour vous. Pas pour moi.
- … T’es vraiment aveugle, ma parole !

Yoh se retint de frapper une nouvelle fois son frère, et se contenta de serrer encore plus ses poings.

- Tu l’as pas vue, ou quoi ? Je me suis réveillé exactement quand elle est entrée dans le Great Spirit. Avant, j’étais avec toi. Je l’ai vue. Elle ne pleurait pas, mais ses yeux… J’étais en toi. J’ai vu tout ce que tu as subi dans ta première vie. Et… Je sais que tu dois avoir du mal à te rendre compte que tu n’es pas tout seul. Opachô t’aime bien. Et toi aussi, tu l’aimes bien. Et pourtant, tu m’as déjà dit ne jamais avoir rien ressenti pour les humains. Et là, c’est pareil. Sayo… Tu es toujours derrière elle, prêt à l’empécher de se tuer, à la rendre plus forte… Sans toi, elle serait morte. Elle t’aime. Tu ne t’en rends donc même pas compte ? Toi, le Shaman Millénaire qui lit dans les pensées ?
- … Là, tout de suite. Quand elle était devant moi. Je n’arrivais pas à lire dans ses pensées.
- Qu’est ce que tu veux dire ?
- Qu’elle avait fermé son esprit.
- …

Yoh regarda pensivement le Great Spirit. Hao, lui, s’assit sur un rocher et croisa les bras.

- Je l’attendrai.
- … Tu veux que je reste ?
- … Non.
- … D’accord.

Et Asakura Yoh s’éloigna, tranquille, de son grand frère. Qui, lui, attendrait Sayo.
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J’étouffe…
J’ai mal à la gorge…
J’ai l’étrange de drôle d’impression d’être de nouveau dans l’eau de ce jour là…
Sauf que j’ai pas de terre pour me sauver.
Alors…
C’est ça…
Le Great Spirit ?
Cet amas de couleurs…
D’âmes…
Argh…
Je n’arrive plus à respirer…
J’ai mal…
Je…

Soudain, sa chute dans ce qu’elle pensait être de l’eau s’arrêta. Elle sentit ses pieds toucher lentement le sol. Désorientée, elle tourna la tête dans plusieurs directions. Elle était seule, dans une sorte d’immense désert rouge. Un léger vent, empli de poussière écarlate, lui cinglait les jambes. Elle leva la tête. En guise de ciel, elle voyait uniquement une sorte de smog orangé.
Cet endroit sentait la mort à plein nez. Cela ne ressemblait pas à l’idée qu’elle s’était faite du Great Spirit.

Puis, ils furent là. Tous. D’Opachô à Manta, en passant par Yoh, Jeanne, Marco, Matilda, Kanna…
Aï et Toma aussi.
Tous sauf lui, en fait. Ils semblaient souriants. Près d’eux, il y avait aussi leurs fantômes, et le sien. Amaya, Aya, Amidamaru, les esprits des X-Laws, ceux des Hanagumi, Tsukigumi, de Rackist et d’Opachô, des cinq soldats…
Puis ils lui firent un signe de la main, et se détournèrent, partant dans le désert.

Les yeux de Sayo s’agrandirent. Elle voulut les appeler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. La grande brune tenta d’avancer, mais ses pieds ne répondaient pas. Elle les vit s’éloigner, comme dans un cauchemar, sans pouvoir rien y faire.

Alors…
C’est ça, l’air…
Les souvenirs que j’ai…
Que j’ai d’eux ?
Non…
Je ne veux pas…
Non…

Elle fut, de nouveau, seule.

Cependant, un bruit derrière elle l’incita à se retourner, et elle le découvrit. Il était là, comme s’il l’avait toujours attendue. Il était là, Spirit of Fire derrière lui.

- Hao…

Puis lui aussi sourit, d’un sourire triste que Sayo ne lui avait jamais vu. Il fit lui aussi un geste de la main, se retourna, et commença à s’éloigner lentement.

Cette fois-ci, elle réussit à faire un pas dans sa direction, à hurler son nom. Il ne sembla même pas l’entendre. Les yeux de Sayo virèrent au noir. Elle hurla de plus belle. Il ne l’entendit toujours pas. Elle s’effondra au sol, sans avoir fait plus d’un pas en avant. Se redressant sur un bras, elle le vit disparaitre.

Non…
Ce ne sont pas mes souvenirs…
Ce que je vais perdre…
C’est…
Non…
Pas ça…
Mes…

Elle se releva. Regarda ses mains.

Mes sentiments.
Je ne…
Je ne ressens plus rien !
Pour eux…
Pour lui…

Elle aurait voulu pleurer, mais elle n’y arrivait pas. Elle ne se sentait même pas triste. Cela l’indifférait totalement. Elle ne ressentait plus rien du tout.

Elle serra les poings. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Comment pouvait-elle aider ses amis et le reste du monde si elle ne ressentait rien pour eux ? Ni compassion, ni haine, ni amour ? Comment devait-elle être Shaman Queen ?

- Kimi wa kayowai.

Entendant une voix lui parler en sa langue natale, Sayo releva brusquement la tête. Une fille la regardait, souriant d’un sourire ironique que n’aurait pas dédaigné Hao lui-même.
Une fille…
Non. Un double d’elle-même.
La fille lui ressemblait en tous points. Les mêmes yeux violets, les mêmes cheveux bruns, la même tenue de combat…

- Qu’est ce que… ?
- Qui es-tu ?
- …

Je vois.
Encore un test.

- Moi-même.
- Qui es-tu ?
- Sayo Ryûku.
- Qui es-tu ?
- Saigo no Ryû.
- Qui es-tu ?
- Une participante du Shaman Fight.
- Qui es-tu ?
- Celle qui maîtrise entièrement le Gobosei.
- Qui es-tu ?
- Celle qui a perdu ses sentiments.
- Qui es-tu ?
- Celle qui aime Hao Asakura.

Son double eut un rictus mauvais. Sayo, elle, la regarda avec indifférence. Elle n’avait pas peur. Elle n’était pas impressionnée, ou surprise. Elle ne ressentait rien. C’était tout.

- Qui est-il ?
- Hao Asakura.
- Qui est-il ?
- Le Shaman Millénaire.
- Qui est-il ?
- Celui qui a décimé mon peuple, il y a cinq cents ans.

Le double observa longuement Sayo avant d’ajouter, d’une voix pleine de mépris :

- Tu es pareille à lui.
- …

La réplique de la grande brune lui sourit. Mais ce sourire n’appartenait pas à la Dragonne. C’était un sourire sadique, mauvais, qui n’existait que parce qu’il faisait souffrir :

- Ce jour là. Quand tu as tué de nouveau. Ton bras était son bras, tes pensées étaient ses pensées, ta voix était sa voix. En toi-même, tu étais pareille à Hao Asakura.
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- Tu es transparent, Peyote. C’est énervant.
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- … C’est vrai.

A ce moment là, c’est vrai.
J’étais comme lui.
J’ai tué Peyote.
Je…

Tout d’un coup, ledit double fit un geste de la main. Les cinq Soldats, plus Hao, étaient allongés dans l’herbe, sans doute inconscients. Sayo haussa les sourcils.

Encore un test.

- Montre-toi digne d’être la Shaman Queen. Ces personnes sont un risque. Choisis. Si tu ne les tue pas, tu n’es pas digne d’être Shaman Queen, puisque tu préfère la vie de six personnes à l’ensemble de la population mondiale.
- …

Sayo regarda pensivement les six personnes étendues là. Un risque. Sûrement. Une menace ? Sûrement pas.

Je…
Sais…
Que…

- Je sais que je ne les tuerai pas.
- … Ah oui ?
- Oui. Si je veux être la Shaman Queen, c’est pour aider les autres. Shamans comme non-Shamans. Tuer ceux là ne change rien. Ils sont morts. Leurs proches sont en peine. Je n’ai pas réussi à les aider. Je ne mérite pas d’être Shaman Queen. Si je ne les tue pas, au contraire, et que je fais d’eux des gens heureux, alors, oui, je serais contente. J’aurais rempli mon rôle. Voila ce que je pense.
- … Tu abandonne donc ton rêve, l’idée de devenir la reine des Shamans ne te plait plus ?
- Si le rôle du Shaman King ou de la Shaman Queen est de tuer les Shamans parce qu’ils sont un « risque », alors je ne veux pas être celui-là. Je ne suis pas comme ça.

Le double s’approcha de Sayo. L’autre la regarda, impassible. Paisible. Elle n’avait rien à perdre.
Tout à gagner.

Soudain, son double… Eclata de rire. Puis la regarda de nouveau, sans plus aucune animosité.

- Si on m’avait dit que la nouvelle Shaman Queen serait de cette trempe… Je n’y aurais pas cru.
- … Qui es-tu ?
- Moi-même.
- … Qui es-tu ?
- Ton autre toi.
- … Qui es-tu ?
- Le Great Spirit, pardi.

Great…
Spirit.
Au fond, face à cet esprit, j’ai toujours la même réaction.
Boku no baka…

Sayo regarda l’esprit qui se tenait devant elle. Elle ne ressentait aucune surprise, aucun sentiment. De l’indifférence.
Elle ne sentait plus rien.

Je ne suis bonne à rien.
Je ne peux pas les aider.
Comment aider quelqu’un, même son frère le plus proche, sans rien ressentir pour cette même personne ?
Mes beaux discours ne sont que du flan.
Je ne suis rien, à présent.

- J’ai réfléchi, Shaman Queen. A ton avis, qui rend possible la grande technique du Gobosei ?
- … Le Great Spirit.
- Et qui dirige le choix, qui choisit ce que perd l’individu quand il augmente son pouvoir ?
- … Le Great Spirit.
- Te faire perdre tes sentiments était le seul moyen que je possédais pour être sûr que tout irait bien. Tu es unique, Sayo. Tu es la seule qui pouvait toucher Hao. Déjà à ta naissance, tu y étais destinée. Mais maintenant, je pense que, pour être une bonne Shaman Queen, tu as besoin de tes précieux sentiments.
- … ?
- Et je vais donc te les rendre.
- … Cela ne suit pas les règles.
- Qui s’en soucie encore ?

Le double sourit, puis se dématérialisa. Sayo ne bougea pas. Puis elle leva la tête. Le désert avait disparu, laissant place à une forêt et une cascade. La nature.
La vie.

Elle sourit.

- Kono baka Great Spirit…

Un arc-en-ciel vint la frapper en plein cœur.
Et Ryûku Sayo, Dragonne aux longs cheveux bruns, sentit qu’une porte s’ouvrait devant elle.
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Hao attendait.
Depuis…
Quelques heures.
Non.
En fait…
Il attendait depuis bien plus longtemps.
Plus de mille ans…

Soudainement, il vit le Great Spirit chatoyer de millions de couleurs différentes, au lieu de son habituel éclat bleuté. Le Shaman Millénaire se leva.

Sayo sortit soudain du Great Spirit, sans forces. Hao arriva juste à temps pour la rattraper.

Elle le regarda.

Sourit.

- Suki desu, baka no Asakura.
- … Je ne suis pas un Asakura.
- … Donc, tu ne nies pas le baka.

Il écarquilla les yeux.
Elle sourit encore, puis s’évanouit pour de bon dans les bras du Shaman aux longs cheveux bruns.

Oui.
C’est ça, le monde que je veux.
Un monde sans guerres, avec une forêt, et une source, et surtout un immense arc-en-ciel…
Et en dessous, tout le monde.
Oui.
Tout le monde.
Mina…
I’m back.
The new Queen is awake.

The world that I want: Le monde que je veux
Kimi wa kayowai: Tu es faible
Kono baka Great Spirit: Quel supide Great Spirit
Suki desu, baka no Asakura: Je t'aime, idiot d'Asakura

Chapitre 28: The new Queen is awake

- Sayo?
- …

Sayo ouvrit péniblement les yeux et releva la tête. Hao avait passé son bras au dessus de ses propres épaules, et la portait à moitié, avançant sur les marches du chemin. Quand elle fut complètement consciente, elle cessa de se faire porter et commença à marcher, encore trop faible cependant pour qu’il la lâche.

Hao…
Tu es resté…
Avec moi.
Merci.

- … Je croyais que tu allais me détester. Je t’ai quand même détruit ton rêve.
- … Ce genre de discours, tu te les garde. Ce n’est pas du tout comme ça qu’il faut raisonner, Sayo. Ce qui s’est passé aujourd’hui s’est passé à la suite de plusieurs actions de mon fait. Si je n’avais pas détruit les Dragons à la base, je serai peut-être Shaman King maintenant.
- Peut-être. Mais je ne serais pas la.
- C’est vrai aussi.

Il sourit…
Je ne lui avais jamais vu ce sourire.
Il est beau…
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- Hao… Ka ?
- En effet, c’est moi. Excuse-moi si je ne te dis pas bonjour, Sayo, mais j’ai toujours détesté ce jeu de mots.
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…
Depuis ce jour-là, en fait.
C’est depuis ce jour-là que je l’aime…

Ils continuèrent de marcher ainsi, en silence. Sayo releva la tête à l’approche de l’endroit où devaient se trouver les autres. Hao, l’air sombre, lui demanda :

- Tu veux marcher seule, ou je dois te porter encore ?
- … Si cela te dérange, j’y arriverais bien.
- … Donc, c’est non.

Elle le regarda d’un air étrange, et il sourit, de son mauvais sourire. C’était un moyen de la rassurer, quelque part. Même s’il devait s’humilier devant ses pires ennemis, il ne voulait pas la laisser toute seule si elle n’en était pas capable.
Elle sourit.
Et vit ses amis. Elle fit u grand signe de sa main libre, un sourire aux lèvres, tandis qu’Hao se rembrunissait.

Mina…
Tadaima.

- Sayo !
- Sayo, tu vas bien ?
- Ôte tes sales pattes de Sayo, toi !
- Sayo-san !

Mina…

Une bonne dizaine de personnes leur sautèrent dessus et poussèrent le Shaman Millénaire sur le côté. Entre Manta, qui, du haut de ses dix centimètres, s’extasiait sur le fait qu’elle aille bien, Ren qui pensait tenir Hao en respect avec son arme, ledit Hao qui devait se retenir pour ne pas crâmer l’imprudent, Chocolove qui tentait une plaisanterie foireuse, Horo-Horo dont le ventre grognait, et tous les autres, Sayo sentit soudain une énorme lassitude s’emparer d’elle. En même temps, elle était heureuse de les revoir tous.

- On se calme, tout le monde…
- Alors, c’est vrai ce que Yoh a dit ? Tu es la nouvelle Shaman Queen ? C’est vrai ?
- Tu le mérites !
- Poil à…
- TAIS-TOI ! KISAMAAA !

Sayo sourit doucement en voyant Chocolove coursé par Ren. Ceux-là n’avaient pas changé. La première fois qu’elle les avait vus ensemble, ils se courraient déjà après…
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- Nul ? Répète un peu pour voir !
- Nul, j’ai dit nul.
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Les temps changent, comme on dit, mais certaines choses ne changeront jamais…
Et c’est tant mieux.

Yoh et Anna, suivis de Jeanne et Keiko, arrivèrent enfin jusqu’à Sayo. Elle sourit à la blonde.

- Tu vois, Anna, je te l’avais dit. Je t’ai ramené Yoh.
- Et je t’en remercie.
- D’ailleurs, Yoh, tu aurais du voir ça ! Anna était tellement inquiète qu’elle a…

Le coup de poing d’Anna envoya Horo-Horo bouler au sol. Comme avant, songea Sayo. Elle non plus n’a pas changé.

- … Anna ?
- Yoh, tais-toi. Si tu ne veux pas rejoindre Horo-Horo au sol et me faire cent pompes.
- Anna…

Le Shaman aux cheveux courts recula très lentement, dans la très ferme intention de s’esquiver, mais l’Itako le saisit par l’oreille et continua, le visage fermé :

- Je t’avais dit de te taire. Fais-moi deux cent pompes tout de suite, Yoh Asakura, avant que je m’énerve.

Et Yoh de s’atteler à sa tache, sous les encouragements d’Amidamaru. Amaya éclata de rire, du moins autant qu’un Dragon peut rire.
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- Oui, Anna ?
- Tu ne m’as pas oubliée, j’espère ?
- Euh… Non, du tout, je gardais le meilleur pour la fin. Voici Anna, c’est ma fiancée.
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Sayo sourit.
Hao resta sombre.

- Merci, Sayo.
- Keiko-san… Où est votre mari ?
- Mikihisa a disparu il y a quelques heures. Je ne lui en veux pas. Il n’aime pas rester en place.
- Venez. Je pense que vous devriez faire connaissance avec votre fils ainé, non ?
- Je veux bien, mais…
- Venez !

La saisissant par la main, elle entraina la jeune femme vers le Shaman aux cheveux longs, resté en retrait. Dés qu’il vit avec qui elle arrivait, il tenta de s’esquiver, mais elle le saisit par le col.
Voyant qu’ils restaient tous les deux immobiles, Sayo soupira et donna un coup de coude dans les côtes d’Hao.

- Allez, baka, vas-y.
- Mais…
- Pas de mais.

Bon sang…
Allez, go.

Rougissant intérieurement, le Shaman Millénaire leva les yeux vers sa mère biologique. Celle-ci sourit et ouvrit les bras. Sayo poussa Hao dedans, pestant contre l’impossibilité des Shamans Millénaires à faire les choses les plus simples pour les humains normaux.

- Merci d’être là, Hao.
- … C’est à toi que je dois dire merci, Keiko.
- … S’il te plait ?
- Oui ?
- Appelle-moi maman, comme Yoh.

Les laissant ainsi, elle se retourna, et tomba sur deux grands yeux écarlates.

- Sayo…
- Jeanne.

Le chef des X-Laws sourit à la brune, avant de jeter un regard de biais à Hao, et de soupirer.

- Alors Hao avait raison. Je ne suis bien que la fille bizarre des X-Laws. J’imagine que tu ne le tueras pas ?
- … Jeanne… Ce n’était pas une bonne idée au départ, de la part de Marco et de Rackist. Je sais que tu n’as jamais vécu autrement que pour le tuer. Mais tu vas devoir apprendre.

Gomene.
Une seule personne devient Shaman King, et, pour cela, elle est obligée de briser les rêves des autres...
Gomene, Jeanne.
Depuis le début, je suis injuste envers toi.
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- Tu me surprends.
- Et toi donc. Enfermer les gens, c’est pas bon, très chère, ce n’est pas juste.
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- … J’espère bien. Et tu sais pourquoi, Sayo ?
- … Non ?
- A part avec les jumeaux, tu n’as jamais été aussi rayonnante en face de moi.
- …

…
Honto da ?

Le sourire de la brune s’élargit, mais disparut bien vite.
Les jumeaux… Oui.
Elle devait faire quelque chose pour eux.

- … Yoh ? Je dois ressusciter les jumeaux. On peut rentrer à l’auberge où ils sont ?
- Pas la peine, Sayo, répondit Chocolove à sa place. Jun et Pirika sont revenues après ton départ, avec Mikihisa et Keiko. Ils les ont ramenés ici. Je crois que Faust le leur avait demandé avant qu’on parte.

L’afro pointa de la main Faust, qui veillait avec Elisa sur deux corps, à l’ombre d’un arbre. Dépassant Manta et les autres, Sayo se dirigea le plus rapidement qu’elle pût vers eux, et découvrit que Faust était aidé par un petit garçon qui empêchait quiconque de toucher Aï.
Hao, reconnaissant Opachô, se détacha de Keiko et se dirigea vers lui. Dés qu’il vit son chef, un immense sourire barra le petit visage de l’africain aux yeux noirs :

- Hao-sama !
- … J’ai perdu, Opachô.
- … Non, Hao-sama n’avoir pas perdu. Hao-sama avoir gagné Sayo-sama, Hao-sama n’avoir pas perdu.
- …

Le Shaman Millénaire éclata de rire, tandis qu’Opachô l’observait avec le plus grand sérieux. Hao perdit cependant vite son sourire quand il vit Sayo prendre les enfants dans ses bras, l’un après l’autre, et les porter en plein soleil, sous le Great Spirit, dans l’herbe fraiche.
Il fronça les sourcils.

- … Hao-sama ?
- Attends, Opachô.

Elle leva la tête vers le Great Spirit, semblant attendre quelque chose… Ou quelqu’un.
Même deux quelqu’un.
Et ils vinrent. Deux fantômes presque transparents, bien plus qu’Amaya, Spirit of Fire, Bason ou Amidamaru, mais bien là. Opachô fixa son regard sur Aï, mais Hao, préoccupé, ne s’en aperçut même pas. Il plissa les yeux sur Sayo.
Elle avait dit un énorme fouryoku.
Enorme comment ?
Aurait-elle la force de faire ça ?
Il n’en savait rien, mais il n’y pouvait rien non plus. C’était le combat de la jeune fille. Son rêve.
Il la regarda sourire aux âmes, et les saisir comme n’importe quel fantôme utilisé pour une fusion. Sauf qu’à la place de les faire fusionner en elle, la jeune fille aux cheveux bruns les plongea dans les corps des deux enfants morts.

- Résurrection.

Sa voix n’avait été qu’un murmure. Il observa, fasciné, la lumière jaillir des mains de Sayo. Elle avait les yeux fermés, et entra dans une sorte de transe.
Il sentait qu’elle était inconsciente. Des étincelles bleutées sortaient de ses mains pour frapper les enfants. Comme lorsqu’ils étaient morts, et qu’elle avait tenté de les ressusciter, sauf que les étincelles étaient bien plus grosses et lumineuses.
Hao dut cligner des yeux sous l’afflux de lumière. Puis il eut un sourire triste en voyant qu’Opachô gardait les yeux fixés sur Aï, se détourna, et commença à s’éloigner.

Yoh l’arrêta pour la deuxième fois dans la journée. Pour la deuxième fois dans la journée, Hao le repoussa sèchement. Et pour la deuxième fois dans la journée, Yoh tenta de le retenir :

- Tu ne peux pas faire ça. Pas maintenant. Elle a tout fait pour toi, Hao, tu ne peux pas partir.
- Bien sûr que si. Cela vaut bien mieux.
- Comment peux-tu dire ça ?
- … Regarde-là. Cette fille est pure. Je vais te répéter, mot pour mot ou presque, ce que celui qui a été mon seul ami m’a dit un jour : « Je suis sale. Elle est pure. Et nous nous aimons. » Sauf que je ne veux pas la corrompre. Je ne l’ai déjà que trop fait.
- Hao…
- Prends soin d’elle, Otôto.

Et le Shaman Millénaire s’évanouit dans les flammes. Yoh serra les poings et soupira.
Keiko sourit tristement. Elle savait bien que tout n’était jamais facile, mais ses fils avaient le don pour compliquer les choses.
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Sayo ouvrit lentement les yeux. Elle avait réussi. Du moins, elle avait cette impression.

Impression confirmée.
Ils sont là !

Elle les serra dans les bras, et ils le lui rendirent bien. Ils étaient comme fous, et Aï riait plus qu’elle ne l’avait jamais fait avant. Toma, lui, serrait sa « grande sœur » comme s’il avait peur de la perdre de nouveau. Sayo ne disait rien, ne riait pas.
Elle se contentait de leur sourire, un sourire d’accueil, pour leur prouver qu’ils étaient bien de retour.
Et qu’elle était avec eux.

Cela dura un long moment. Ils restèrent les uns contre les autres, heureux de s’être enfin retrouvés.
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Une silhouette, perchée dans un arbre, commenta doucement l’acte de bravoure :

- Hum. Elle est toujours aussi pathétique. Mais… Je crois que c’est ce qui fait son charme.

Hao sourit, du sourire triste qu’avait eu l’illusion du rêve de Sayo dans le Great Spirit, et disparut pour de bon. Mikihisa fronça les sourcils. Celui qu’il avait en face de lui était-il vraiment le même que celui qui lui avait brûlé le visage quatorze ans auparavant ?
Il n’y croyait pas.
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Elle se releva, pendant qu’ils s’accrochaient désespérément à ses bras ou ses épaules. Souriante, elle chercha du regard le Shaman Millénaire, histoire de lui dire un mot.

Son cœur loupa un battement.

Il n’était pas là.

Elle tourna sur elle-même.
Horo, Choco et les autres revinrent vers elle, lui souriant, parlant de l’extraordinaire démonstration de force dont elle venait de faire preuve, mais elle n’en avait cure. Plus loin, les X-Laws, ou ce qui en restait, la regardaient gentiment. Plus loin encore, elle voyait le reste de l’équipe d’Hao qui scrutait le paysage à la recherche de leur maître, comme elle. Seyram et Reoseb, autour de Tamao, avaient réussi à emprunter à Saati l’enfant qui la suivait tout le temps.
Bientôt Aï et Toma la lâchèrent pour aller jouer avec eux. Opachô suivit Aï, qui, se retournant, lui rendit son sourire timide avant de le prendre par la main et de l’emmener.

Mais toujours pas de Hao.

Elle croisa le visage sombre de Yoh et se précipita vers lui. Il baissa la tête, et elle l’obligea à le regarder :

- Où est-il ?
- … Il est… Parti.
- … Parti ? Où ? Pourquoi ? Quand ?
- Il a dit qu’il ne voulait pas te corrompre, et il est parti durant ta transe. Je ne sais pas où il est parti.
- … Je vais aller le chercher.

Elle se détacha du groupe. Aï et Toma, suivis de près par Opachô, Seyram, Reoseb et la petite Gandhara, se précipitèrent sur la grande brune :

- Où tu vas ?
- Je veux venir avec Onee-sama !
- Opachô veut aller avec Aï-chan.
- …
- Seyram a sourit ! Elle a sourit ! Toi, là, le petit roux ! Tu as réussi à faire sourire Seyram ! Tu as intérêt à rester avec elle !

Elle sourit, mais les repoussa :

- Là où je vais, je dois être seule.
- … Tu es sûre ?
- Aussi sûre qu’aujourd’hui, j’ai douze ans. Et qu’il ne m’a même pas souhaité mon anniversaire.

Et j’ai bien l’intention qu’il le fasse, ce baka de crétin d’imbécile en chef.

La grande brune s’envola, jeta un regard au Great Spirit, comme pour chercher son approbation. L’esprit sourit :
« Encore quelque chose de très peu personnel, à ce que je vois, Shaman Queen ? »

Désolée, Great Spirit.

Et Sayo recommença sa chasse au Shaman Millénaire.

Chapitre 29: Je m’appelle Ryûku Sayo

…

Il marchait. Seul sur une lande déserte, seul, il marchait, le cœur un peu plus lourd que d’habitude peut-être.
Il avait tout laissé derrière lui, de Sayo à Opachô, en passant par Rackist, le Great Spirit, les Hanagumi, les autres…
Il n’était pas sûr d’avoir fait le bon choix.
Le choix de tout abandonner, de la laisser seule, de la laisser libre de toute attache gênante pour une Shaman Queen. De toute attache comme lui.
Sale.
Il était sale.
Et elle, pure.
C’était ainsi que cela fonctionnait, depuis toujours. Et que cela continuerait de fonctionner.
Il se tiendrait à l’écart, jusqu’à sa mort, et, de temps en temps, il demanderait à un Shaman comment allait la Shaman Queen. Ce serait douloureux, certes.
Mais pas plus que tout ce qu’il avait déjà vécu. Et puis, de toute façon, elle allait l’oublier.
Oui.
Ce serait mieux ainsi.
Et, dans cinq cents ans, s’il y avait encore une Terre à purifier, il verrait. Mais il attendrait ce moment là. Avant, il laisserait la grande Dragonne décider de l’avenir de tous les pitoyables humains que la planète bleue abritait.

…

Il soupira. Il avait une bonne avance, et personne ne pourrait aider Sayo à retrouver sa trace. Pour tous, il aurait simplement disparu. Et cela réjouirait tout le monde.
Comme d’habitude, songea-t-il en buttant contre un caillou, c’est toujours moi qui gêne la société à rester bonne et sans aucune ombre. Mon œil. Je ne suis que la face visible de l’iceberg.
Il connaissait suffisamment de Shamans et d’humains pourris jusqu’à la moelle en ce monde pour occuper les amis de la nouvelle Shaman Queen et leur descendance jusqu’au prochain Shaman Fight, jusqu’à la prochaine confrontation.
La seule voie que reconnaissait et comprenait le Shaman Millénaire était la destruction des humains pour protéger la Terre. C’était la seule manière de sauver les autres habitants de la planète, déjà bien abîmée par les singes convaincus, à tord selon Hao et bien d’autres, de leur propre intelligence.
Il shoota dans un autre caillou, et le bruit de sa lourde chaussure dans la petite pierre se répercuta une poignée de secondes.
Hao continua sa route.

When the sun is gone…
When I see the sky…
I know I’m not alone!

Sayo soupira et se remit à courir.
Cela faisait presque deux semaines.
Ce village non plus n’avait su lui apporter les informations qu’elle désirait. Ayant remarqué des Shamans, elle leur avait demandé s’ils avaient vu le Shaman Millénaire. Ils avaient dit que non, que c’était tant mieux. Un autre avait rapporté des rumeurs qu’elle connaissait déjà, sur la disparition de celui qui les effrayait tellement et de la nouvelle Shaman Queen. Celle-ci se fichait pas mal qu’on la traite de lâche et d’incapable, mais les rumeurs sur Hao allaient s’enflant, et cela lui faisait perdre tout contrôle. Elle avait failli arracher la tête d’un imbécile en particulier, qui avait prétendu que le Shaman Millénaire avait enlevé la nouvelle reine.
Elle avait alors dit, se maitrisant difficilement, qu’elle était Sayo Ryûku, et qu’elle était la Shaman Queen, que Hao ne l’avait pas enlevé et qu’elle le cherchait.
Il lui avait ri au nez.
Elle l’avait collé au mur, et la pluie et les flammes s’étaient disputés ses yeux.
Il l’avait crue.

Elle était ressortie de chez ceux-là, et avait demandé aux non-Shaman s’ils avaient vu un jeune homme de quatorze ans environ, aux longs cheveux bruns, portant une cape semblable à celle d’un indien et d’un long pantalon compliqué avec des tas de ceintures au motif de l’étoile du Gobosei.
Nada de ce côté-là.
Elle avait demandé s’il y avait eu de récents incendies.
Nada aussi.

Elle avait au début demandé à Lyserg de lui indiquer une direction, mais le dowser n’avait pas réussi. Morphin était restée silencieuse. Seyram et le Golem n’avaient, de même, pas avancé la jeune fille à grand-chose. Personne n’arrivait à trouver un semblant de trace de Hao Asakura, ce qui avait plongé la jeune fille dans la plus profonde des profondes perplexités possibles.
Mikihisa avait, sombrement, annoncé qu’il avait vu Spirit of Fire en direction du nord. Et avait ajouté que la jeune fille n’avait pas à chercher le Shaman Millénaire.
En version moins polie, d’ailleurs.
Sayo pensait qu’il devait encore être à l’hôpital, vu les blessures qu’elle avait du lui infliger. Elle s’en était excusée auprès de Keiko et de Yoh, mais elle savait qu’il n’avait pas le droit de parler de son fils ainé comme ça. Hao restait son fils.
Elle releva la tête, les yeux sur l’horizon.

- Amaya… De là haut… Tu vois quelque chose ?
- … Non. Quoique… Si! Devant toi, Sayo-chan.

Elle plissa les yeux. Comme elle s’y attendait, il n’était pas sur la route, mais bien en plein dans la cambrousse. Elle accéléra.

C’était le douze mai 2000.

I’m not with you…
You’re not with me…
We are both alone and we are unhappy…

- Hao! Hao!

Il faillit se figer, puis secoua la tête. Il ne savait pas comment elle l’avait retrouvé.
…
Et alors ?
Elle était la Shaman Queen, et lui juste un Shaman. Plus puissant qu’elle peut-être, mais cela ne changeait rien. Il avait des comptes à lui rendre. Certes. Il ne les lui rendrait pas. Tant pis.

- Hao!

Elle le dépassa et s’arrêta devant lui, les bras en croix. Sa respiration hachée prouvait qu’elle ne s’était pas ménagée pour le retrouver. Il y avait quelque chose de changé en elle.
Comme si elle avait… Mûri.
Il la fixa d’un regard vide, puis détourna les yeux et la contourna comme si de rien n’était.
Il ne voulait plus la faire souffrir, et c’était tout.
Elle serra les poings. Comment pouvait-il ? Après tout le mal qu’elle s’était donné… Elle se retourna en un éclair, et tenta de le frapper d’un coup de poing.
Il la bloqua, s’étant lui aussi retourné. Elle lutta pour récupérer sa main, mais il ne lâchait pas prise. Comme avant, elle restait plus faible que lui sur le plan physique. Elle inspira profondément pour se calmer, et dit, lentement et distinctement :

- Je suis venue te chercher.
- Et pourquoi je vous obéirais ?

Vous…
Il me vouvoie…
Pourquoi ?

- Parce que… Je… Hao !
- Quoi, « Hao » ? Je suis un Shaman, certes, vous êtes la Shaman Queen, mais vous n’avez pas à vous en faire. Je ne toucherais pas aux humains. Rentrez chez vous, Shaman Queen, et soyez heureuse.
- … Ca doit te faire bizarre, non? C’est la première fois que tu me vouvoie, Hao.
- … Shaman Queen.
- Arrête avec tes Shaman Queen ! Moi, c’est Sayo, et tu le sais très bien ! Arrêtes de jouer avec moi ! Qu’est ce que tu veux à la fin ? Tu m’en veux? Je suis capable de le comprendre. Mais pourquoi ? Pourquoi tu veux pas rentrer avec moi ? J’ai besoin de toi, Hao ! Tu crois que j’ai fait tout ce chemin pour rien? Et bien non ! Je veux rester avec toi, alors reviens !
- … C’est un ordre ?

Comment ça, un ordre ?
Non…
Hao…
Arrête…

- … Hao…

Elle le fixa encore un long moment.

Who are you?
My lost dream, my broken life…

- … Hao. Je veux bien te laisser partir. A une condition.
- … Laquelle ?
- … Ecoute une histoire. Après, tu feras ce que tu veux.
- … Pourquoi pas ? Raconte.

…
Boku wa…
Ryûku Sayo.

- … Episode 1: Je m’appelle Ryûku Sayo, j’ai onze ans. Je vis avec deux orphelins que je considère comme mon frère et ma sœur. Nous sommes des Dragons, incomparables aux Shaman et pourtant admissibles dans le Shaman Fight. Nous avons décidé de nous séparer pour le voyage, histoire de laisser leurs chances aux autres.

Elle reprit son souffle sous le regard neutre du Shaman aux yeux de braise avant de reprendre :

- Episode 2 : J’ai rencontré un groupe de Shaman, constitué d’Asakura Yoh, Usui Horo-Horo, Tao Ren, Kyôyama Anna et Faust VIII. Ils sont accompagnés d’un humain, Oyamada Manta. Nous rencontrons ensuite MacDaniel Chocolove, que Yoh décide de prendre dans le groupe. Nous nous battons contre les X-Laws, un groupe dirigé par Maxwell Marco, blondinet hystérique. Puis j’apprends une technique très dangereuse nommée Tchô Senji Ryakketsu. Nouveau combat contre les X-Laws. Je rencontre leur véritable chef, l’Iron Maiden Jeanne, et retrouve mes frères et sœurs. Le combat tourne court. Puis je fais une rencontre importante. Je rencontre Asakura Hao, surnommé Shaman Millénaire, le plus puissant des Shaman du monde entier. Il m’entraine dans son repaire, mais j’arrive à m’enfuir. Episode 3 : Le match de mon frère et de ma sœur tourne mal. Ils meurent tous deux. Je tue leur assassin, brisant un serment très important pour moi. Je risque ma vie et Asakura Hao me sauve. Sans que je sache pourquoi. Episode 4 : Au fil des combats, je deviens plus forte, comme les autres. Je commence à comprendre pas mal de choses, et j’avance dans la maîtrise du Gobosei, mais l’heure est grave et je n’ai plus le choix. Je dois apprendre le dernier élément du Gobosei, l’air, pour sauver le monde entier. Je deviens Shaman Queen à la place d’Asakura Hao. Et je me rends compte d’une chose : Depuis le premier jour, je suis amoureuse de lui. Hao… Je suis tombée amoureuse de toi depuis le premier jour. Alors maintenant, fais ce qu’il te semble le mieux. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour te sauver.
- … Que veux-tu que ça me fasse ?

Alors même ainsi…
…
Ce n’est pas juste…

Elle sembla sur le point de dire quelque chose, mais il l’en empêcha et fit mine de s’en aller.

- Tu avais dit l’histoire et seulement l’histoire.

Oui, mais…
Je n’ai pas le choix.

- … Et maintenant, je vais te faire une autre proposition, Hao.
- … Oui ?
- Un combat. Toi contre moi. Si je gagne, tu reviens avec moi. Si je perds, tu pourras faire ce que tu veux. Me prendre le Great Spirit, détruire les humains, t’enfuir… Juste un combat.

Where are you?
I’ve fall in sadness and loneliness
But you’re here, I know it.
I’m going to find you, I’m sure that I can!

- … Même les humains ? … C’est plutôt égoïste de ta part. Tu joues tout ça, sur un coup de tête ?
- … Pendant des années je n’ai fais que penser aux autres, Aï, Toma, les Dragons, le monde, toi. Pour une fois, je peux me permettre d’être égoïste.
- Tu joue gros.
- Je sais.
- … J’accepte.

Sans avoir besoin d’une quelconque incantation, il invoqua son Over-Soul Spirit of Fire, en mode O.S. géant. Elle fit de même pour Amaya, puis sourit :

- Great Spirit, Over-Soul in… RYÛ O !

Et son Over-Soul géant devint semblable à un Over-Soul d’esprit de la nature…
Trois secondes.
Puis elle brisa la fusion.

Et voila.

- …
- … Ne me dis pas…
- Et si, Hao : Je n’ai pas le fouryoku nécessaire pour entretenir un Over-Soul avec le Great Spirit. Il n’y a que toi qui sois assez puissant. C’est aussi pour ça que je suis venue te chercher : Il n’y a que toi qui puisse être le Shaman King.
- …
- Je me battrais donc avec mes poings seuls. Histoire d’être sûre, une fois pour toutes, de ce que je vaux… Ou de ce que je ne vaux pas. Sans Over-Soul. Alors, Hao, ça te convient ?
- … Je crois bien. Pas d’Over-Soul. Mais ne t’attends pas à ce que je ne fasse pas d’Hyôi Fusion ou que je n’use pas du Gobosei.
- C’est de toute façon ce que je comptais faire.

Le premier coup partit. Hao esquiva sans difficultés particulières le poing destiné à son menton. Profitant de l’élan de la jeune fille, il accompagna son mouvement et lui envoya un coup de pied dans les côtes, la projetant au sol. Elle se releva aussitôt et fit pousser de longues plantes sur le sol. Il se protégea d’un magistral rideau de flammes.
Surgissant de nulle part, un pied faillit le surprendre par le haut. Seulement, il le bloqua d’une main. Sayo dut utiliser cet appui et se projeta au sol, accroupie, sans dommages.
Se retournant du même mouvement, elle tenta de le faucher au niveau des jambes, mais il s’était éloigné.

- Fûmon Tonko. Hyôi Fusion.

Sans qu’elle aie le temps de réagir, il était derrière elle et lui envoyait un nouveau coup de poing dans les omoplates. Seulement, ce coup lui fit bien plus mal que prévu.
Glissant une main sur son dos tout en se relevant, elle comprit. Une fusion. Un coup de poing de Spirit of Fire, en somme.

- AMAYA !

Elle aussi fit une fusion, et contra un nouveau coup de poing avant d’en placer un, tout aussi dévastateur. Hao n’avait même pas une égratignure, mais sa Fusion avait été détruite. Donc il avait perdu du fouryoku. Donc, tout n’était pas perdu.

Elle se prit un coup de pied agrémenté des chaussures ultra-renforcées du Shaman Millénaire, et se rétablit grâce à Amaya. Elle approchait de sa limite, elle le sentait.

- Amaya, Great Spirit…
- Spirit of Fire…

Leurs deux cris ne firent plus qu’un.

- HYÔI FUSION 100 POUR 100 !

Leurs poings se heurtèrent dans un fracas de tonnerre.

When the sun is gone…
I see the starry sky

Haletants, ils se fixèrent longuement. Ils avaient chacun fracassé la Fusion de l’autre. Rageusement, ils réinvoquèrent leurs fantômes et se remirent en garde.

- Tu avais dit que tu ne pouvais pas faire d’Over-Soul. J’aurais dû me douter que tu pouvais faire au moins une Hyôi Fusion avec le Great Spirit. C’est intéressant. Mais malheureusement, cela ne suffira pas pour que petite Sayo batte le Shaman Millénaire.
- … Enfin.
- Hm ?
- Je retrouve le Hao que je connais. Celui qui provoque ses adversaires et ne reste pas silencieux des heures.
- …
- Malheureusement, c’est un peu tard. Vois-tu, Hao… Je n’ai plus une goutte de fouryoku.

J’ai perdu.
Gomene, mina…
Kono sekai wa…
Boku no sekai ja nai.
Boku wa…
Ryû.
To Ryû wa…
Shinda.

Elle s’écroula au sol, sur l’herbe. Il la regarda un instant, avant de se laisser tomber à côté d’elle.

- Allez, vas-y. Je n’ai plus de forces. Prends-moi le Great Spirit, détruis les humains, fais ce que tu veux.
- … Pourquoi m’inciter à ça ?
- … Parce que si t’es pas avec moi, je me fiche totalement de ce qui peut arriver aux autres.
- … Et si je te disais que je n’ai plus de fouryoku non plus ?
- … Honto da ?

Elle le regarda d’un regard rempli d’espoir et d’étonnement. Il sourit comme à son habitude :

- Honto, baka.
- … Donc… J’ai gagné ?
- Pas vraiment non plus, faut pas exagérer. On a fait égalité.
- Mais alors… Tu rentres avec moi ?
- … Moui, je pense que c’est faisable.
- … Hao !

Elle se redressa péniblement. Lui leva les yeux sur elle et se remit à sa hauteur. Il la regardait, d’un air ironique qui avait toujours été le sien. Elle le fixa.
Lui sauta au cou, et se mit à pleurer contre lui, sans qu’il comprenne bien pourquoi.

Sore wa…
Boku no mirai ka…
Boku no mirai…

- Hao… Hao no baka… Mina no baka… Boku wa… Boku no baka wa… Hao no baka ga suki desu ! … O tanjôbi omedetto, Asakura Hao.

Il rougit légèrement. Posa un léger baiser sur les longs cheveux de Sayo.

- Boku mo, boku mo, Shaman Queen. To ‘tanjôbi omedetto, Sayo-chan.

‘Cause I know…
You’re with me.
With me…

- Nee, Ka-san, et après ?
- Et après ? C’est la fin de l’histoire. Ils vécurent heureux, et eurent une petite fille. Et il fut décidé que cette petite fille aurait un frère ou une sœur.

La chambre était éclairée doucement. Une voix fragile s’adressait à une autre, plus calme, plus mature :

- Et il leur est rien arrivé d’autre, comme histoire ?
- Eh bien… Oui, il leur est arrivé bien des choses merveilleuses. Mais ce sera pour un autre soir, d’accord ? Tu es fatiguée et tu dois te coucher maintenant.

Un petit bras pâle saisit la manche de la jeune femme pendant que la petite voix suppliait :

- Maaaaaiiiiis, Kaaaaaa-saaaaaaan !
- Chut, Tomoyo.

La jeune femme se dégagea doucement de l’étreinte de sa petite fille et se releva, laissant l’enfant se renfoncer sous ses lourdes couvertures chaudes préparées pour l’hiver.
Tomoyo était assez solide comme petite fille, et pourtant, elle était frêle comme un roseau. Ses cheveux, noirs comme l’ébène, attiraient immédiatement l’attention. Quand à ses yeux… Ils étaient bleu ciel, d’un bleu bien trop clair pour être celui d’une japonaise normalement constituée. Son pyjama, blanc coton, était décoré par les dessins au feutre que son père et sa mère lui avaient appris à dessiner.

La mère sourit en éteignant la lumière.

- Oyasumi nasai, Tomoyo.
- Oyasumi Ka-san !

La jeune femme referma la porte doucement, puis alla s’assoir sur une chaise de la belle cuisine qu’elle possédait.
L’heure tourna lentement pendant qu’elle l’attendait.

Doucement, elle se releva, se préparant à faire chauffer le repas. Il arrivait. Elle le sentait.

Elle mit en route les restes du gigot que sa petite fille chérie n’avait pas dévoré, et posa une assiette, un verre et des couverts sur la table, se redressa, et…

Deux bras vinrent se placer autour de son cou en collier, comme autrefois. Mais elle ne chercha pas à se dégager, elle posa juste ses mains sur la peau hâlée de son mari en riant doucement.

- Certaines choses ne changent vraiment jamais…
- Et encore heureux, termina l’autre. Imagine si Chocolove ne plaisantait plus, si Anna devenait douce comme un mouton ou si Marco et Rackist arrêtaient de faire la tournée des bars le samedi soir en pensant que « Kanna et Meene ne diront rien ». Ce serait fade, non ?
- En effet. Alors… Comment vas-tu ?
- Bien, pour quelqu’un qui vient, une fois de plus, de faire le boulot digne de la Shaman Queen pour que ladite Shaman Queen s’occupe de sa fille et de son futur enfant.
- Rooh, pis c’est toi qui m’as dit que je devais me reposer, que je sache, non ?

Se disant, elle s’esquiva en usant d’une petite quantité de Fûmon Tonko, ce qui fit froncer les sourcils de son cher et tendre :

- On avait dit…
- Pas le moindre fouryoku avant la naissance du bébé, je sais. Mais je m’en fiche… Raconte !
- Hum… Pas envie…

Aussitôt, une aura rouge se forma au fond des yeux de la jeune femme, entourée de pluie.

- Raconte !
- Bon, d’accord, te fâches pas…
- Raconte !

L’autre soupira, s’assit, puis croisa ses bras et commença :

- Yoh et Anna vont bien. Hana progresse dans la maîtrise du shamanisme, entrainé par sa mère.
- Le pauvre.
- Comme tu dis. Tamao et Ren s’en sortent bien aussi. Un autre Tao à pic violet est arrivé dans la famille.
- Ils… Ils ont eu un fils ?
- Oui.
- … MAIS C’EST GENIAL !
- A force de hurler, tu vas réveiller ta fille.
- Roooh… Rabat-joie. Il s’appelle ?
- A ce que j’en sais, Ken.
- Ken… … C’est mignon ! Tamao va bien ? Et les autres ?
- Tamao va bien. Sinon, Opachô, Aï et Toma sont toujours dans leur pensionnat. Ils n’ont eu aucun problème d’acclimatation, contrairement à ce que tu pensais…
- Tu le pensais aussi…
- … Surtout que les rejetons Munzer sont dans leur classe. Ils sont très contents, tous.
- Et la fille des Gandhara ? Chiyo, c’est ça ?
- Oui. Chiyo… Saati l’a aussi mise dans cette classe. Je crois que, de toute façon, ces cinq là ne se seraient pas laissés séparer comme ça.
- En même temps, ils sont mignons en couples ! J’aurai jamais cru, pour Aï et Opachô !
- Normal, tu es aveugle.
- … BAKA ! Et puis Seyram et Toma… Et Reoseb et Chiyo… Quand je dis qu’ils sont mignons ! Aï et Opachô sont les parfaits parrains de Tomoyo.

Avant que sa femme ne s’égare dans un délire kawaiiesque sur les adolescents dont le couple avait la charge en tant que sœur/amis proches/connaissances/responsables légaux, le jeune homme reprit :

- Sinon, Lyserg est en Angleterre pour ses études. Maiden-chan l’attend. Il reviendra pour elle, mais en attendant, elle ne vit pas très loin de chez Marco et Meene.
- Sans blague. La pauvre… J’aime bien Jeanne. Même si ce n’est pas ton cas. Et les autres ?
- Rackist et Kanna vont bon an mal an, tu sais, vu leurs caractères respectifs. Mais bon, c’est toujours mieux que Pirika et Chocolove.
- Chocolove ? Pourquoi ça ?
- Il continue ses blagues pourries, et Pirika ne les supportent pas. Je ne suis pas sûr que ce couple dure.
- … Maah… Je pense que tout ira bien !
- J’espère aussi. Horokeu…
- Horo ? Il a vraiment réussi à toucher le cœur de Marion ?
- Apparemment. Il l’a emmenée avec lui dans ses fichus champs de fuki, et ça à l’air de plaire à Mari. Par contre, Mathilda se sent un peu seule sans sa meilleure amie.
- …

Elle le regardait avec un sourire en coin.

- … Quoi ?
- … Cramé !
- … Quoi ?
- Tu es triste pour Mathilda ! J’étais sur que Môssieur Shaman Millénaire s’inquièterait pour ses Hanagumi-chan-tachi préférées !
- … Tu es ridicule.
- … Sans blague ?
- … Pfu. J’ai oublié quelqu’un ?
- Atteeeeends… Les Hana, les cinq Soldats, les enfants, Marco, Meene, Rackist… Kevin et Bounster ? Les Tsukigumi ? Etoooo… Jun et Pyron ? Reiheit et Amano ?
- Les Tao vont bien. Le reste des X s’entend plutôt bien avec les Tsukigumi, à part Reiheit et Amano qui restent dans leur coin. Keiko et Micky sont heureux. Saati et les Gandharas ont presque tous disparu dans la nature.
- Aaaah…

Tout le monde va bien…
C’est génial.

Un ange passa. Nan, pas ceux des X, l’expression, bande de baka.

- … Au fait, l’enfant, tu l’appellerais comment ?

La question d’Hao fit sursauter la brune, qui ne réfléchit pas un instant avant de répondre :

- Keiko si c’est une fille. Haru pour un garçon.
- … Haru ?
- Le chic type qu’aurait été mon père s’il ne m’avait pas détestée.
- … Je vois. On a plus qu’à espérer des jumeaux.
- Comme tu dis !

Et ils éclatèrent de rire.

- Avant, je ne t’avais jamais vraiment entendue rire. Tu étais toujours… Comment dire… Distante…

Le regard autrefois flamboyant du Shaman Millénaire se fit lointain. Sayo sourit et claqua des doigts devant son nez, sans plus de réaction. Alors elle le prit dans ses bras, et il sursauta :

- Avant. Plus maintenant. Et plus jamais !

Il eut un mauvais sourire et ferma les yeux.

- Pari tenu !

Un long moment passa. Sayo alla chercher le gigot et Hao mangea son repas, silencieusement.

Il a vraiment une attirance pour le rouge, ce type.

En effet, Hao avait barbouillé sa tranche de ketchup. Avec vingt-six ans bien tassés, il se comportait encore comme un gamin, parfois, et cela plaisait à Sayo.
C’était lui, voilà tout.

- … Oui ?
- Tu en as partout autour de la bouche, gros malin.
- … Pfu.

Il se leva, récupéra une serviette et s’essuya. Enfin, tenta. En fait, il ne fit qu’étaler la sauce à la tomate.

Elle se retint, mais finit par éclater de rire devant la tête d’Hao, kawaii avec les joues rouges. Elle prit la serviette, la mouilla à l’aide du robinet et l’essuya consciencieusement, jusqu’à ce qu’il soit propre.

- Là, c’est mieux.
- … … Merci.
- … Tu as quelque chose à dire, Hao ?
- … Oui.
- Vas-y !

Elle lui sourit. Il se gratta la tête et détourna le regard, gêné. Sayo lorgna sur l’appareil photo, puis décida d’écouter ce qu’il avait à dire.

- … Ca m’embête de pas pouvoir te dire que tu es la seule personne que j’ai réellement aimée, en fait. Enfin, je veux dire d’amour. J’aime bien Tomoyo, Rackist, les Hana, Opachô et les autres, mais…
- Mais. J’ai compris. Tu veux en parler ?
- … Si tu veux bien m’écouter.
- Eh bien… C’était durant ma première vie, juste après l’assassinat de ma mère par un prétendu prêtre nommé Denzen. J’ai rencontré sa fille, j’avais neuf ans. Elle en avait six.
- … Même différence d’âge, non ?
- … En effet. On a passé une nuit à regarder les étoiles, et je crois qu’à ce moment, je suis tombé amoureux d’elle. Elle te ressemblait un peu, question caractère, mais en plus peureuse.
- Peureuse ?
- Enfin… Quelques mois plus tard, un fantôme de loup, mauvais, l’a possédée. Il m’a menacé. La fille a réussi à crier qu’elle avait peur et qu’elle voulait que je la sauve. Elle ne voulait pas mourir. Et…
- … Et…
- Et le feu a jailli.
- … Comment ça ?
- Ta maîtrise du Gobosei à commencé avec la foudre. Moi, avec le feu. Raison de Spirit of Fire. Je l’ai brûlée. Elle et le fantôme. Elle s’est raccrochée à l’esprit tellement elle avait peur de mourir seule. Et moi… Je me suis enfui. Je ne l’ai jamais revue.
- …
- Elle s’appelait Matsuri.
- …
- … Sayo ?

La jeune femme avait le regard éteint, comme déconnecté. Il pencha la tête sur le côté, cherchant à capter son attention, mais elle ne fit pas un mouvement.

- Sayoooo ?
- … Asaha… Douji.

Il eut un mouvement de recul tandis qu’elle tendait la main vers lui. Il la bloqua et reprit la parole :

- … Qui es tu ? Comment sais-tu le nom que je portais… En ce temps là ?
- … Asaha…
- … Qu’as-tu fait de Sayo ?
- … Je suis Sayo.
- Je n’ai jamais dit mon premier nom à Sayo. Pour elle, je suis Hao, pas Asaha Douji. Alors ?
- … As-tu déjà oublié ?
- Oublié quoi ?

Hao était sur la défensive. Ce n’était pas Sayo, bien qu’elle ait le même corps, les mêmes yeux et la même voix. C’était définitivement une autre personne.

- Les âmes ressuscitent, tu le sais, non ? Elles oublient leur vie passée pour tout recommencer, pas vrai ? Sauf que tu es le x de l’équation, Asaha. Toi qui ressuscite volontairement, tu te souviens de ton passé. Et tu es capable de réveiller le passé des autres.
- Ma… Matsuri.

Toujours aussi vif d’esprit.
Moi…
Oui.
C’est comme si on réveillait un chien en lui lançant une pierre.
Je parle, mais…
Ce ne sont pas mes mots.
Ceux de Matsuri.

- … Asaha.
- … Je suis désolé.
- … Je t’en veux. J’ai eu peur.
- Je ne comprends pas et ne serais pas capable de comprendre un jour. Je n’ai pas eu peur de mourir, vu que je sais ressusciter.
- Je n’ai pas eu peur de mourir. J’ai eu peur quand tu es parti. Je ne voulais pas être toute seule.
- … Matsuri.

Sayo, Matsuri, enfin, elles deux baissèrent les yeux. Elles se comprenaient plus que quiconque, vu qu’elles étaient la même personne. Comme Matsuri, Sayo n’avait pas eu peur du Great Spirit ou de la dépense d’énergie concernant Aï et Toma. Elle avait eu peur quand elle avait découvert qu’Hao était parti.
Sans elle.
Comme Matsuri.

- Mais après tout, j’ai moi aussi ressuscité. Je crois que j’aime bien la personne que je suis aujourd’hui.
- Moi, je l’aime plus que tout au monde.
- Plus que moi. Mais c’est normal, tu l’as dit toi-même… Je suis une peureuse.
- Matsuri, tu es Sayo. Sayo est blanche sous une carapace sombre, qu’elle s’est forgée elle-même. Sans sa carapace, elle est sûrement pire que toi.
- Sans doute.

Ma…
Tsu…
Ri.
Moi-même.
Sa…
Yo.
Nous deux.
Sayo.
Celle que je suis.
Matsuri.
Celle que…
J’ai été.

- Dans une vie ou dans l’autre, nous avons toujours été destinés à être ensemble, pas vrai ?
- On dirait bien.
- Alors continuons ce chemin ensemble.
- C’est une promesse.

Une jeune fille, allongée à même le sol, observait les étoiles. Elle portait un kimono bleu foncé, décoré avec des motifs plus clairs. Ses yeux, très pâles, reflétaient la multitude d’étoiles qu’elle observait. Sa peau était pâle, anormalement pâle même.
Elle avait un air irréel.
Il s’approcha doucement, une lueur d’étonnement dans ses yeux sombres. Son vêtement à lui était déchiré en plusieurs endroits et l’on pouvait même s’étonner de le voir encore en place.
Il resta encore un moment à la regarder, avant de se laisser tomber au sol à son tour et de se perdre dans les étoiles.

- On voit bien les étoiles, d’ici, non ?

La voix de la fillette était fluette, comme son apparence extérieure. Le garçon laissa passer un peu de temps.

- Non. La fumée des forges cache la plupart des étoiles ici. C’était mieux près de ma ville natale.
- Pourquoi tu n’y es pas resté, alors ? S’il y avait plus d’étoiles, c’était mieux.
- Je n’ai pas eu le choix. Ma mère y est morte.
- Oh… Désolée.
- Tu n’étais même pas née.
- Eh ! J’ai six ans d’abord.
- C’est bien ce que je dis. J’en ai neuf. Elle est morte quand j’avais cinq ans.
- Ben… J’étais née, alors.

Le petit piqua un fard. N’étant pas allé à l’école, il avait du mal avec les chiffres, comme venait de le prouver la jeune fille.
Il commença à se relever pour s’enfuir, mais elle le retint :

- Eh, reste ! Désolée de t’avoir vexé. Mais tu es le seul qui n’aie pas peur de moi ici.
- … Pourquoi ? Tu vois les fantômes ?
- … Non, mais je suis la fille du seigneur Denzen et tout le monde lui doit de l’argent au village. Il exorcise des démons, bien que pour l’instant, il soit parti pour un long voyage. Il n’est pas revenu depuis… Trois-quatre ans. Et puis de toute façon, je ne l’ai jamais beaucoup vu. Mon vrai père, c’est oji-sama. Lui, il est gentil, et il est tout le temps à la maison avec haha-ue.
- … Denzen ?
- Oui, pourquoi ?
- … C’est lui qui a tué ma mère. Et… Je…
- … Tu ? Désolée pour ta mère.
- … Je l’ai tué aussi.
- … Tu as… Tué chichi-ue ?
- … Oui.
- … Il avait tué ta mère… C’était… Elle voyait les esprits ?
- Oui. Tu me détestes ?
- … Non. Je ne connaissais pas assez chichi-ue pour l’aimer beaucoup, et puis il a tué beaucoup de gens.

L’enfant la regarda un long moment, avant de reprendre la parole :

- … Tu mens. Tu l’aimais beaucoup. Alors pourquoi tu ne me détestes pas ?
- … Je ne sais pas. Peut-être parce que je te comprends. Moi… Je voudrais voir les esprits aussi.
- … Non !

Le changement de ton fit que la jeune fille tourna les yeux vers lui. Il la fixa :

- Tu ne sais pas ce que c’est ! C’est terrible de voir les esprits ! Tu es poursuivi, ils peuvent te faire de mal, personne ne veut de toi… Tu ne dois pas voir les esprits, jamais !
- … D’accord.

Elle reporta son regard sur les étoiles. Lui patienta un long moment avant de redemander :

- Dis… Tu regardes souvent les étoiles ?
- Oui.
- … Tu connais leurs noms ?
- Oui, haha-ue m’a appris.

Il redevint rouge pivoine.

- Alors… Tu veux bien m’apprendre ? Oka-san voulait le faire, mais elle n’a pas eu le temps.
- D’accord. Alors… Tu vois, l’étoile brillante, très brillante ?
- Oui ?
- En occident, on l’appelle l’étoile du Nord ou du Berger. Elle indique le nord je crois. Après, il y a la constellation du Diamant du Printemps, avec la Solitaire sur le côté. Tu vois ?
- … Oui.

Un moment passa. Seules leur voix s’entendaient dans l’étendue herbeuse au cœur de la grande forêt. Même la fumée des forges avait cessé de gêner l’enfant aux cheveux sombres et à la tunique déchirée. Il aprenait tout ce qu’elle disait.
Soudain, les étoiles commencèrent à disparaître et le soleil devint un liseré brûlant à l’horizon. Silencieux, ils le regardèrent s’élever, majestueux.

- … Je vais devoir partir.

La jeune fille se releva.

- Attends ! … Tu t’appelles ?
- Je… Je m’appelle Matsuri Denzen. Et toi ?
- Douji. Asaha Douji. Je me suis fait appeler d’après ma mère. Elle s’appelait Asanoha.
- C’est joli.
- Je dois vraiment m’en aller.

La petite fille se retourna et s’enfuit dans les herbes. Le jeune Asaha la regarda partir, un sourire triste aux lèvres.


- Et là ?
- C’est Alphard, la solitaire. Là, c’est la constellation de l’hydre, et là… Euh…
- Asaha ? Alors ?
- Euh…
- …

La petite le regarda, les sourcils froncés, puis leva les mains et pointa le ciel :

- Arcturus, une géante rouge. C’est une étoile très très vieille, bien plus que toi ou que maman.
- … Désolé.

Il détourna les yeux. Elle le regarda :

- … Pourquoi t’es désolé ?
- Parce que tu fais tout pour m’apprendre, alors que j’y arrive pas. Je suis nul, Matsuri.
- Mais naaaan !

Ils restèrent longuement ainsi, à regarder les étoiles. Matsuri semblait adorer ces moments, alors qu’Asaha aurait préféré jouer avec elle. Il peinait avec les étoiles, et il avait du mal à comprendre pourquoi. Il n’aimait pas spécialement les étoiles, mais ça lui plaisait tellement, à Matsuri…
Il soupira.

- Asaha, je dois rentrer.
- Je sais.
- A demain alors !

Elle allait s’en aller, lorsque qu’un énorme loup apparut. L’enfant poussa un cri de terreur :

- Qu’est ce que… Qu’est ce que c’est ?

Asaha plissa les yeux. Le loup était transparent. Un fantôme ! Et… Elle le voyait. Elle le voyait assez pour avoir peur.

- Tu le vois…
- Ben… Ben oui ! Asaha… J’ai… J’ai peur…
- Tu vois les esprits. Ce loup… C’est un mauvais fantôme, mais du moment qu’il n’a pas de corps pour s’en servir comme médium…

Avant qu’il ait prononcé un mot de plus, le fantôme sauta sur Matsuri et s’enfonça à l’intérieur de la jeune fille. En temps normal, il n’aurait jamais pu faire ça. Asaha en déduit qu’elle était suffisamment puissante pour accueillir un esprit sans entrainement, mais qu’elle ne maîtrisait pas son potentiel de Shaman. De toute façon, fragile comme elle était, le fantôme n’allait pas pouvoir rester en fusion longtemps.

- Sors de ce corps ! Elle ne peut te servir à rien !
- … Que crois-tu, petit humain ?
- SORS !
- Essaie donc de m’en sortir.

Le loup-jeune fille sauta à la gorge d’Asaha, qui prépara son bras à parer… Et esquiva de justesse. Elle l’aurait mordu.

- Arrêtes ! Elle est trop fragile ! Ca va la tuer !
- Tant mieux ! Elle est la fille de ce maudit Denzen, celui qui m’a abattu il y a des années ! Et de toute façon, j’ai bien envie de manger quelqu’un une dernière fois. Tu as l’air appétissant…
- … C’est moi qui ai tué Denzen. Je t’ai vengé en même temps que moi, alors relâches-là !
- Pauvre humain.
- Je ne suis pas… UN HUMAIN !

Il avait dépassé ses limites. Il se précipita sur Matsuri/loup et l’agrippa au col, la soulevant de terre :

- Attention à la gamine, humain. Si tu la casses, elle mourra, alors que je serai encore là
- Si tu répètes… Encore une fois… Que je suis un humain…
- Eh bien quoi, humain ?

Soudain, le visage de Matsuri se figea. La petite voix fragile de l’enfant refit surface :

- Aides-moi… J’ai mal… Asaha… J’veux pas te faire de mal… Asaha… Je veux pas mourir… J’ai mal…
- Matsuri…

Mais le loup revint, et mordit Asaha au bras. Le sang jaillit, éclaboussant le visage de porcelaine de la petite.

- Matsuri… Je suis… Désolé…

Il ferma les yeux du mieux qu’il put. En lui, une explosion de lave se rappela à son esprit.

- Asa…

Soudainement, le feu jaillit de la main d’Asaha, et fonça sur Matsuri. Le loup tenta de s’enfuir, mais cette fois, c’était l’âme de Matsuri qui le retenait, terrifiée :

- J’VEUX PAS MOURIR !
- … Désolé, Matsuri.

Il regarda les flammes consumer le loup et l’enfant, puis tourna les talons et s’enfuit en courant, les larmes aux yeux. Sauf… Qu’il ne ressentait plus rien pour la jeune fille. Le feu l’avait privé de ses sentiments.

Sentiments qu’il ne retrouverait que longtemps après…
Un millénaire après…

L’âme du fantôme le regarda partir tristement, puis s’enfuit elle aussi. Longtemps après, elle accepta un nouveau corps. Mille ans après, en fait…
Une Dragonne…_________________________________________________________________________

Sayo et Hao sourirent en même temps. Tomoyo, guidée par Seyram, Reoseb, les jumeaux, Chiyo et Opachô, apprenait à nager.
Sayo eut un petit hoquet. Inquiet, l’ancien Shaman Millénaire l’observa, puis posa une main protectrice sur le ventre légèrement arrondi de la jeune femme.

- Ce n’est rien. J’ai juste reçu un coup de pied.
- Ca promet, dis donc.
- Oui. Cet enfant est bien parti pour te ressembler !
- … C’est un compliment ?
- Bonne question !

Au loin, les fantômes de… Certaines personnes… Se mirent à discuter.

- Ils vont bien ensemble. Même si je le savais, je trouve qu’elle va vraiment bien avec Hao-kun, ma ‘tite Sa-chan.
- Tu as de la chance tout de même, Tomoyo-san, grogna Amaya. Elle ne se souvient même plus de mon simple nom. Sa-chan a tout oublié ce soir là.
- Je sais. C’est triste.
- … Je m’excuse.

Le troisième fantôme eut un regard de biais vers Amaya, puis reporta son regard sur la silhouette des deux adultes.

- Si je n’avais pas été aussi imbécile…
- Elle n’aurait pas maîtrisé le Gobosei. Elle n’aurait pas intéressé Hao, ni connu Aï, Toma et Tomoyo. Et le monde serait bien plus sombre aujourd’hui. Tout arc-en-ciel existe parce qu’il y a eu du soleil ET des nuages auparavant.
- … C’est vrai, mais…
- Haru-san. Tais-toi, veux-tu ? L’arc-en-ciel est né. Laissons-le s’épanouir. Ils n’ont plus besoin de nous. Sayonara, Amaya-san.
- Mata nee, Tomoyo-san, Haru-san.

Et Amaya se retrouva seule.
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- Mais alors… Toi et ‘To-san allez mourir ?
- Oui, ma chérie.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tes pouvoirs sont énormes et qu’ils font peur à ton père. Je suis désolée.
- Et je vais tout oublier ? Même maintenant ?
- Oui. Et c’est pour ça que je te raconte. Comme ça, quand tu oublieras, tu auras tout de même un vague souvenir de ton caractère de maintenant.
- Parce que je vais changer ?
- Oui. Enormément, même.
- … C’est quoi ton pouvoir, Oka-san ?
- … Celui d’Aï, en plus développé. Je peux voir le futur, et c’est pour ça que je sais tout ça.
- D’accord… Et… Et ce garçon, Hao, c’est vraiment avec lui que j’aurais des enfants ?
- Oui.
- … Il a l’air gentil.
- C’est toi qui le rendras gentil.
- … Ah… Mais… Quand est-ce que papa reviendra de voyage et se fâchera contre moi ? Dans longtemps dis ? Dans très longtemps ? J’veux pas t’oublier, ‘Ka-san.
- Je suis désolée, ma chérie. Il rentrera dans une vingtaine de minutes, mais tu ne dois pas y penser. Tu vas oublier ce que je t’ai dit.
- … Non ! J’veux pas !
- Tu n’as pas le choix. C’est toujours ce qui arrive à ceux à qui je raconte leur futur.
- …
- … Sayo-chan ?

L’enfant se frotta lentement les yeux, puis fixa ses mains, avant de tourner un visage enfantin vers sa mère :

- … Oka-san… De quoi on parlait, déjà ?
- De rien, petit ange. Ton père va rentrer bientôt.
- ‘To-san ? C’est vrai ? HOURRA !

La future Amaya regarda longuement sa fille. Le futur était sombre pour elle, c’était vrai…
Mais le soleil l’attendait au bout du chemin.