Les malheurs de Gaito

Il est mon opposé et je suis sensé le détester. Sensé. C’est ce que je fais. Je le déteste de tout mon être, cet imbécile qui a toujours eu une vie heureuse, sans soucis, sans problèmes. Il est dans la lumière, moi dans l’ombre, à jamais. Il est plein de joies et moi de douleur. Toujours nous serons séparés par cette barrière, même si un jour nous nous rencontrions « pour de vrai », conscients tous deux de qui nous rencontrions. Jamais je ne lui pardonnerais tout cela, c’est impossible. On ne peut pas pardonner à quelqu’un qui ne peut pas comprendre ce qu’on a vécu. Il est toujours si immature, si plein de vie, et moi tellement vieilli à l’intérieur, si mort déjà.
Il a vécu au dessus de la terre, et moi en dessous, dans les profondeurs, scellé pour ce qui semblait être toujours. Sans l’intervention d’une sirène, ce serait encore vrai. Sans l’intervention d’une autre, sa vie à lui se serait finie. Ou bien il aurait coulé jusqu’à moi et nous nous serions vus, encore trop enfants pour se détester. Mais le destin en avait décidé autrement et il a été sauvé.
Il a connu la chaleur de deux parents présents pour lui et uniquement pour lui. Cédant sans doute à ses moindres désirs. La seule tendresse que j’ai ressentie, c’est une estropiée de la vie qui me l’a prodiguée. Et je ne ressens pas la même chose pour elle qu’elle ressent pour moi. C’est tout ce que je sais. Je serais toujours différent, rejeté, alors que lui se fond toujours dans la masse des humains, peut-être plus beau ou plus doué que les autres, mais humain. Pour toujours.
Le soleil et la lune. Peut-être la comparaison la plus proche de la réalité, pour nous deux. Il en sera ainsi éternellement. Je le sais.

Mais, en même temps…
En même temps…

Il est mon autre moitié, mon double, dans un sens. Si nous n’étions pas si différents, nous ne serions pas les Jumeaux Maudits du clan des Panthalassiens. Si nous avions vécu la même chose, nous ne serions sans doute pas ce que nous sommes aujourd’hui. Et ce ne serait pas forcément mieux. Mais pas forcément pire non plus.
Je suis peut-être mature d’apparence, mais je sais mieux que personne que ce n’est qu’une façade. Et lui, il a peut-être l’air d’un imbécile fini, il est quand même assez intelligent parfois, de temps en temps. De temps en temps. Ben quoi, on peut toujours rêver…
Nous avons tous deux un lien privilégié avec la mer. Lui le trouve dans le surf, bien que soit un sport imbécile. Et dans l’amour qu’il porte à cette sirène qu’il ne sait toujours pas si proche. Moi, ce n’est plus la peine d’expliquer ma proximité avec cet élément liquide. Elle m’entoure, que ce soit celle qui garde le château, les sirènes que j’ai capturées pour celle que j’aime, et même elle en vient, de cette mer sur laquelle je suis sensé régner.
Nous sommes tous deux amoureux de deux sirènes. Deux Princesses. Deux cas normalement impossibles. Deux Panthalassiens, du clan maudit, avec deux Princesses Sirènes qui vénèrent la déesse des Océans, Aqua Regina, que je déteste. Deux amours qui n’auraient pas dû exister… C’était la première fois que je ressentais un quelconque sentiment autre que la tristesse ou le manque. C’est peut-être pour cela que j’ai tout fait pour que ce sentiment continue d’exister sans se détériorer. Que j’ai tout fait pour la garder, la Princesse que j’avais trouvée.

Finalement, notre différence est peut-être une chance…
Qu’est ce que je raconte ? Il n’est qu’un gamin pourri gâté que je dois détester. A jamais. Pour toujours. Eternellement.
A moins qu’un jour…

Il est là.
Comme toujours, si près de moi.
J’ouvre les yeux.
J’ai encore rêvé de lui…
J’ai essayé de l’oublier, vraiment. Vraiment ! Mais il n’a pas voulu. Je me souviens trop de lui, de sa présence, de son caractère, de sa souffrance…
J’ai essayé de
A chaque fois que je pense qu’il est enfin sorti de ma vie, il réapparait devant mes yeux. Que ce soit un songe, une allusion maladroite d’une amie ou un regard qui ressemble au sien, son image se superpose au monde environnant.
Je ne sais pas ce que je ressens pour lui.
J’avoue que je préférerais qu’il soit encore là. A rire de moi. A rire, en un sens, avec moi. Car il a été là, presque depuis le début de l’aventure, et jusqu’à sa toute fin, ou il a sauvé mes amis. Il m’a sauvée. Sans regretter que je sois dans les bras d’un autre, sans s’en formaliser, avec le sourire.
Sourire
Et pourtant il devait souffrir. Car je suis sûre qu’il était sincère avec moi, à présent. Quand il disait m’aimer, et que je le repoussais. Je pensais que je le détestais, à cette époque. J’étais si bête…
On ne se sacrifie pas pour les personnes qu’on n’aime pas réellement. Et pourtant il a souri et nous a tous renvoyés sur terre.
Oh que j’aimerais m’être réveillée à ce moment-là, m’être échappée des bras de celui qui m’aimait pour le rejoindre… Rester avec lui dans cet endroit qui menaçait de s’effondrer sur la ville… Avec lui et les deux autres, et puis partir au loin, plus loin que les étoiles…
Avec lui.
Toujours et encore je n’ai que cette pensée. Vivre autrement, différemment, avec lui. Être là-haut, sur une étoile. Avec juste le sentiment d’être heureux ensemble, et non ce poids sur ma poitrine, que je supporte de plus en plus mal. Je respire étrangement, à un rythme saccadé, comme si je venais de courir un marathon. Je sens que je m’affaiblis de jour en jour. Mais…
Mais JE NE PEUX PAS MOURIR.
Je ne peux pas, c’est ainsi, je suis ainsi. Je veux le revoir avant. Juste une dernière fois… Avant que mon souffle ne s’épuise, avant que ma vie s’achève, faites moi juste cet ultime cadeau. Simplement ça. Je vous en prie. Je crois bien que ce sentiment… Je crois bien que je ressens quelque chose pour lui.
Ce n’est pas une quelconque maladie passagère, s’il ne vient pas je vais mourir. Toute seule. Seule à jamais, dans la vie comme dans la mort.
Je soupire encore une fois, songe tristement que cela fait un an déjà. Un an que je vis au ralenti, attendant son retour comme les fleurs attendent le printemps.
Est-ce qu’il est triste, lui aussi ? Est-ce qu’il pleure encore en pensant à moi, comme il a pleuré cette nuit là ?
Je n’en sais rien.
Je veux qu’il vienne. Viens. Avant que le jour ne prenne fin. Avant que la nuit ne m’emporte. Viens.
Je n’ai pas tenté de
Je ne sais pas pourquoi c’est lui que je veux voir. Je n’en sais rien. Je veux juste savoir pourquoi il me hante depuis sa disparition. Il est si présent alors qu’il est si loin, et était si loin lorsqu’il était tout proche…
Comprendre ce que nous
Je me relève. Mon souffle et rauque et je sens que je suis fatiguée. De tout. De la vie. De ce qui est sans être, puisqu’il n’est pas là. Mais s’il ne revient pas il ne saura pas. Alors viens.
Ressentions tous les deux.
Je marche en trébuchant sur le chemin qui mène à ton ancienne base. Située dans la forêt. Que nous avions longtemps cherchée sans la trouver. Je respire par saccades. Tout semble se ralentir autour de moi.
Mais JE NE PEUX PAS MOURIR.
Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne veux pas… Pas toute seule, pas ici… J’espère encore qu’il viendra… Je trébuche pour de bon et je m’affale sur le sol. Incapable de me relever. Je sais que j’ai tort d’encore espérer quelque chose, d’encore espérer quelqu’un. Je ne suis qu’une gourde, un chaton perdu… Qui n’aspire qu’à une chose : retrouver son maître. Je me retourne sur le dos, tremblante. La neige commencerait elle à tomber ? J’ai toujours aimé la neige. C’est si beau… Si calme… Si chaud…
Je me souviens d’un jour où je pleurais sous la neige. Je pleurais parce que je croyais avoir trouvé l’amour. Et maintenant je pleure l’avoir si longtemps cherché, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
J’hésite à fermer les yeux. Je ne sais pas s’il serait content que je sourie de contentement. Je vais juste dormir un peu, ici, sans bouger, sous la neige qui tombe drue désormais… Sans remuer un cil… De toute façon personne ne me cherchera… Je vais juste me reposer un instant, en attendant que mon souffle s’apaise…
Personne ne me cherchera…
Je ferme les yeux.
Kisshu, j’aurais tant voulu t’aimer…


Elle n’est pas chez elle. Tout le monde est inquiet. J’ai appris qu’elle a beaucoup souffert et beaucoup mûri, cette année. Je me demande ou elle est. J’ai peur qu’elle n’aie fait une bêtise. Qu’elle ne m’ait pas attendu.
Je veux
J’espère qu’elle va bien. Il neige. La neige… C’est joli, mais c’est meurtrier aussi. On peut mourir de froid. J’ai déjà vu quelqu’un s’endormir paisiblement dehors dans le froid glacé, attendant la mort, mais j’étais différent. Mauvais. Et pourtant cette vision m’avait tellement ébranlé. Ichigo, tu ne veux pas mourir au moins ? Réponds-moi. Je t’en supplie.
Entendre encore une fois
Je continue de voler, cherchant dans tous les endroits ou elle aimait aller. Je cherche. Je vais la retrouver. Je n’ai pas le choix. Je dois la retrouver. Elle me rejettera si elle veut, mais je dois encore lui dire. Je dois tout lui dire. Encore une fois. Recommencer, avec un espoir d’avenir. Tout échec est père de victoire. Sauf que là, j’ai peur de faire match nul… Pour disparition de l’adversaire.
Le son mélodieux de ta voix.
Je veux la retrouver, pourtant je n’y arrive pas. Je me suis posé, je cours, je te cherche. Attends-moi. Ne cherche pas à partir toute seule. Je t’aime bien trop pour ça. Attends-moi. Je peux t’aider. Attends-moi.
Mais TU NE PEUX PAS MOURIR.
Si tu meurs je te rejoindrai. J’espère que ce n’est pas ce que tu veux.
La neige glisse sur mes joues, me brouille la vue, un épais brouillard envahit la ville et mon cœur. Je dois la trouver. Dis-moi où tu es ! Je l’ai cherchée partout. Partout où elle aimait aller. Je veux la protéger… Je dois la protéger…
Je suis revenu, enfin… Je pensais revenir surtout pour Taruto et Paï, mais… Savoir qu’elle était seule… Qu’elle pleurait souvent… Qu’elle venait de disparaitre m’a tout fait oublier. Je ne sens pas la morsure du froid sur mes bras nus. Je cours. Où peux-t-elle être ? Il parait qu’elle était malade. Elle n’aurait pas dû sortir par ce froid ! Elle doit vivre, elle doit être en vie ! Je le veux. C’est tout ce que je veux en ce moment. S’il te plait. Onegai !
Tu n’as jamais su
Je m’effondre, épuisé. Je n’ai pas su la trouver ! Je suis devant notre ancienne base. Blanche de neige. Le petit banc que j’avais cassé dans un accès de colère à dû être remplacé, car je vois que la neige est plus haute à cet endroit.
Au combien
Je me mets à pleurer. Je ne pleure pas souvent. Mais pourquoi est-elle sortie ce soir ? Oh mon dieu que je l’aime. Je veux qu’elle soit en vie. Dites moi qu’elle va bien, qu’elle est rentrée, que je me fais du souci pour rien. Je veux qu’elle aille bien. Même si je dois l’oublier pour cela.
Je t’aime.
J’ai mis du temps n’est ce pas ? A comprendre qu’aimer signifiait comprendre et non posséder. A comprendre que si pour ton bonheur je devais disparaitre je devais m’y plier. Je devais m’en aller, si cela te rendait heureuse. J’ai bien compris la leçon n’est ce pas ?
Mais TU NE PEUX PAS MOURIR.
Je ne veux pas t’oublier, de toute façon cela m’est impossible. Je vais m’étendre là, et fermer les yeux… Jusqu’à ce que je meure… Car cela ne te fera rien n’est ce pas ? Je vais me mettre contre le banc… Seul…
La neige semble l’avoir recouvert entièrement… Bah… Il en sera sans doute de même pour moi… Je ne sens plus rien, tout parait si irréel… Si blanchi par la neige qui tombe… Si différent de tout ce que je connais… Si pur… Trop pour moi qui suis mauvais…
Je vais mourir, seul dans la neige… Sans toi… Je m’éteins doucement… Pas envie de me réveiller… Je me cale contre le banc et je m’endors dans sa douce chaleur…
Minute.
Un banc. Chaleur. Y a un truc qui va pas là dedans. Je me redresse d’un bond et je creuse dans la neige à moitié fondue pour découvrir un corps.
Non, pas un corps. Son corps. Les joues bleuies par le froid. Alors je la prends dans mes bras, entre dans la base et la frictionne. Elle doit vivre. Elle doit vivre. Elle doit vivre !
Un long moment passe.
Quand j’ai presque perdu espoir, je vois soudain ses yeux s’ouvrir doucement.
Enfin.
Alors j’ai murmuré je t’aime.





J’ai essayé de sourire avec lui.
Je n’ai pas essayé de comprendre ce que nous ressentions tous les deux.
Je veux entendre encore une fois le son mélodieux de ta voix.
Tu n’as jamais su au combien je t’aime.

Fragments de cœur…

Mais JE NE PEUX PAS MOURIR.
Je ressens quelque chose pour lui. S’il est triste…
Mais JE NE PEUX PAS MOURIR.
Toute seule je pleure, sans personne…
Mais TU NE PEUX PAS MOURIR.
Tu dois vivre !
Mais TU NE PEUX PAS MOURIR.
Seul je m’endors…

Fragments d’âme…

Kisshu, j’aurais tant voulu t’aimer…
Alors j’ai murmuré je t’aime.

Fragments d’un tout qui s’est retrouvé

Je m’appelle Kisshu.
Simplement Kisshu.
Peu de gens savent exactement ce que veut dire mon prénom.
Pour ces personnes, Kisshu est un cyniclon, ancien ennemi des µµ, rival d’Aoyama et –je devrai dire enfin, depuis le temps- petit ami d’Ichigo.
Génial.
J’étais, jusqu’à ce matin, le cyniclon le plus heureux de la terre. Facile, il n’y en a que quatre. Mais bon, quand même, j’étais très chanceux, ça on peut le dire.
Cela fait… Deux ans maintenant que je connais Ichigo.
Un an que je suis mort pour elle de la lame de son cher Aoyama, puis ressuscité et parti sans espoir de retour. Essayant vainement de me réjouir pour elle. Après tout, elle était vivante, ça devait me suffire.
Simplement, je ne suis pas le seul cyniclon. J’ai deux amis, anciens rivaux d’ailleurs, qui étaient avec moi sur terre. Et Taruto et Paï, puisqu’ils se nomment ainsi, sont eux aussi tombés sous le charme de certaines µµ.
Taruto et Pudding s’entendent très bien, et on a plus qu’a espérer qu’ils se rendront compte qu’ils s’aiment.
Paï et Létasu sont eux aussi en bons termes, mais à cause d’un benêt blond, il faudra beaucoup de temps pour qu’ils se trouvent eux aussi.
Moi, j’avais moins de chance, du moins le pensais-je. Je pensais trouver Ichigo en train de roucouler avec son cher Aoyama, Masaya de son prénom, mais je me trompais. Apparemment, le « cher » Aoyama avait décidé qu’il valait mieux que Koneko-chan, et s’était brusquement envolé, laissant Ichigo en pleurs. Et puis… Ses amies, Paï et Taruto avaient fait A+B=C et voila comment Ichigo et moi étions devenus plus qu’amis. Et dire que pendant un an elle avait repoussé mes avances, et maintenant elle s’était jetée dans mes bras.
J’en ai de la chance…
Avais. J’en avais de la chance.
Parce que voila, Ichigo a des parents plus que spéciaux. Sa mère, d’accord, elle est gentille, mais son père… Déjà, quand il m’a vu pour la première fois, il a commencé par crier pendant un quart d’heure en demandant mon identité à sa fille. Puis il a clamé que j’étais un extra-terrestre et qu’Ichigo n’avait rien à faire avec moi. Et il s’est brusquement calmé en apprenant… Que je détestais Aoyama. Drôle de bonhomme…
Mais après, il a voulu m’emmener avec eux, aux « sports d’hiver ».
Donc un long trajet, en voiture.
Voiture.
Ai-je précisé que les cyniclons sont de nature claustrophobes ?
J’ai dit à Koneko-chan que je pouvais venir par mes propres moyens. En me téléportant. Et ainsi, je n’aurais pas à supporter le trajet.
Elle a refusé. Tradition familiale, il parait.
C’est ça. Trajet de deux-trois heures en voiture fermée, dans un espace si exigu qu’on ne peut même pas se lever, sacrée tradition.
Surtout que je m’amuse beaucoup, entre le feu croisé des questions sur ma famille, mon origine exacte –si je dis la Terre, me croira-t-il ? Pas sûr- et l’historique de mes relations avec sa précieuse fille.
Dois-je vraiment raconter la vérité ? Vu le regard furibond d’Ichigo, je ne pense pas que ce soit nécessaire.
Je regarde l’heure. Fichue heure humaine, à peine un quart d’heure s’est écoulé depuis le début du voyage.
J’ai toujours été très chanceux.
[…]
Ah, maintenant faut que je « skie ». Enfin, le vendeur m’a proposé un « snowboard », qui d’après lui me conviendrait mieux.
J’adore.
Je suis très, très content.
Je regrette de ne pas avoir étudié les us et coutumes humaines plus en détails… Que fait Paï quand on a besoin de lui ?
Bref, Koneko-chan a pris des skis, et ses parents aussi. Pourquoi ils ont deux planches et moi qu’une ? Je sais pas skier moi !!
Piste verte. C’est quoi le rapport ?
Je mets les fixations, comme le vendeur m’a montré, et j’essaie d’imiter Ichigo. Sauf que ça marche pas pareil, et je me plante en beauté. Super, super, super.
Je recommence, réussis sur environ dix mètres et re-chute. Je progresse.
Bon, si j’essayais un sans faute ?
Hm… Pas si sans fautes que ça, mais je suis fier de moi, quand même. J’ai réussi la verte !
Prochaine étape, la remontée mécanique. J’ai failli m’étaler au démarrage, le temps qu’il nous a fallu pour monter était aberrant, et je me suis écroulé à l’arrivée sous l’œil un peu hilare d’Ichigo et de ses parents.
Mouais, c’est ça, moquez vous. Comme si j’avais eu le choix.
Maintenant, il faut que je skie en lignes droites, sans virages, pour avoir assez d’élan et atteindre la bleue. Encore super.
J’essaie.
Et ces bosses me font légèrement paniquer…
…
Je crois que j’ai loupé la bleue. … C’est pas un panneau noir, ça ?
Piste noire… Noire… Qu’est ce que ça veut dire ?
‘Tendez trente secondes, j’essaie de me souvenir.
Verte, très facile.
Bleue, facile.
Rouge, difficile.
Noire… C’était quoi déjà ?
Arrgh… Je me souviens, les pistes signalées noires sont les plus difficiles…
Et j’arrive à peine à faire les vertes…
Au secours…
Bon, maintenant que je suis dedans, j’ai plus qu’a essayer de me débrouiller, en espérant très fort ne pas arriver en morceaux en bas… Eh mais !
Je suis un cyniclon, non ?
Bah alors, j’ai qu’à utiliser mes pouvoirs cyniclons !
Shimatta, ils sont en bas et ils regardent.
Peux plus utiliser mes pouvoirs.
Adieu monde cruel…
J’y vais…
Yahoooo !
C’est génial !
Bon, ok, je suis à la limite de l’évanouissement et je risque de tomber à tout moment, mais c’est génial !
Mais, c’est que je vais y arriver moi ! Je suis presque à la fin…
Et voila, j’ai fini !!
Ils ont l’air plutôt impressionnés, maintenant. Cool. Le paternel va peut-être finir par me laisser tranquille…
Sauf que le moment de grâce passa, je m’emmêlais les pieds et m’écroulai dans la neige. Froide.
Et là, je suis sans doute moins crédible.
Bah, c’est toujours ça, j’ai apparemment réussi la piste la plus dure du domaine, et même M. Momomya ne l’a jamais tentée.
Je suis rentré une semaine après.
Eh ben, croyez le ou non, mais c’est grâce au snowboard que j’ai réussi à obtenir ce que je voulais plus que tout.
Ichigo.
いちご

« Duuuuuuuuuuut … »
Un sifflement continu s’échappe de l’appareil de tension cardiaque de Risa Harada. Daisuke Niwa, Satoshi Hiwatari et Riku Niwa anciennement Harada, suivis de Dark Niwa, se précipitent dans la pièce.
Le médecin arrive peu après, mais ne peut que constater l’heure du décès.
« Risa Harada, repose en paix. »
C’est Satoshi Hiwatari qui vient de parler, les autres sont trop choqués.
Risa Harada, le premier amour de Daisuke Niwa.
Risa Harada, la sœur jumelle de Riku Niwa.
Risa Harada, l’amoureuse éperdue de Dark, le grand voleur fantôme.
Daisuke Niwa ouvre grand la fenêtre, comme pour libérer l’âme de la défunte.
« Dark, attends-la. Elle vient te rejoindre. »
Riku Niwa, en pleurs, le rejoint.
« Dark, Risa… Vous êtes heureux maintenant, n’est ce pas ? »
Et une brise légère vient sécher les larmes qui coulent sur leurs joues, comme pour acquiescer.

Tout était si sombre… Pourquoi… Pourquoi était-elle encore en vie… Personne d’autre n’avait survécu, apparemment… Pourquoi…
Pourquoi l’avait-il épargnée …?

Il la savait juste à côté de lui, créature insignifiante, presque morte déjà, inutile et parasite. Sans même la regarder il lui devinait une expression d’incompréhension. Cela le fit sourire.

The silence of the night
The nightmare of Hells
Pretty butterfly, why are you crying?
Pretty angel, why are you so sad?
I’m here, come with me now

Pourquoi…
Yoh, Manta, Ryo, Ren, Jun, Chocolove, Horo-Horo et tous les autres… Etaient-ils vraiment tous morts ?
Et elle, était-elle vraiment en vie ?
Tout cela n’était-il qu’un cauchemar, qu’un enfer, qui s’évanouirait à son réveil ?

Il partit même d’un grand rire en fouillant les pensées d’Anna. Cette faculté de pouvoir se rassurer avec de fausses illusions l’étonnait un peu… C’était pathétique.

- Tu es pathétique.




Brusquement, elle se rendit compte qu’il était là, assis à côté d’elle, car il venait de parler. Il. Celui qui avait provoqué ce cauchemar.
Asakura Hao.
Un garçon de l’âge d’Anna, aux longs cheveux bruns. Toujours vêtu de sa grande cape beige. Le possesseur de « Spirit of Fire », l’Esprit du Feu.
Le jumeau de Yoh, détenteur d’un pouvoir presque infini, et nouveau Shaman King, sans doute. Elle tenta de se relever, de le frapper jusqu’à mourir elle aussi, mais sentit qu’elle ne pouvait bouger. Pourquoi ?
La réponse était simple. Il l’en empêchait, tout en faisant semblant de ne même pas l’avoir vue.
Assis, le menton sur les poignets, le regard au loin, le jeune Hao ressemblait à une sculpture ancienne, tellement il était immobile.
Bien qu’immobile, la grande blonde eut la force de lui lancer, haineuse :

- Yurusenai… Zettai ni… Watashi wa zettai ni yurusenai…
- Mais je ne demande pas de me pardonner, Anna.

Il sourit.
Elle grinça des dents et respira lentement avant de demander.

- … Pour… Pourquoi… Pourquoi moi… Asakura Hao… ?
- Parce que, toi.

Réponse cynique au possible. Il n’avait pas bougé d’un centimètre. En effet, il ne savait pas.
Pourquoi n’avait-il pas pu tuer la fiancée de Yoh ? Pourquoi l’avait-il inconsciemment protégée de son feu destructeur ? Il n’en savait rien.
Il savait juste qu’elle était à sa merci, là, étendue à plat ventre sur le sol.
L’idée lui plaisait bien.

- Il n’y a pas si longtemps, tu m’as giflé, tu te souviens ?

Il lui souleva le menton, et la regarda enfin.

- Oui. Mais ça n’a pas suffit… Pour t’apprendre… Les bonnes manières, à… A ce que je vois.



- … Tu as donc… Réussi. Quel effet ça fait… D’être le destructeur de l’humanité ?
- … Je n’ai encore rien détruit, à part Yoh ceux qui se sont mis au travers de ma route.
- Ils n’étaient pas rien !
- … C’est toi qui le dis.

Il ne la regardait plus, à nouveau plongé dans ses pensées, et elle tentait toujours de se relever, pour réussir à se mettre à quatre pattes.

- … Voudrais-tu de l’aide ?
- Si… C’est une invitation… Sache que… J’en veux pas.

La respiration sifflante et saccadée de la jeune fille sembla le toucher, au moins un peu. Il leva de nouveau vers elle ses yeux sombres, et aperçut la tâche écarlate au niveau de son bas-ventre... Anna était mourante…
Mais il n’avait pas voulu cela…
Qui avait pu… ?
Il voulut toucher la plaie pour la guérir mais elle recula.




- Je ne suis pas… Un jouet que tu manipules à ta guise… Hao.
- … Non, tu n’es pas un jouet quelconque, ça on peut l’avouer…

Il tendit la main et la posa lentement sur la tête d’Anna, qui se débattit furieusement.

- … Tu m’amuse.
- … Et toi tu me sous-estimes.



Il allait reprendre quand une fine pluie de cristaux blancs commença à tomber. Anna leva péniblement la tête vers le ciel.

- Yu… Yuki…
- Eh oui, c’est de la neige. Tu n’en as jamais vu, ou quoi ?

La jeune fille pleurait, tout en souriant faiblement.

- Yoh… Il m’a dit, un jour… Que tant que la neige tombait quelque part il y avait de l’espoir. Et moi… Moi je veux y croire.
- … Ah oui ? En quoi la neige va t’aider, exactement ?



Elle se releva lentement, en chancelant de temps à autre, puis saisit son collier et le brandit devant elle.

- Le nom de mon espoir, c’est Asakura Yoh. Ta moitié. Et c’est pour lui que je vais te battre !

Je m’appelle Amaya, pluie nocturne, et je suis la +Anima de l’aigle. Quand je suis en danger, ma marque –deux petites ailes sombres sur mon dos- s’activent et deux grandes ailes blanches sortent de mon dos.
Mes parents, horrifiés de cette tare, m’ont abandonnée quand j’avais deux ans. Je me souviendrai toujours de cette froide nuit d’hiver, où j’étais assise devant cet arbre, et où ils m’ont dit de ne plus bouger et de laisser la neige me recouvrir.
« C’est mieux ainsi », m’a dit ma mère en souriant. Comment a-t-elle pu faire ça ? Comment pouvait-elle me détester à ce point ? Je n’en sais rien, et ne le saurai sans doute jamais. « Reste là, c’est pour ton bien. »
Mais je n’ai pas obéi. Je me suis relevée, j’ai couru derrière eux, les appelant sans cesse. « Oka-san ! » « Otto-san ! »
Trébuchant sans cesse dans la neige, j’ai laissé ma marque s’activer, alors que je faisais toujours très attention à ne pas sortir mes ailes. Je les ai suivis, mais ils m’ont lancé des pierres. Alors je suis tombée, et je me suis évanouie, mes ailes déployées autour de moi comme une couverture. En me réveillant, j’ai vu que le jour se levait, le blizzard avait disparu. Je me suis envolée et j’ai volé longtemps, très longtemps.
J’ai fini par atteindre une pauvre chaumière, où vivait un couple âgé. Ils m’ont recueillie, nourrie, logée, habillée, et j’étais très heureuse. Ils me traitaient comme leur fille, et moi comme les parents que je n’avais pas eu. Cela aurait pu durer très longtemps. Malheureusement, un jour, je me suis cognée et évanouie. Ma nouvelle mère à voulu me ramener dans mon lit et me mettre en pyjama. Ils découvraient à leur tour ma marque et ma différence.
J’avais très peur de leur réaction, et je me suis enfuie. Sans prêter attention à leurs cris qui me suppliaient de rester.
J’aurais dû les écouter. Revenir et rester avec eux, avec leur tendresse. Dans le monde extérieur, le vrai monde, les gens se méfient de moi, ils me détestent. J’ai demandé à travailler.
« On ne veut pas de Kimu un Kuru ici. »
« Les +Anima ne sont pas les bienvenus. »
Mais je ne suis pas méchante ! Je suis juste différente. Je suis pourtant née non loin d’ici, je ne suis pourtant pas une Kimu un Kuru. Mais je suis différente.
Je suis brune et mes cheveux sont toujours tressés en deux nattes. Mes yeux sont, eux aussi, sombres. Tout cela fait croire aux gens que je suis une Kimu un Kuru, et ils vont jusqu’à me déshabiller pour trouver ma marque.
Je me sers de mon pouvoir pour voyager. Je cherche d’autres +Anima, rejetés comme moi peut-être. Il y a, j’en suis sûre, un endroit où je pourrais vivre en paix.
En attendant de trouver cet endroit, je vivrai comme la pitoyable +Anima que je suis.
Et peut-être qu’un jour, quelqu’un trouvera que mes ailes sont celles d’un ange…