Les malheurs de Gaito

- Et tu l’as laissé revivre ? Gekired ! Quel idiot tu es.
- Vous autres ne pouvez vraiment rien faire sans Ryo-sama, n’est ce pas ?

…

- Ce n’est pas n’importe quelle technique ! Ces deux personnes ne seront jamais ressuscitées.
- Elles vivront pour toujours dans un éternel enfer !
- … A vrai dire, je me fiche totalement de finir en enfer. Ou plutôt… Je compte y emmener ce détestable Dragon !
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Jan ne se sentait pas très bien. Aujourd’hui, jour déclaré de son anniversaire, il pensait à son éternel rival. Après tout, cela faisait un an jour pour jour que Ryo et Mele avaient ressuscité, pour mourir juste après. Et vivre toujours dans les limbes.

Comment était-ce ? Un grand couloir sans fin ? Un endroit entièrement sombre, comme la Dokokugan ?
Rien de bien drôle en tout cas. C’était vraiment pas juste… Ils n’étaient même plus zowazowa. Juste… Munimuni. Raah, c’était énervant.

Et quand Jan était énervé, il ne faisait plus rien de bien. Même son meilleur élève, Jun, n’y comprenait plus rien.
Il recommença à se taper la tête contre les murs.

- Il ne va pas bien, j’ai eu Jun au téléphone. Il regarde les bracelets des Kenma toute la journée sans rien faire.
- En cette période de l’année, c’était couru.
- Ca me fait penser, Retsu : Hiroto et les autres ont appelé. Tu penses qu’on pourrait les inviter au SCGTC ?
- Avec nos élèves ? Pourquoi pas. Et puis ce sera intéressant pour les petits.

Ran et Retsu se sourirent.

S’ils se doutaient de ce que ledit Hiroto, Miu et Shafu leur cachaient, ils souriraient sans doute moins, pensa le Kensei. Mais bon, après tout, c’était la meilleure solution pour tout le monde. Ils avaient bien mérité l’oubli…
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- Sousuke !
- Jan, tous ! Ca va ?

Les retrouvailles furent chaleureuses. Ken, Jan et Gou, revenus spécialement pour l’occasion, étaient très heureux de retrouver leurs amis. Jun était présenté à tout le monde, et, même s’ils ne l’avaient que rarement côtoyé, même les Go-ongers reconnurent le ki de Ryo, ce qui monta un peu la tension. Celle-ci redescendit avec l’apparition d’Hiroto et Miu, en retard parce qu’ils devaient discuter avec Shafu.

L’anniversaire de Natsume et Jan fut fêté en grande pompe, même si le Tigre était un peu beaucoup ailleurs.

- Tu continue le Jyuken, Sousuke ?
- Bien sûr, Jan. Et je te promets que si on rencontre un ami de Speedor, je suis sûr qu’il te suivrait partout ! … Munimuni, n’est ce pas ? Je m’en rappelle !
- Hn…

Le mot avait fait replonger Jan. Il resta silencieux toute la fin de journée. Alors qu’il partait vers sa chambre, il entendit la voix de Miu, puis celle de Shafu. Tandis que le Kensei semblait résigné, la jeune femme était énervée.

Le Tigre savait que c’était mal, mais il se plaqua contre la porte et écouta la suite.

- Vous savez que c’est injuste ! Il est tellement… Déprimé ! Il a le droit de savoir !
- Ce sont eux qui l’ont voulu. Si les Rangers étaient au courant, ils ne seraient plus jamais tranquilles. Leurs fautes sont oubliées s’ils sont morts.
- Mais Miu a raison, répliqua la voix d’Hiroto. Il en est malade. Pour lui, c’est de sa faute ! Sans le dire forcément à tous, il faudrait mettre Jan au courant…
- Est-ce que vous savez au moins où ils sont ?
- Bien sûr que oui. Ryo et Mele sont à Hokkaido, comme Hiroto l’a vérifié avant de venir ici.

Jan ouvrit de grands yeux, et crut tomber par terre. Brusquement, il prit la fuite.
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- Ore no munimuni… Hokkaido… Vivants… Pourquoi ils m’ont rien dit ? Je… Aaah, ujanujan daaa… Je… Comment…

Planqué sur un arbre de sa forêt, revenu à son stade le plus primaire – pagne brun et batailles avec les pandas – le Tigre était vraiment mal. Il ne comprenait pas. S’ils étaient vivants, pourquoi être partis comme ça ? C’était injuste. Il devait le savoir !

Il aimait bien Mele. Et Ryo… Etait… Sûrement son équivalent à lui de Dan. Son éternel rival. La personne qu’il fallait sans cesse surpasser.

Il alla jusqu’à la mer. Utilisant le GekiShark, il plongea dans l’eau et commença à nager. Vers Hokkaido. S’ils y étaient, il voulait le savoir. S’ils n’y étaient pas, il… Verrait. Mais s’ils y étaient, il leur demanderait de sérieuses explications.

Une fois débarqué sur l’île, il se rendit compte de sa bévue. L’endroit était vaste et lui ne savait même pas où chercher. Le Tigre monta donc vers les hauteurs, puis se concentra. Il laissa son cœur chercher une énergie pareille à celle de ceux qu’il cherchait.
Après deux bonnes heures de recherche, il crut entendre une voix. Très lointaine. Juste l’écho que cette voix laissait dans la conscience qu’il avait trouvée.

- Mele ?
- Ryo-sama !
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Le Tigre avait couru. Couru et couru. Puis il s’était arrêté devant une maison. Une maison assez simple, devant laquelle quelques enfants discutaient.

- Master Ryo fait peur parfois.
- Quand il se réveille surtout ! Il n’y a que Master Mele qui peut le calmer quand il s’énerve.
- D’ailleurs il parait qu’elle est pas vraiment humaine ?
- N’importe quoi ! Une fille pas humaine super expressive et un gars humain plus froid qu’une statue ? L’amour impossible ? Des trucs de gamine. Ce qui compte c’est que ce sont des véritables Maîtres !

Une fillette ajouta son grain de sel.

- Ils vont trop bien ensemble ! Mais Master Ryo déteste que l’on le lui dise. C’est bête qu’il soit comme ça, Master Mele est beaucoup plus gentille.
- Pff, bien un truc de fille l’amour. Tout ce que je sais, c’est que question entrainement, ils sont aussi durs l’un que l’autre !

Jan écoutait, subjugué. La description collait parfaitement. C’était vraiment eux alors ? Il ne comprenait toujours pas comment c’était possible, mais… Ca l’était. Et cela le rendait… Enfin… Wakiwaki. Mais aussi en colère. Il ne savait pas.

La seule manière de savoir était de voir.

Dépassant le groupe, il poussa la porte. La maison était silencieuse. Traversant quelques pièces qui étaient alternativement sobres et décorées à l’extrême, il finit par trouver une dernière porte, qui donnait sur un jardin.

Et là…

- Ryo-sama, on est en parfaite synchronisation ! Au fait, une de mes élèves, Damuko, semble posséder l’esprit d’un Caméléon ! C’est intéressant ! Il fait vraiment froid à Hokkaido, même pour une RinRinshi comme moi ! Vous croyez qu’on pourra aller dans les montagnes cet hiver ? Ah, Ryo-sama…
- Mele. Tu parles trop.

Un brun en plein entrainement, et une jeune femme tout en vert en train de blablater en tordant ses cheveux. Comme avant.
Jan fit un pas en avant, et le bois qui formait la terrasse craqua.

Ils se retournèrent, le virent.

Tout se figea un instant.

- Gekired…
- Kakushitase…
- Ryo. Mele. Ore no… Munimuni.
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- Vous croyez qu’il y est allé ?
- Il y a des chances.

Shafu, Hiroto et Miu discutaient. Soudain, Jun débarqua.

- Où est Master Jan ?
- Parti… Voir d’anciennes connaissances.
- Ah ?
- Oui. En fait, ce GekiWaza qui ressuscite les gens… Sans rien leur demander en retour si ce n’est une journée dans les limbes… Est une totale réussite, Miu.
- Je pense que vous deux êtes de bons Masters du Geki Jyuken.

Niles nettoyait.

- ARGH, le larbin !
- Voyons, Miss Babcock, aviez vous oublié que je vis ici ? Alzheimer frappe tôt.
- Oh, Niles, épargnez moi vos sarcasmes. J’ai vu Maxwell et miss Fine parler ensemble, je suis déprimée.
- C’est la nourrice de ses enfants, c’est normal qu’il lui parle.
- Mais ils parlaient de dormir ! Ensemble !
- … YES !

...

C’était peut-être le moment de lui avouer, une fois pour toutes, que lui, Niles…

- Miss Babcock ?
- … Oui, larbin ?

Ou pas.

- Je dois appeler l’hospice, pour que vous déménagiez ?

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« Uchiwa-sama, Uchiwa-san. »

« Hyuuga-san. »

Lui, à six ans, il était déjà considéré comme un génie ninja.

Elle, à six ans, déjà estimée trop faible pour son rang.

Lui, à dix ans, promis à l’école des Anbus.

Elle, à dix ans, promise à un probable bannissement et sceau de l’Oiseau en Cage.

Pourtant, quand l’héritier des Uchiwa, Sasuke dans son dos, croisait au détour d’une rue la timide héritière des Hyuuga, il ne pouvait s’empêcher de la trouver belle. Du moins jusqu'à ce qu’elle se prenne les pieds dans son kimono bleu.

Et chacun repartait de son côté.


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Sharingan. Rouge. Uchiwa.

Byakugan. Blanc. Hyuuga.

Ce combat n’aurait pas du commencer. Kisame et les ninja du village de la Feuille ne sont pas là. Il n’y a qu’eux deux.

Les héritiers des plus grandes familles de Konoha. Enfin, des deux plus anciennes, car le grand Uchiwa a tué sa famille.

Itachi le génie. Hinata la faible.

Il a vingt ans, elle quinze.

Il maîtrise le combat tandis qu’elle a du mal à ne pas abandonner.

Rouge. Blanc. Elle parle. Il ne répond pas.

Blanc. Rouge. Elle hausse le ton. Il arrête une attaque.

Il sourit. Elle pleure. Ils comprennent.

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La pluie tombe. Il entend le train, encore une fois. Il voit les barrières, sa mère qui est si proche, lui-même tellement rempli de détermination.

Il ne veut pas se voir.

Il ne veut pas savoir ce qui s’est passé, cette fois là. Cela ne l’intéresse pas. Pas du tout. Un instant plus tard, il admet qu’il a peur. Il ne veut pas. C’est tellement plus simple d’être lâche.

« Moi, je trouve que vous êtes des anges ! »

C’est tellement plus dur d’avoir le courage. Mais la lune poussa le chien vers son passé, et Izumi se rappela.

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Il entrainait ses Pokémon. Elle remercia Dieu, Shinji ne la voyait pas. Pas encore. Heureusement.

La petite Hikari était coincée dans un arbre. Accrochée à une branche, elle priait pour que celle-ci tienne. Encore un sublime plan foireux de la Team Rocket… Y’en avait qu’avaient que ça à faire. Mais cela était devenu vraiment moyen quand le garçon aux cheveux violets était apparu.

Si elle tombait, elle tomberait sur l’adolescent, et cela ne lui disait rien. Après tout, ce serait plus gênant.

Et pourtant la branche craqua et elle tomba directement dans les bras de Shinji.

- Eeeeuh… Salut Shinji-kun.

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Elle, l’élève de Tsunade, ne sait pas vraiment ce qu’elle fait là. Il n’y a plus rien ici. Elle y a tué Sasori, mais a part ça…

Soudain il est là. Vivant. Et apparemment pas dans une poupée – mais dans un vrai corps, d’environ trente ans.

La kunoichi qui arrive à peine à ses vingt ans est prête à se battre. Elle est loyale à Konoha, alors que lui a trahi Suna. Missing-nin VS Kunoichi.

En plaçant un coup de poing dans une poupée, elle grogne.

Elle n’aime pas le trouble que le marionnettiste crée en elle. Pas du tout.

« I’ll see you around, Jack. »

Il lui avait dit que les derniers mots de Nathan avaient été ceux-là. Ses dernières paroles pour sa Némésis. Pas pour elle. Avant, Carter lui avait dit que Nathan lui avait demandé de s’occuper d’elle. Mais…

Comment ?

Ils allaient se marier. Se marier, bon sang ! Fargo, dans une gaffe, lui avait révélé qu’il avait voulu le faire à la place du grand brun, mais celui-ci avait refusé.

Refusé. Parce que Nathan Stark était celui qui sauve le monde dans l’ombre, sans se donner en spectacle. Qu’il ne laisse personne mourir à sa place.

Comment avait-il pu faire ça ? Elle lui en voulait. Non, en fait, c’était bien plus que « elle lui en voulait ». Elle le haïssait pour ça.

« Allison, I love you. » Il l’aimait. Il l’aimait et il était mort pour sortir Carter de cette boucle temporelle. Enfin, Carter et eux tous.

Elle serrait Kevin dans ses bras. L’autiste était en état de choc. Nathan était comme son père. Ils étaient une famille.

Une famille ou une personne manquait. Ou il manquait.

Oh oui, Allison souffrait. A cause du froid, caustique et entêté héros, Nathan Stark.

Lundi, le vingt-et-un juin deux mille cinquante.


J’ai cinquante-cinq ans et l’impression d’en avoir le double. C’est une impression très triste.

Je suis enfermée chez moi, dans une maison conforme aux nouvelles normes anti-pollution. Je vis à Tokyo. C’est l’une des deux dernières villes où il y a du pétrole, et le carbone a envahi l’atmosphère.

Durant ces cinquante dernières années, les catastrophes se sont suivies. Attentats, tremblements de terre, tsunamis… Le trou dans la couche d’ozone s’est agrandi et la plupart des pays sont devenus des grandes étendues de terre brûlée.

C’est arrivé à la France. J’étais partie depuis longtemps déjà, heureusement. Certains habitants sont morts là-bas, refusant de rejoindre des endroits sécurisés.

En effet, les deux dernières villes – les Survivantes, comme on les appelle – sont protégées par une technologie nouvelle, qui forme une sorte de cloche au dessus de l’endroit protégé. Malheureusement, cela nécessite trop d’énergie pour l’utiliser sur de trop grands espaces. Et seules les Survivantes ont pu s’acheter ce dispositif.

L’autre Survivante ? New York. Mes parents vivent là-bas. Ils sont partis trop tard, Tokyo était déjà surpeuplée.

Heureusement que l’on a appris à rendre gratuit le réseau. De toute façon, comme personne n’a le droit de sortir de chez soi, personne ne peut plus travailler et gagner de l’argent.

On ne vit pas. On ne survit même pas.

Cloîtrés, on meurt. La Terre est morte, je le crains. A moins d’un miracle.

En effet, la technologie est imperméable. C’est au départ pour empêcher les UV de traverser, mais, malheureusement, ça bloque aussi le carbone, qui reste sous la cloche. L’air est littéralement irrespirable.

Chacun doit vivre dans une de ces maisons – ou coffres forts – aérés par un air pompé en dehors de la ville. Ces habitations ont beau avoir tout le confort possible, elles n’en sont que plus insupportables. Certains préfèrent tenter leur chance avec le dioxyde de carbone qu’avec ces appartements fermés.

Pas moi. Je suis trop lâche.

J’ai cependant de la chance. Ma profession est l’une des seules à pouvoir survivre dans un tel monde. Car j’écris. Ce que je vois, ce que je sais, ce que j’imagine. Quand j’ai un doute, je vais sur le réseau trouver un ami physicien, qui a toujours réponse à tout – et qui me parle avec la délicatesse la plus courtoise.

Ironie quand tu nous tiens…

Je disais donc que j’écris. Des romans, mais la plupart du temps des nouvelles. C’est plus facile à lire pour quelqu’un qui ne fait que parcourir le réseau. Je pourrai dire que j’écris aussi dans l’espoir que si nous mourrons tous, et que ce réseau reste en place, quelqu’un pourra un jour le lire et ne refera pas les mêmes erreurs.

Le problème est que nous nous en sommes rendu compte trop tard. Plus personne ne pouvait rien arrêter. La vengeance de la Terre était en marche. J’ai entendu dire que des volcans naissaient aux quatre coins de la planète. Cependant, ceux trop près des Survivantes sont détournés pour ne pas être un danger.

Je ne vois même plus l’intérêt à cela. Nos dirigeants préfèrent-ils une mort lente à une plus rapide quoique plus effrayante ?

Je suis lâche. Je n’ai plus envie de me battre. Je ne sais même pas si j’en ai jamais eu envie. Je préfèrerai en finir maintenant, mais seulement si quelqu’un d’autre appuie sur le bouton rouge. 2050 n’est pas une année pour les « âmes sensibles », comme ils le disaient dans le temps…

Cela fait un moment que personne n’a plus d’enfants. Ceux qui grandissent, enfermés, ne peuvent rencontrer une quelconque autre personne pour partager sa vie. Ceux qui sont déjà mariés se demandent à quoi serviraient de nouveaux humains.

L’espèce humaine se meurt. Les animaux sont tombés avant nous, mais nous tomberons quand même. La seule intelligence de l’homme est de reculer le plus possible grâce à tous les moyens imaginables avant de sauter.

Pour se sustenter, c’est facile. Des robots qui ne craignent pas l’air pollué cultivent d’immenses champs autour des Survivantes, jusqu’aux limites des zones recouvrables par la cloche. Personne ne sort de chez lui.

Je me demande comment mes parents s’en sortent. Ils ont toujours refusé d’utiliser le réseau, et je ne peux donc savoir comment ils vont. Les ondes téléphoniques sont grillées ou annulées sur le chemin.

Mon père était claustrophobe. Je me demande s’il a supporté l’enfermement. Je n’y crois pas trop. Mais je ne veux pas croire l’autre possibilité non plus.

Bientôt le vent sera le seul bruit sur la Terre. Ce monde qui a plus souffert de notre présence qu’il n’aurait dû sera vide. Vide de toute vie. Comme au tout début.

Après tout, le néant est la base de toute création, non ?

Les Dieux ne ressentent pas d’émotion; ils sont au dessus des faiblesses humaines.

Ils ne versent pas de larmes de tristesse durant les nuits sombres.

Ils ne pleurent pas pour leurs rivales et ennemies…

Ils ne crient pas après quelqu’un qui n’est plus là.

Ils ne rêvent pas de sourires, de gentillesse, de jeunes vierges combattantes, et de mort.

Les Dieux ne tombent pas amoureux d’illuminées aux yeux rouges, et ne les tuent pas.

Hao a fait ces choses, et il se déteste à cause d’elles.

Dieu – Hao – ne ressent pas ces émotions.

Mais pourtant il a mal. Mal d’elle.

Elle est morte. Morte, Severus.

Arrête de te plaindre. Elle avait un gosse. Lui aura a se plaindre. Pas toi.

Le gosse de Lily. Celui de Potter. Ennemi naturel.

Mais tu te fiches du gosse. Lily est morte pour le protéger. Morte pour un gamin d’un an à peine. Elle t’avait demandé de veiller sur lui.

Tu pourrais ruer dans les brancards, refuser de suivre ses vœux. Mais tu es faible. Tu l’aimes. Et tu vas lui obéir.

Elle est morte. Pas toi. Pas encore.

En attendant, tu as des choses à faire…
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Tu n’as plus mal. Tu ne ressens plus rien.

Tu te rappelles vaguement de ton maître, de Nagini, de Potter… Potter ? Ah non. Pas Potter, son gosse. Celui sur lequel tu as veillé toute ta vie.

Il va réussir, tu en es persuadé. Il a intérêt, ou tu viendras toi-même lui botter les fesses.

Mais cela n’a plus d’intérêt. Tout ce qui compte, c’est le froid… L’ombre…

Maintenant tout est calme. Tu vois à peine devant toi. Et encore.

Attends… Il y a quelqu’un ?

Une fille. Elle a les cheveux aubruns, les yeux verts… Deux émeraudes…

Lily. C’est Lily.

Elle sourit.

Tu te sens bien.

Ryo in 30 reflexions :

1 – Mele’s wrist

Apparemment, jouer avec le bras des RinRinshi amoureuses de moi est un passe-temps très apprécié, songe Ryo en voyant Shafu, puis Long, tordre le poignet de Mele. Et il se rend compte que cela ne lui plait pas du tout.

2. Force of the habit

Avant, quand Mele l’ennuyait en blablatant à tort et à travers, Ryo lui disait « La ferme » ou l’ignorait simplement. Maintenant, après tout ce qui s’est passé, il se retient, cherche un moyen de la faire taire, puis laisse tomber « Calme-toi ». Le pire c’est que ça ne l’arrête même pas.

3. Kids trapped in an adult game

Ryo a remarqué que Gekired et Mele étaient aussi infantiles l’un que l’autre. Deux enfants plongés dans une bataille d’adultes. Ils ont les mêmes réactions, les mêmes expressions, le même sourire… Ryo se demande s’il aurait pu être ainsi. Mais c’est un enfant solitaire, contrairement à eux.

4. Ancient friends

Miki songe parfois qu’elle est seule. Oh bien sûr, il y a Natsume, Shafu, les Rangers… Mais Ryo, qui la protégeait, et Gou, qui disait d’eux qu’ils étaient un joli couple, lui manquent. C’était leur rôle de l’aider. Et ils sont partis. Il n’y a plus qu’une photo. Et ces regards, que surprennent parfois Mele ou Shafu…

5. A stupid plan

Long est stupide. Il voulait tuer Mele en face de Ryo, pour détruire ce lien que Ryo avait construit. Mais tuer Mele n’aurait fait que créer un autre lien – tuer Long. Comme quoi les cheveux blonds sont réellement handicapants.

6. Once in lifetime

Jan se sent proche de Ryo, maintenant. Il ne veut pas que l’autre parte – c’est son dernier lien avec son père, son rival… Mais il peut comprendre. Ryo a perdu Mele. Il n’a plus de raison de vivre, et Jan n’a pas le droit de le retenir. Et l’autre l’appelle par son nom – c’est la seule fois où cela arrivera. Ils le savent. Ils sont tellement pareils…

7. Master of fire

Ryo a appris auprès de tous les Kenma et de tous les Kensei. En un sens, il est l’héritier parfait – génie et volontaire. Dans le système des Kenma, Long pense – veut – qu’il ressemble plus à Maku. Un homme de la Terre, sans liens pour personne, uniquement rage. Mais Mele sait déjà qu’il n’est pas comme le Kenma – Ryo est autre. Ryo est feu. Et Mele compte bien se brûler.

8. Nice and kind

Ryo n’a jamais été gentil ou doux avec elle. Pourtant, pour Mele, le monde commence et finit avec lui. C’est juste… Tout. Ryo s’est toujours demandé pourquoi – mais il n’a jamais vraiment compris. C’est stupide d’ailleurs, car maintenant elle est partie et il est de nouveau seul.

9. Rain in his heart

Mele l’a dit – elle fera tout pour arrêter la pluie qui tombe dans le cœur de Ryo. Elle a trahi ses principes, obtenu le DoRinki, volé le SouJyuTou, s’est transformée en Gen Ju Phoenix Ken, s’est battue contre Long jusqu’au bout… Et a la fin, elle a réussi, songe le brun. En le faisant mourir avec elle.

10. Rage and fury

Ryo ne ressemble pas à Maku. Ryo est pratiquement tout son contraire, plus calme, plus silencieux, plus réfléchi. Mais quand Mele s’évanouit en sable dans ses mains, Ryo devient comme Maku. Pure furie. Long devrait apprendre qu’on ne joue pas avec des gens comme l’Ours et le Lion.

11. Same story again and again

Quand Jan a rencontré Shinichi, il a cru revoir Ryo. Tout faire tout seul, refuser l’aide des autres, être agressif. Shinichi a eu la même réaction que Ryo quand Jan a voulu essayer de lui faire comprendre le sens d’amis et de camarades. Et, comme Shinichi avant lui, Ryo a fini par s’allier à eux. L’histoire se répète. Mais Jan continue de vouloir la changer.

12. The avenger

Retsu hait Ryo. Il le hait parce qu’il est mauvais, il le hait parce qu’il est lâche, il le hait… Parce qu’il a tué son frère. Il a tué Gou-nii-san et Retsu ne sait toujours pas pourquoi. Shafu a dit que c’était parce que Gou l’avait provoqué, mais Retsu n’y croit pas. Ryo l’a fait parce qu’il est mauvais. Et Retsu veut le détruire pour ça. Il veut se venger du Lion. Et un jour il y arrivera.

13. Just a man

Pour Ran, Ryo est juste un homme. Un ennemi puissant mais un homme. Et donc il est vulnérable. Même si elle n’y pense pas souvent, elle réfléchit à un moyen de s’introduire dans son repaire et de le tuer. Elle sait que c’est mal de tuer, mais il est injuste, et Ran se bat pour la justice. Après tout, il est juste pitoyable. Il est tombé. Et Ran ne fera rien pour le redresser.

14. Noisy girl in rainy night

Quand Ryo dort, personne ne le réveille. Quand Ryo dort, il revoit ce fameux jour où tout a basculé. Quand Ryo dort, il cauchemarde. Et une seule personne peut le réveiller. Cette personne, c’est celle qui donne tout pour lui, à chaque seconde. Mais quand Mele dort, Ryo ne la réveille pas. Cela lui arrive si peu souvent, et elle est si calme comme ça…

15. First time

La première fois qu’il a vu l’apparence humaine de Mele, Ryo a frissonné. Elle lui rappelait quelqu’un. Comme si, en choisissant une personne si pareille à lui, il avait voulu ramener sa famille. C’était stupide. C’était fou. A la réflexion… C’était humain.

16. Stronger than anyone

Shafu le sait, même la personne la plus douée dans ses étudiants ne ferait pas le poids seul face à Ryo. Ce garçon qu’il a élevé était trop doué. Trop doué pour pouvoir contrôler toutes ses abilités. Il a fini par tomber, celui qui avait réussi les trois épreuves du Kageki. Et pourtant Shafu sait que son Triangle, et Ken, et Gou, le battront. Le sauveront peut-être. Parce que Ryo est seul. Et qu’il l’a toujours été. Seulement, Shafu ne peut concevoir que Mele est peut-être quelqu’un d’important. Sinon l’histoire se serait peut-être passée différemment.

17. Beautiful fighter

Quand Natsume regarde sa mère s’entrainer, elle la trouve magnifique. Mais elle ne le dit pas. Natsume est solitaire, elle pense qu’elle peut tout faire toute seule. Une fois, Natsume a fugué. Elle est partie très loin. Et elle l’a vu. Quelqu’un qui était aussi magnifique que sa mère. Mais si sa mère se bat en groupe, il se bat tout seul et repousse la fille qui veut l’aider. Natsume le trouve triste. Mais il a sûrement ses raisons, et il n’est pas si seul que ça, ce beau combattant.

18. Purple light

Ils ont disparu en poussière violette. Après un long moment, il rouvre les yeux. Il est toujours avec elle, face à une longue route. Il sent que cette route conduit à la pluie, il ne veut pas y aller. Il se retourne, et ils réapparaissent. La lumière violette est partie. Ils sont à l’endroit où ils sont morts il y a longtemps. Ensemble. Il sourit.

19. Protect vow

Elle a dit vouloir le protéger. Il n’est pas certain de ce qu’elle veut dire par là. Elle est plus faible que lui, plus stupide, elle n’est qu’une RinRinshi… Il ne la comprend pas. Elle est toujours difficile à comprendre. Mais quand elle risque sa vie, comprise ou pas, il la sauve. Pas question de la perdre. Elle lui a promis de le protéger, après tout.

20. Stupid girl

Ran se trouve stupide. Elle voulait faire le KenDan, mais maintenant que Mele est morte près d’eux et que Ryo… Ryo qu’elle détestait et qu’elle a si souvent combattu… Il la regarde. Un court instant. Cet échange est étrange. Les yeux de Ran sont remplis de larmes. L’autre semble sur le point de dire quelque chose, puis il se retourne vers Retsu. Et il meurt. Ran se demande ce qui aurait pu arriver si elle avait été différente avec Ryo. Cet échange ne se reproduira jamais, ils ont chacun leur propres liens –Mele pour lui, Jan et Retsu et Gou pour elle – mais à ce moment là… A ce moment là...

21. Dark rage

Maku pense que Ryo n’est qu’un gamin. Et que Mele est aussi gamine que lui. Mais tout l’énerve. Tout l’enrage. Il ne sait plus pourquoi. Il a juste l’impression que Ryo n’est pas fait pour le Rin Jyu Ken –et il a raison. L’autre va le trahir, il en est sûr. Autour de lui flotte l’empreinte de la justice. Et la fille qui le suit partout… Ils vont devenir des Geki users, et cela fait enrager Maku.

22. Deep jealousy

Rageku est jalouse de tout et de tout le monde. Bien qu’elle soit souvent avec Mele, elle n’aime pas le Caméléon. Bien que Ryo soit assez jeune pour être son petit fils, Rageku est attirée par lui – elle a toujours été attirée par ceux qui ont le pouvoir. Maku est cependant trop violent. Ryo est plus calme et Rageku apprécie le calme – Ryo a en lui tellement de jalousie sous entendue…

23. Painful memories

Mele n’a jamais compris –personne d’ailleurs – pourquoi Ryo avait été le seul à perdre la mémoire. Il était tellement différent – bien que toujours froid, il était tellement moins débrouillard. Il était comme un enfant qui attend qu’on l’aide à tout. Quelqu’un qui ne voyait qu’elle, même si c’était pour être méchant avec elle. Ce que personne n’a jamais su, c’est que Ryo avait scellé sa mémoire lui-même – c’était tellement plus simple, si coincé dans une ère comme celle d’Edo, pour être avec Mele…

24. Why do you fight

Ryo rêve. Il vient de perdre à cause de Gekired – il a mal partout et il se sait très affaibli, mais il rêve. A propos d’une phrase de Shafu. Elle résonne à ses oreilles. « Nase Tattakau ? » Il ne comprend pas. Il a pourtant tout pour lui – il a une force plus grande, il est plus entrainé… Pourquoi se bat-il ? Pourquoi fait-il tout ça ? Au début, il croit que c’est pour dominer le monde, mais il sait que c’est faux. Il veut éviter que tout recommence – mais comment cela pourrait recommencer ? Il n’a plus personne à protég… Mele est déjà à ses côtés. Si, il a encore quelqu’un à protéger.

25. Shy lion

Ryo est toujours sûr de lui. Froid, hargneux, plein de rage, sérieux, énervé… Il n’a jamais montré la moindre faiblesse. Il en était presque inhumain. Mais maintenant, quand Mele lui demande pourquoi il est venu, les Gekirangers n’ont pas de doute : Ryo devient timide. Il ne sait même plus comment s’y prendre. Alors il la serre dans ses bras. Et c’est bien mieux que n’importe quelle déclaration.

26. Blind and stupid blondie

Ryo a été battu par Jan. Et bien qu’il ait perdu, son attachement au Tigre a fondu. Il s’abandonne au pouvoir, devient l’Hakaishin. Et pourtant, quand Mele hurle, il redevient lui-même. Finalement, c’est toujours à cause d’elle qu’il surpasse le mal en lui. Et même à deux mètres de la RinRinshi, Long n’a rien vu. Il est vraiment aveugle, songe Ryo avant de laisser Mele l’emmener et de s’évanouir.

27. Not a rival

Ryo a toujours refusé de considérer Gou comme un rival. Il disait que c’était son ami. Rien de plus ou de moins. Et Gou a toujours été déçu par cela. Ce qu’il ne veut pas comprendre, c’est qu’en temps qu’ami, il est protégé du Lion. Ryo, en détournant la technique suprême du Loup et le voyant tomber dans l’eau, soupire. Pourquoi doivent-ils être si entêtés ? Ils ne seront jamais qu’amis.

28. Another meeting

Ils vont repartir dans peu de temps. Et bien qu’elle lui offre sa main, Ryo préfère partir sans la prendre. Mais ni Mele ni personne ne s’y laisse prendre. Peut-être même que le Lion rougit en leur tournant le dos. Il marche fièrement, et Mele s’accroche à son bras. Et quand ils disparaissent, Jan n’est pas triste – ils reviendront. Ils reviennent toujours.

29. I’m going home

Ryo n’a pas peur. Long est stupide, et il sait que les Rangers le vaincront. Il veut juste protéger ses… Amis… De cette forme gigantesque. Il sait très bien que Long survivra et lui pas. Mais il sait aussi que cette forme sera détruite avec lui. Et puis c’est son devoir, Mele l’attend. Ce n’est pas comme s’il s’en allait – au contraire. Il rentre chez lui. Elle sourit.

30. We’re one

Ryo ne comprend pas, mais quand Mele disparait dans ses bras, il ne se sent pas en colère. D’habitude, il est toujours en colère. Mais là, il est juste… Vide. Et quand Mele vient le chercher, il est à nouveau complet. Ils sont ensemble et ne seront plus jamais séparés – alors il prend sa main et ils s’en vont.

Ils reviendront peut-être. Mais quelle importante ?

C’est juste un autre tournant de son histoire.

Une bataille.
Encore une autre.

D’un côté, Jan, Ran, Retsu et Gou, utilisant le Geki Jyuken Beasts Arts. De l’autre, les trois Kenma, Mele et Ryo, usant du Rin JyuDen Aku Gata. Les leaders des deux camps se disputaient un cailou radioactif que Maku comptait lâcher dans Tokyo.

Ryo et Jan, comme toujours, s’affrontaient sans pitié. De l’autre côté du champ de bataille, Ran et Mele rivalisaient de vitesse. Entre eux, Retsu et Gou s’occupaient des Rinshis, tandis que les Kenma observaient la scène en envoyant une attaque de temps en temps.

- Pourquoi tu te bats ? Pourquoi ?

Jan, comme d’habitude, cherchait à comprendre. Il aimait comprendre. Même quand il s’agissait de zowazowa comme le Lion. Cependant, Ryo avait cessé de répondre depuis un moment, se contentant de combattre son adversaire.

Rageku, regardait avec envie et jalousie – quoi de plus normal – Shafu, qu’elle devinait caché non loin de là. Le chat qui ne se battait pas. Quelle stupidité. Un vœu de non-violence. Quel intérêt ? Il perdrait ses élèves. Il allait les perdre.

Maku, lui, était enragé. Comme à son habitude. Mais il ne se battait pas – Rageku l’avait convaincu de laisser une chance aux mioches, qui ne se débrouillaient plutôt pas mal. Mais ce n’était pas encore assez. Il sentait quelque chose arriver.

Kata, enfin, attendait son heure avec calme. Il n’était que haine, d’accord, mais une haine froide et réfléchie. Un être intelligent. Si Ryo ou Mele ou les Rinshis mettaient leurs adversaires en mauvaise posture, il les écraserait. Un seul mouvement, une mort simple, efficace. Et la haine pourrait peut-être disparaître.

Les deux frères se battaient contre les sous-fifres. Ils en avaient marre d’ailleurs. Cependant, ils avaient l’occasion de se perfectionner et de continuer, avec style et technique – mieux qu’un entrainement. Ils auraient bientôt une occasion, pourraient atteindre les Kenma, et là, le combat changerait.

Ce combat aurait continué longtemps si un humain, surgissant des décombres, n’avait pas pété un boulon.

Il avait surgi, un pistolet à la main, hurlant comme le fou qu’il était. Un coup de feu avait déchiré l’air et le temps s’était arrêté.

Seul persista brièvement un cri.

Mele et Ran étaient en train de se battre. Prenant appui sur des décombres, le Caméléon avait sauté dans les airs. Et Ran, malgré sa vitesse, n’avait rien vu. Mele arrivait vers elle. Et, l’instant d’après, elle n’était plus là.

La RinRinshi était au sol, sur le côté, gémissant et pressant ses mains sur sa hanche pour endiguer le flot de sang.

Ran eut un mouvement de recul, tandis que Retsu et son grand frère laissaient échapper quelques mots :

- Les RinRinshi… Saignent ?
- Ceux avec une apparence humaine, apparemment.

La plupart des combats s’étaient arrêté. Ryo lui-même, bloquant le poing de Jan, regardait sa subordonnée. Sa respiration lente et saccadée se calma progressivement, mais Jan eut un instant l’impression que le rythme cardiaque de l’autre augmentait…

Il devait se tromper.

Loin de là, un des Kenma sourit. Kata n’avait jamais aimé Mele. Elle était trop… Pas faible, mais trop humaine –malgré le paradoxe – à son goût.

- Ceux qui ne peuvent plus se battre meurent. Telle est la loi du Rin JyuDen.

Le grand Kenma du Ciel envoya une orbe de Rinki sur le Caméléon, sous les yeux horrifiés de Rangers et de Ryo.

Mele hurla et se retransforma dans sa forme première de Rinrinshi, comme n’importe quel mort vivant. Jan et les autres ne l’avaient jamais vue comme ça. Pour la première fois, ils réalisèrent qu’elle était vraiment différente, vraiment non-humaine, vraiment comme Makirika et tous les autres sous-fifres qu’ils combattaient.

Elle hurlait, cependant. Un cri tellement humain…

Que quelqu’un finit par hurler en réponse, comme après un choc.

- MELE !

Ryo traversa l’espace qui les séparait en un instant. Il fut près d’elle avant que personne n’ait pu réaliser.

Elle baignait dans son sang. Enfin, pas vraiment le sien, plutôt celui que Ryo lui avait transmis en la ressuscitant. Mais cela n’était pas le pire. Elle était tellement proche de se désintégrer qu’il en aurait frissonné.

Son Rinki explosa. Il se releva très lentement, l’énergie émanant de lui soignant lentement Mele. Il semblait plus énervé que jamais.

Et il s’élança… Contre Kata.

Le Kenma, surpris, faillit se faire avoir, mais réussit à reprendre le contrôle pour mieux contre-attaquer. Le combat fut cependant rapide tellement le brun était enragé. Les Rangers, éberlués, virent le Lion attaquer et attaquer encore. Bientôt, le Kenma explosa.

Ryo s’attaqua aussitôt à Rageku, et bientôt la fille de l’eau rejoignit le vieillard de l’air. Ryo, encore ivre de rage, se tourna vers Maku, qui regardait sans rien dire.

- J’avais toujours su que tu trahirais, mioche… Tu te crois plus fort que moi ?

Ryo sourit et laissa échapper un long souffle avant de répondre :

- Pas simplement plus fort. Bien, bien plus.

Le DoRinki explosa et entoura le Lion d’une aura ténébreuse. Il se jeta sur l’Ours et ils commencèrent à se battre. Le combat était effrayante. Le Rinki, le DoRinki, leur énergie explosait autour d’eux sans qu’ils n’en aient plus aucun contrôle.

Malheureusement, la maîtrise de Ryo était encore incomplète. Il finit par se faire éjecter et roula au sol, à quelques mètres de Mele.

Se relevant lentement, le Lion reprit un instant son souffle et chercha de quoi tenir. Tenir parce qu’il n’avait pas le choix. Il ne pouvait plus échouer maintenant. Maku le frappa et Ryo tomba encore. Il perdit un instant conscience.

Le brun s’attendait à ce que l’Ours le brise, le tue… Mais rien.

Il n’y eut qu’un silence. Un grand silence et un grand cri de gamin. De gamin en colère. De gamin qui se battait contre un ours comme il se battait autrefois contre des pandas.

Quand Ryo réussit enfin à se redresser, il cligna des yeux et crut être mort. Ca ne se pouvait pas, c’était incroyable, juste quelque chose qui ne pouvait arriver – Gekired ne pouvait pas être en train de le défendre contre Maku ? C’était impossible. C’était stupide.

C’était… Réel.

Le Lion se releva. Après avoir repoussé un instant Maku, Jan se retourna et lui fit un grand sourire. Ryo fronça les sourcils.

- Gekired ?
- Donc voila pourquoi tu te bats, Ryo. Pour protéger Mele. Kenakena yo !
- Kena… Nani ?

L’Ours revint à la charge et Ryo le contra. Jan suivit et envoya un autre coup au Kenma. Quelques mètres derrière eux, Ran et Gou aidaient Mele à s’assoir.

La bataille continua.
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Ryo ouvrit les yeux. Devant lui, le plafond blanc d’une infirmerie. Il voulut se relever mais ses membres meurtris se rappelèrent à son bon souvenir et il referma les yeux. Il se souvenait de tout. Il s’était battu quand Mele avait été blessée… Et Gekired l’avait protégé. Puis ils avaient détruit le Kenma ensemble.

Pourquoi ? Comment ? Aucune importance. Ryo bougea la tête. Gekired, aussi mal en point que lui. Il se retourna, et elle fut là.

Mele, apparemment juste endormie. Il bougea les doigts et envoya le reste de ses forces – bien peu, à vrai dire – pour la soigner totalement.

Elle ouvrit les yeux. Lui les referma.

La pluie tombait derrière les fenêtres. Mais lui, et Mele aussi, était à l’intérieur.

Protégé.

Ils avaient une seconde chance – il laisserait Gekired essayer de le changer, et de changer son Caméléon. Et quand il ressombra dans l’inconscience, la discussion engagée entre un Gekired fatigué et une Mele en pleine forme lui prouva que le changement était déjà en marche.

Diana dormait.

Elle était toujours calme quand elle dormait, comme si rien ou ne pouvait la réveiller ou même simplement l’atteindre, comme si elle était totalement partie. Caine aimait cela – il semblait que même dans ses pires cauchemars, son naturel sarcastique l’empêchait de s’agiter, et ce calme douchait ses propres peurs. Caine se sentait toujours un peu stupide de penser à elle comme ça – après tout, il était censé inspirer la crainte, pas faire aww-er les fanas des pairings.

N’empèche, marrant comme avec juste la vision d’une Diana calme dans l’autre lit de sa chambre, il pouvait se recoucher tranquille.

En haut, Jo Lupo, Zoey Carter, Zane Jsaisplus
En bas, Nathan Stark, Allison Blake, Jack Carter, Henry Jsaisplus et Eva Thorn %)

- Jennaaa ! Keviiiin !

C’était la rentrée pour les enfants. Ils avaient passé la nuit chez Jack car Allison avait eu une réunion importante. Elle attendit qu’ils descendent en se baladant dans la maison intelligente. Sur un mur, des photos. De Carter. De Zoey. De Jo. De tout le monde. De Kevin. De Jenna aussi.

Elle attrapa le pendentif accroché à son cou et le serra. Cela faisait quatre ans… Quatre ans qu’il était mort…

Après la mort de Nathan, Allison avait mis très longtemps à se remettre. Et maintenant qu’elle remontait lentement la pente, ce qu’elle faisait uniquement pour ses enfants, elle se sentait coupable. Coupable de se sentir attirée par Carter. Coupable de parfois ne pas songer à Nathan pendant de longs moments.

Coupable.

Quelque part, elle se sentait coupable qu’il soit mort. Elle aurait du le sauver.

Elle aurait du le sauver…

Une larme solitaire coula sur sa joue.

Il y eut soudain une grande lumière. Allison plissa les yeux. Quand elle les rouvrit, rien n’avait changé. Elle scanna la pièce du regard. Et là…

- Ally ?

Nathan était là. Elle avait pourtant la main sur son pendentif, ce n’était pas l’hologramme… Mais comment ?
Elle avait les yeux ronds. Et un mal de ventre venait d’apparaitre.

- Na… Nathan ?
- Ally ? Est-ce que tout va bien ?

Il fit un pas vers elle. L’hologramme n’avait jamais bougé.

- … C’est vraiment toi ?
- Qui veux-tu que ce soit ? Ally, qu’est ce qui t’arrive ?

Sans répondre, Allison s’évanouit. Il se précipita. Heureusement, elle était tombée sur le divan de Carter, songea le scientifique.
Ledit Carter descendit l’escalier et se figea devant sa Némésis.

- Shérif Carter ? Que fait Allison ici ? Et ne me regardez pas comme ça.
- Stark…
- Ouiii, c’est mon nom, c’est bien. Alors ?
- Stark…
- Bug matinal ?
- … C’est… Vous ?
- Naaan, c’est le pape.
- Stark… Vous… Vous êtes mort depuis quatre ans.
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- Allison va bien ?
- Elle est toujours évanouie. Elle devrait se réveiller bientôt.

Eva Thorn, Jack Carter et Nathan Stark –ou celui qui le prétendait – discutaient. Henry entra en trombe.

- Le scanner est formel. C’est bien Nathan Stark. Qui est mort il y a quatre ans.
- Mort ? C’est une ineptie.

Jack s’énerva.

- Bon sang, je vous ai vu, Stark ! Dans la machine de Léo.
- Le savant de la maintenance temporelle ? Qu’a-t-il fait encore ?
- Il est mort ! Le même jour que vous !
- Bon, soyons clair Carter. Je. Ne. Suis. Pas. Mort. Et Léo non plus.
- C’est pas vrai, pincez-moi…
- Avec plaisir.

Nathan s’empressa de lui prouver qu’il ne rêvait pas.

- Dans ce cas, il faut trouver comment vous pouvez être là. Vous êtes… Effectivement mort il y a quatre ans.
- C’est impossible. Il y a deux minutes j’emmenais les enfants à l’école et Allison au travail.
- Les enfants ? Oh non, laissez tomber, je veux rien savoir.

Soudain, le portable de Carter sonna. Il décrocha.

- Jo ? Atten-Attendez, calmez-vous. De la boue ? Partout dans la plaine ? … La même qu’il y a quatre ans ? Okay. Je vais tenter de gérer ça. Bye.

Il raccrocha. Henry cligna des yeux.

- On dirait comme… Non rien.
- Comme si un paradoxe avait été créé, c’est cela ? Henry, je crois que vous avez raison. C’est la collision d’une réalité où je vis… Et où je suis mort. C’est spécial, réfléchit Nathan.
- Rien n’est spécial ici, Stark, vous devriez le savoir. Qu’est ce qu’on peut faire avec un… Para-machin ?
- Un paradoxe, Carter. Deux réalités dans le même espace temps, qui luttent pour garder la place. On risque de voir l’espace temps se détruire. Et nous avec.
- Mais il est possible que ces réalités s’équilibrent, n’est ce pas ?

Nathan semblait énervé d’avoir à réexpliquer la chose à la rousse qui dirigeait Global, mais il reprit tout de même :

- L’équilibre est impossible. Nous y avions travaillé après l’affaire de Walter, quand notre shérif était à peine arrivé, et Henry avait prouvé brillamment que la situation ne pouvait s’équilibrer. Je ne sais comment il avait trouvé d’ailleurs. Je suis le témoin que les choses tombent en pièce. J’ai été transféré ici parce que les réalités se mélangent. Mais tout va empirer.
- Dans ce cas là… Je dois vous dire quelque chose. C’est moi, la responsable de cette réalité.

Aussitôt, le silence se fit. Nathan et Henry se firent polaires, tandis que Jack restait à la masse. Henry demanda à Thorn :

- … Pourquoi ?
- J’avais besoin que cette expérience soit activée. Je ne savais pas ce qui devait arriver, mais le ministère m’avait demandé d’activer cette machine. Je ne pouvais le faire après, parce que la machine avait été détruite, alors j’ai étudié la physique pour pouvoir me servir d’une autre machine à laquelle j’avais accès. Mais je n’avais pas compris le danger du paradoxe.
- C’est toujours à cause d’un truc comme ça, soupira Stark.

Ils furent interrompus par l’arrivée d’Allison et Kevin, qui marchait avec elle.
L’ancien autiste sourit et déclara, le plus naturellement du monde :

- Je savais que tu reviendrais. Tu as fait mal à maman quand tu as du partir. Je devrais te taper.

Nathan cligna des yeux et sourit au jeune garçon, puis expliqua tout à la femme qu’il aimait. Il fallut l’empêcher de sauter sur Thorn mais à part ça elle encaissa plutôt bien le choc. Si ce n’est qu’elle palpait Nathan a tout bout de champ, comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas.

Henry, réfléchissant, finit par dire :

- Quelqu’un doit y retourner.
- Moi.

La réponse fut synchronisée :

- Ally ?

Le détenteur du prix Nobel et le shérif se défièrent du regard.

- Nathan et Jack étaient en train de sauver le monde, ou d’aller au mariage, bref ils étaient occupés. Je ne fais pas confiance à Thorn. Et Henry organisait le mariage, comme tout le monde. Donc si j’y vais, le jour ne sera pas bouleversé.
- Mais…
- Pas de mais. Je ne laisserai personne mourir.
- …

Après un silence, Henry acquiesça, et tous se mirent au travail pour activer la machine. Thorn, Allison, Jack et Nathan se regardaient, mal à l’aise. Bientôt, l’ingénieur revint :

- Tout est prêt, Allison. Vous y allez quand vous voulez.

Elle remercia Henry et se tourna vers le duo, qui semblait déjà reparti dans leurs batailles verbales habituelles – et comme toujours Nathan gagnait. Elle soupira et les sépara.

Allison se planta devant Jack. Ce n’était pas comme s’ils étaient ensemble, mais cela en prenait le chemin, et la brune savait que le shérif la laissait partir à contre cœur. Avec son immaturité habituelle, il dit :

- Donc vous allez vraiment vous remariez, il ne mourra pas.
- Non. Désolée, Jack. J’aimais – et j’aime toujours – Nathan, j’ai cru mourir quand il est mort. Je ne veux pas vivre ça.
- Je sais. Bonne chance alors.

Elle sourit et se tourna vers le brun.

- Salut, Nathan. On devrait se revoir demain.
- … Oui. Demain.

Elle eut un petit sourire désolé, puis se tourna vers la machine à l’aspect irisé. Déglutissant, elle marcha et entra avec fermeté dans le tourbillon du temps.
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Elle ouvrit doucement les yeux. Elle était dans le lit de sa maison à elle, et pas seule. Autour d’elle étaient enroulés les bras possessifs d’un certain Nathan Stark… Elle eut un faible sourire et se dégagea lentement, ne voulant pas le réveiller.

Elle saisit ses vêtements au hasard dans son armoire, puis glissa un œil dans la chambre de Kevin. Il dormait, angélique. Le sourire de la brune s’élargit et elle ressortait quand elle tomba sur Nathan, qui avait un rictus plaqué sur le visage.

- Ce n’est pas bien de ne pas dire bonjour.
- Bonjour Nathan. Désolée, je voulais juste vérifier qu’il allait bien.

Elle devait trouver une excuse pour aller à Global, alors elle enchaîna :

- Thorn m’a appelée, je vais voir ce qu’elle veut.
- Travailler le matin de son mariage, tu es très courageuse dis moi…
- Comme si tu ne comptais pas y aller pour ta précieuse horloge. Allez, je reviens.
- Je te suis !

Ils se séparèrent à l’entrée. Alors que Nathan se dirigeait vers les bureaux, elle fila vers la maintenance et s’arrêta devant le laboratoire de Léo. Quelques minutes plus tard, elle vit la rousse Eva Thorn arriver. Quand l’autre la vit, elle voulut s’en aller, mais Allison la retint.

- Oui, madame Blake ?
- Ne faites pas l’innocente. Je suis revenue du futur pour vous empêcher de le tuer.
- Tuer qui ? Vous êtes folle.
- Vous allez tuer Nathan. Je vous l’interdis ! Que va-t-il faire de si terrible ? Inutile de le cacher, je viens du futur que vous allez créer. Ce futur que je refuse !

La rousse ne répondit pas. Elle tenta de se dégager, puis frappa Allison en plein visage. La jeune noire alla heurter le mur. Thorn semblait prête à continuer de la frapper. Allison eut peur. Elle avait – non, elle allait – tuer Nathan, donc tuer la brune devant elle ne devait pas faire grand-chose à la vieille femme. Elle se recroquevilla.

- ALLISON !

En un instant, Eva avait été maîtrisée par le directeur des Recherches de Global. Allison, dans les vapes, vit sans vraiment comprendre le pourquoi de la chose un certain Léo la relever. Léo. Le savant responsable de la machine qui avait altéré le temps. Il fallait absolument qu’il n’active pas sa machine. Elle secoua la tête et chercha à retrouver son équilibre.

- Allison, tout va bien ? Que s’est il passé ?
- Nathan…

Lentement, avec une voix hachée, elle lui expliqua. Elle lui débita aussi tout le charabia scientifique que lui-du-futur et Henry-de-la-mauvaise-réalité lui avaient expliqué sur le transfert de conscience d’un moment à un autre.
Il finit par hocher la tête.

- Et tu es revenue toute seule ? J’aurai pensé que Carter aurait joué aux héros.
- Non ! Il était impliqué ce jour là. Et puis je devais le faire. Je…
- Qu’est ce qui se passe ici ?

Les quatre personnes se retournèrent pour voir arriver Jack Carter.
Le grand brun qu’était Nathan eut un sourire de requin, saisit le bras de Thorn et la repoussa vers le shérif.

- Shérif, je crois que vous allez avoir une nouvelle criminelle à mettre derrière les barreaux. Quelqu’un a joué avec l’espace temps de ce monde et qui a frappé la directrice des Opérations de Global Dynamics. Mademoiselle Thorn, vous voulez me rayer de la carte ? Comme dirait Carter, mon ego en est très flatté … Mais je crois que ce n’est pas le cas d’Allison, et si elle s’énerve, je ne donne pas cher de vous.
- C’est une menace ?
- Un avertissement. Ne cherchez pas à revenir à Eureka. Léo ne sera pas renvoyé. Mais il n’activera pas sa machine. Nous nous comprenons bien, Léo ?
- Ma mach… Comm…

Le sourire de Nathan se figea, glacial, et Léo acquiesça du mieux qu’il put, touché par l’effet je-sais-où-tu-habites-et-où-tu-planque-ton-ours-en-peluche.

- P… Parfaitement, docteur Stark.

L’expression du brun se fit moins effrayante. Jack, de son côté, avait sorti des menottes qu’il passa à la rousse, qui se débattait et jurait comme un charretier.

- En route pour la cellulle ! Oh, si j’entends ce mot dans la bouche de Zoey…
- Bon voyage, Eva, laissa tomber Allison.

Son sourire à elle fit même peur à son ex-… Nan, à son mari.
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- C’est simple, l’amour est éternel, même s’il n’est pas exempt de conflits.

Le moment était solennel. Même Carter se taisait. Après tout, elle aimait celui qu’elle allait épouser. Pourquoi s’interposer ? Pour lui, l’autre réalité n’avait jamais existé. Il les laissait choisir. Et ils s’étaient choisis l’un l’autre.

- Nathan Stark, jurez vous de toujours aimer, protéger, croire et rester fidèle à Allison Blake ?
- Oui.
- Allison Blake, jurez vous de toujours aimer, protéger, croire et rester fidèle à Nathan Stark ?
- Oui.
- Dans ce cas, je vous déclare mari et femme.

Lentement, Nathan se baissa, et embrassa sa femme. Allison avait les larmes aux yeux. Cela faisait pour elle –avec toutes ces histoires de réalité parallèle- quatre ans qu’elle n’avait pas vu Nathan. Alors se remarier avec lui…
Perdue dans ses pensées, elle le sentit à peine passer le diamant autour de son cou. Elle le reconnut et eut presque envie de pouffer de rire devant le paradoxe. Nathan fronça les sourcils, puis haussa les épaules et approcha sa bouche de l’oreille de la brune.

- Ne le regarde que s’il m’arrive quelque chose.
- Je sais déjà. Et je te jure que ça vaut pour moi aussi.

Il sourit. Dans l’assemblée, le petit Kevin sourit en réponse. Sa connexion avec l’artefact n’était peut-être pas tout à fait éteinte ?

Mais c’est une autre histoire.
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Nathan s’étira et boutonna son éternelle chemise blanche. Saisissant son manteau, il se planta devant l’escalier et appela :

- Kevin ! Jenna ! Vous allez être en retard !
- On arrive !
- N’arrive !

L’adolescent et sa petite sœur dévalèrent les marches et Jenna sauta dans les bras de son père. Elle avait la peau mate et les cheveux bruns de sa mère, mais ses yeux étaient les mêmes lacs vert d’eau que Nathan.

Allison arriva, suivant ses enfants, et le grand brun reposa sa fille. Elle regarda avec tendresse la petite se raccrocher à Kevin et lui réclamer son gilet.

- … Une chose qui est restée, quelle que soit la réalité.

Pour elle, les quatre ans dans l’autre réalité avaient existés, avec Carter, Zoey, Jenna et les autres. Henry avait bien proposé de lui effacer la mémoire, mais elle avait refusé. Elle voulait se souvenir.

Nathan haussa les sourcils. Il en apprenait tous les jours.

- Jenna était dans l’autre réalité ?
- Bien sûr. Et elle était pareille.

Il acquiesça de la tête, réfléchissant un instant.

- L’élément commun. Le lien entre les univers. Ca fait beaucoup pour une fille de cinq ans, tout ça. Faut croire que tes enfants sont tous exceptionnels, Ally. Allez, viens, ils vont vraiment être en retard, et nous aussi.

Les deux adultes suivirent les enfants, qui étaient déjà dehors. Nathan alluma le moteur de sa – leur – voiture, et Kevin ouvrit la porte, laissant Jenna passer. Nathan allait les rejoindre quand Allison l’attrapa par la cravate et l’embrassa.

- Je vous aime, docteur Stark.
- Moi aussi, docteur Stark.
- Joe trouve la blague mauvaise.
- Moi aussi. Et alors ?

La brune sourit et alla s’assoir à la place du passager. En accrochant sa ceinture, elle sourit et déclara, d’une voix enjouée :

- Allez, préparons nous à une autre journée délirante. Trou noir ? Univers parallèle ? Mutants ?

Nathan sourit et compléta :

- Appelez la famille Stark.

Ryo avait ressuscité Mele le premier jour de l’hiver. Il faisait sombre, les corbeaux croissaient en chœur, et la première RinRinshi qu’il avait jamais ressuscitée avait pris sa main et l’avait suivi, sans discuter et sans l’attaquer, bien qu’il n’ait jamais su pourquoi.

Il avait d’abord été méfiant, mais la jeune fille avait su gagner si ce n’était sa confiance au moins son respect. Il était tout de même sur ses gardes – elle avait été une fière et puissante et douée combattante du Rin Jyu Den après tout, lors de la première GekiRin Rebellion, et n’avait été tuée que par traitrise – quoi de plus normal. Il n’y avait aucune chance qu’elle ait changé. Et pourtant elle semblait lui être tout à fait loyale. Plus que loyale. Elle inspirait, pour une personne normale -c'est-à-dire pas pour le leader d’une école qui prônait les coups bas – au moins le respect, si ce n’était plus encore.

Et il la respecta – après un certain évènement.
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Mele avait disparu. Encore. Elle disparaissait tous les ans, toujours le même jour. Trois ans qu’elle était revenue à la vie, trois ans que ce jour là elle était introuvable. Même un Long possédant le pouvoir de stopper le temps – ce qui n’était pas le cas – n’aurait pu la trouver ce jour là, c’est dire qu’elle était vraiment bien cachée.

La première année, Ryo n’avait pas réagi. Elle était toujours autour de lui depuis les premiers jours, le laissant à peine respirer, alors un jour de calme ne lui avait pas fait de mal. Le leader du Rin Jyu Den avait même apprécié le fait d’être seul.

La deuxième année, le brun ne s’en était pas rendu compte, parce qu’il s’était entrainé très dur et s’était reposé toute cette journée là. N’importe qui aurait pu entrer, il ne s’en serait même pas aperçu, et puis le jour d’après, elle était de retour.

Ce fut la troisième année qu’il comprit. Ryo avait pris l’habitude de sa présence constante, de ses grands yeux toujours inquiets. Cette fois là, il s’était reposé avant, et était parfaitement réveillé –il comptait s’entrainer avec elle –, alors il avait remarqué.

Elle n’était pas là. Pas simplement parce qu’elle s’était camouflée mais parce qu’elle n’était vraiment pas là. Il pensa au départ ne pas y faire attention, mais au fur et à mesure que la journée avançait, le Lion s’agaçait de l’absence de Mele.

Il ne savait même pas pourquoi, mais cela l’ennuyait, alors il se mit au devoir de la chercher. Le brun chercha le Rinki du Caméléon, mais ne le trouva pas. Etrange. Pourtant il était sûr de n’avoir senti personne quitter le palais. Et de toute façon elle ne le quittait jamais sans l’avertir avant, bien qu’il en soit à chaque fois indifférent.

Ryo chercha dans toutes les pièces, pendant longtemps, avant de se rappeler de l’endroit. Une pièce perdue dans les couloirs tortueux qu’il avait désignée comme la chambre de la brune. Comme elle ne l’utilisait jamais, il avait oublié de regarder.

Poussant la porte avec assurance, le jeune homme – qui avait désormais dix-huit ans – cligna des yeux, cherchant à s’habituer à la pénombre ambiante.

Une fois qu’il y vit plus… Enfin moins sombre, il s’avança dans la pièce, et la vit.

Cheveux dénoués, et non enroulés dans les tortillons habituels, la RInRinshi était assise dans un coin, l’air perdu, la tête dans les mains. Tout cela était déjà choquant.

Mais il y avait bien pire. Vraiment pire.

Aucun Rinki n’émanait d’elle.
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Il cligna des yeux, pensant à une illusion de son cerveau fatigué. Mais il n’était pas fatigué. Toujours rien.

Pas de Rinki.

Au début, il n’y avait pas cru. C’était impossible. Elle ne pouvait être là sans avoir d’énergie. Pourtant, tout le Rinki qu’il lui avait transmis trois ans auparavant semblait disparu.

Il fronça les sourcils. Comment pouvait- elle être vidée de son énergie ? Et surtout, comment sans énergie pouvait-elle rester « humaine » ?

Lentement, il s’avança, puis s’agenouilla et lui releva la tête. Elle sembla à peine le reconnaitre, et son visage était couvert de larmes.

- Mele. Que se passe-t-il ?

Elle ne répondit pas. Il répéta sa question, prenant la jeune fille par l’épaule et la secouant un peu, histoire de la réveiller. Elle sembla enfin le reconnaitre, et répondit, d’une voix faible comme il ne lui avait jamais entendue :

- R-rien Ryo-sama. Laissez-moi je-j’irais mieux demain, je suis juste… Juste fatiguée. Je vais-Je vais me reposer et demain j’irai mieux. C’est toujours comme ça. Tous les ans.
- Mele. Je ne vois même pas comment tu arrive encore à penser que tu va bien. Tu es à court d’énergie, tu risque de disparaître au moindre mouvement, tu es en pleurs et tu es juste « fatiguée » ? Je ne veux pas te voir au seuil de la mort dans ce cas, je ne peux même pas l’imaginer vu ce qui t’arrive quand tu es « fatiguée ».
- Ryo-sama…

Il la releva lentement et lui tendit un tissu –vert, comme tout le reste de la pièce, nota-t-il – pour qu’elle s’essuie les yeux.

- Tu es mon second, mon bras droit, Mele. En temps que telle, tu as le droit d’être respectée. Je sais que c’est le jour de ta résurrection aujourd’hui, et que cela semble altérer ton énergie. Mais ne t’enferme pas toute seule. Je ne veux pas conquérir le monde seul. Et être seul… Ne te guérira pas. Seul le vrai pouvoir peut te protéger.

Il ne parlait plus vraiment pour elle mais aussi un peu pour lui. Il avait compris celail y avait de cela des années –plus de dix maintenant. Il revint au présent alors qu’elle répondait, toujours faible et hésitante :

- Ha-hai.

Il sourit. Elle se reprit soudain, et fit un beau sourire –le premier ce jour-là.

- Hai, Ryo-sama !
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Il faut croire que ce jour là, Long était en train de pioncer – sinon il n’aurait jamais eu de doutes sur les liens du futur Hakaishin.

- Camille !

Un certain Jarrod, vingt-deux ans et toutes ses dents, traversa l’enceinte du Paï Zuk en deux secondes un quart. Il s’arrêta juste devant une certaine Camille, Caméléon, vingt-et-un ans, brune qui possédait deux caractéristiques : elle s’entrainait très durement et longuement, mais surtout elle avait un humour très noir. Très noir.

- C’est vraiment gamin de courir partout comme tu le fais.
- Pour que TOI, tu t’en rendes compte, ce doit être vraiment très gamin, sourit-t-il en retour. Mais changeons de sujet. Tu vois quelque chose de différent ? Sur moi, je veux dire.

Elle l’observa.

- … Tu as les cheveux plus ébouriffés que jamais, tu es en sueur donc tu t’es battu, tu es crevé donc c’était contre Casey, tu es content donc tu as gagné… Quoi d’autre ?

Avec un sourire qui allait s’élargissant, il remonta sa manche et dévoila trois griffes noires dessinées à l’encre.

- Je suis un Maître ! Enfin !
- Seulement maintenant ?

Et avec un mépris feint que lui seul comprenait, elle releva sa propre manche et dévoila la même marque.

- Au moins maintenant on est fixés. On est pas prêt de se surpasser l’un l’autre…

- T-Toi ?!

Il se reprend. Le livre à la main, il fit quelques pas en la direction de la guerrière.

- Comment es-tu entrée sans que la cloche sonne ?
- J’aime me déplacer en silence !

Il hausse les épaules et décide de passer à autre chose. Il jette un regard méfiant à la jeune femme, puis à la tasse qui fume doucement.

- Et cette tasse, que contient-elle ?
- Un cappuccino à emporter ! Une vraie merveille !

Elle sourit toujours.

- Ca vient du bar d’en face, continue-t-elle en montrant la porte du doigt. Tu n’y vas jamais ?
- Je n’ai pas envie de fréquenter ce quartier… Ni cette ville, ni cette planète, d’ailleurs !

Elle soupire, visiblement agacée.

- Tu parle comme un touriste !
- Que veux-tu, Orube ?
- Goûte ! J’ai découvert ça un jour où je me demandais ce que je faisais dans ce monde !

Il considère la tasse qu’elle lui offre, puis la prend et la porte à sa bouche. Il se retient difficilement de recracher et lance, choqué :

- C’est affreux !
- Oui !

Elle croise les bras, et acquiesce.

- J’ai pensé la même chose, la première et unique fois que j’en ai bu !

Il hausse les sourcils tandis qu’elle lui offre un large sourire. Puis il se lâche, la tasse toujours à la main.

- Ha ha ha !

Et son rire fait vraiment plaisir à la fille de Basiliade.
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Orube méditait.

Même un an après, ça fait toujours mal, songea-t-elle. Même un an après sa mort, je ne peux pas accepter la mort de Cédric… Suis-je si stupide ?

Le grand blond, ancien serviteur de Phobos, serviteur de Ludmoore, toujours serviteur… Celui qu’elle avait surveillé avec attention. Celui qu’elle avait fini par apprécier. Celui qui l’avait trahie. Celui qui s’était sacrifié par amitié – ou par amour peut-être ?- pour la sauver. Elle.

C’aurait été n’importe qui, il n’aurait pas bougé. Phobos, Elyon, une des gardiennes, Matt, il se serait fiché de tous. C’avait été elle. Il avait bondi.

Si seulement elle avait pu fermer sa grande bouche…
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- Je peux la voir ?
- Bien sûr. Ne la fatigues pas trop.

Will acquiesça. La Gardienne savait qu’Orube était fragile. Elle savait aussi que l’autre se sentait coupable, mais elle devait l’en empêcher. Ce n’était pas de sa faute. Ce n’était la faute de personne, sauf peut-être de Ludmoore – et encore…

La guerrière n’avait pas changé, sourit-elle en la voyant. Grande, féline, les cheveux d’un bleu profond, une tenue pratique, méditant tout en restant en alerte…

Seuls les yeux s’étaient transformés. Ils étaient cernés et rougis par les larmes.

Will baissa la tête. Elle avait pourtant retourné le problème dans tous les sens. Cédric était mort dans un livre. Il était devenu de l’encre, que les filles avaient ensuite utilisée pour atteindre Ludmoore et Matt…

Ce livre avait été effacé. Toute l’encre en était disparue. Il n’y était plus non plus. Mais il avait été effacé, et pas eux, parce que Matt ne le connaissait pas et n’avait pas écrit la fin où il était vivant – Non, ce n’était pas la faute de Matt…

Mais c’était toujours en écrivant que Matt les avait sorties de là. Peut-être que c’était en écrivant qu’on le sauverait ?

Elle avait essayé. Toutes les WITCH l’avaient fait. Sans résultat aucun. L’encre s’était dissipée. Et puis le livre était revenu à Orube.

Et puis soudain ç’avait été lumineux. Hay Lin, la vive et sensible Hay Lin, avait compris.

Si aucune d’elles ne pouvait « réécrire » Cédric, c’est parce pour elles il n’était pas « spécial ». Pas spécial comme l’était Matt pour Will, Eric pour Hay Lin, Peter pour Cornélia ou comme Joël pour Irma…

Spécial.

Cédric l’était pour Orube.

Pour elle, il n’était pas le monstre, le serpent géant qui avait terrifié les WITCH les premières fois, du temps de Phobos. Pour elle, il était plus que le blond arrogant. Pour elle il était ce bibliothécaire intelligent, humain, peut-être pas tout à fait de son côté mais tellement naïf… Il était pour elle le seul qui soit capable de l’attendre.

Donc, selon Hay Lin, elle en serait capable.

Will avait hésité. Elle ne voulait pas donner de faux espoirs à la jeune femme. Orube ne s’en serait pas relevée. Mais quelque part, c’était logique.

Et c’était le dernier espoir pour la guerrière brisée qui survivait à Kandrakar.

- … Orube ?
- …
- Orube, c’est Will.

La guerrière leva lentement la tête. Elle était assise sur les genoux, ses yeux auparavant perdus dans l’eau maintenant plantés dans les pupilles chocolatées de la Gardienne.

- …
- Orube, c’est pour Cédric.
- … Cédric ?

Will crut apercevoir une petite lueur dans les yeux de l’autre, mais elle s’éteint aussitôt.

- Cédric est mort.
- Il peut… Il peut être réécrit !
- … Réécrit ?

Will n’était pas sûre, mais il fallait convaincre Orube. Si elle n’essayait pas, il n’y avait aucune chance de le savoir. La rousse saisit le livre posé à côté de la guerrière et lui brandit sous le nez.

- Il faut le raconter ! Pas raconter sa vie ou ses pouvoirs ou ses allégeances… Le raconter lui. Comment il était le matin quand il te voyait arriver. Le soir quand il te voyait partir ou que tu restais. Son sourire. Ses yeux. Lui ! Je n’en suis pas capable. Personne ne le peut. Sauf toi, Orube. Parce que pour toi il était spécial.
- … Tu crois vraiment ?
- Oui !
- … Moi pas.

La guerrière se leva prestement et partit. Will soupira… Et remarqua que le livre n’était plus là.

Elle sourit.
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- Cédric…

Orube était dans sa chambre, allongée sur son lit. Le livre vierge était ouvert à ses côtés.

Elle ne savait que faire. Essayer ? Au risque de perdre définitivement espoir ? Ne pas le faire serait lâche. Mais…

Qu’écrire ?

Orube lui avait demandé, une fois, si lui, Cédric, croyait aux coups de foudre. Elle ne se souvenait plus de sa réponse. Cela la surprit. Profondément.

D’habitude, elle se souvenait de tout. Tous ses souvenirs du blond avaient pris une acuité douloureuse depuis qu’il était mort.

« Tu te souviens de chaque rayon du soleil de Basiliade ! C’est peut-être ça que je cherchais… »

C’était peut-être ça. Ce qu’elle devait écrire.

Les rayons de soleil qui traversaient la vitre de la bibliothèque, la toute première fois. Le rictus ironique. L’amusement.

Puis la surprise. Et enfin le sourire, qui avait dégénéré en rire le jour où Orube lui avait ramené du Cappuccino à emporter.

Orube se rappela tous les détails.

Le soleil ce jour là frappait fort. Eux deux, assis à la table d’un restaurant. Malgré le fait que ce soit lui qui l’ait invitée, c’était elle qui avait choisi les plats, grâce à sa plus longue expérience de la nourriture humaine. Ils avaient longuement parlé de Ludmoore, de livres en général, d’eux finalement. Déjà à ce moment Orube s’était confiée plutôt facilement, contrairement à ses habitudes. Mais la peau blême, la voix tremblante et les yeux rouges du blond, quand elle était arrivée cette fois là, tout cela l’avait convaincue qu’il n’était déjà plus Lord Cedric, serviteur de Phobos. Et même s’il était redevenu un serviteur –Pour Ludmoore cette fois– elle avait eu à moitié raison.

Son sourire. Son simple sourire.

Tout en se concentrant sur ce souvenir, elle saisit le livre et la plume qu’avaient mis à sa disposition l’Oracle, et écrivit consciencieusement le nom de Cédric.

Il ne se passa rien.

Elle s’en voulut. Bien sûr que c’était impossible. Bien sûr que Will avait tort. Bien sûr qu’elle ne reverrait pas Cédric. Bien sûr. Elle aurait dû le savoir.

Avant qu’elle n’ait pu s’en empêcher, une larme tomba sur l’encre, la diluant.

Et tout s’illumina.

Clignant des yeux, éblouie par la lumière blanche qui sortait du livre, Orube le sentit soudain s’évaporer lentement entre ses doigts.

- Non !

Elle chercha à le saisir, yeux désormais fermés par la trop forte lumière, mais n’y parvint pas.
Puis tout s’éteint. Il n’y avait plus qu’Orube, assise sur son lit, sans le livre.

Au départ, elle pensa que cela avait échoué, et qu’elle avait perdu en vain le dernier souvenir qu’elle possédait de Cédric.

Mais elle eut une idée.

Elle se leva et se lança dans les couloirs de la Forteresse.

- Oracle, je repars à Heatherfield.
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Elle courait. Enfin, elle courait moins qu’elle ne galopait, féline comme toujours.

Elle fut rapidement à la librairie. Sans prendre garde au fait que la boutique était pleine de gens, elle se précipita au sous-sol sous les regards interloqués.

L’endroit était plongé dans la pénombre. Elle alluma la lumière… Et étouffa un cri.
Il était là. Endormi dans un fauteuil, ses lunettes de travers, ses longs cheveux collés sur le tissu par énergie statique.

- Cédric…

Elle sourit et disparut.
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- Uh…

Il ouvrit les yeux, lentement. Redressant machinalement ses lunettes, il parcourut l’endroit des yeux.

- Je suis revenu à la librairie… ?

Comment… ? Il était mort. Il se souvenait être mort. Pour Orube. Il se souvenait s’être précipité devant elle. Il se souvenait que Ludmoore l’avait frappé. Il avait choisi de mourir. Donc il devait l’être… Mais… Ludmoore, les Gardiennes… Orube…

Il se leva lentement.

- Du café ? C’est mauvais, mais je t'ai déjà dit que c’est le but.

Le blond se retourna.

Orube sourit.

Quand Will arriva, ils étaient dans les bras l’un de l’autre. Cédric ouvrit un œil et eut un mauvais sourire, avant de refermer violemment du pied la porte sur la Gardienne.

Cedric avait vraiment besoin de monnaie. Pour une fois, il avait une bonne raison...
Il avait beau fouiller partout, poches du manteau, du pantalon, porte-monnaie, tiroirs, rien.

- Cedric, mon argent s'il te plaît...

Le blond réfléchit quelques instants et puis...

-Je te promets de te rembourser, à une condition.

Orube fronça les sourcils, ne savant pas à quoi s'attendre de la part du bibliothécaire. Elle avait eu le temps d'imaginer beaucoup de choses...

- Je vous les rendrais quand on sera mariés, déclara Cedric le plus naturellement du monde, et sortant une rose de nulle part.

...Mais pas ça.

Depuis tout petit, Cedric a été amené à trahir bien, bien souvent. Il ne compte plus les masques qu’il a dû porter et les revirements qu’il a dû opérer. De son propre point de vue, ça n’est pas de la trahison : tous ces gens ne lui sont rien, son intérêt passe avant tout le reste.

C’est un choix raisonné de sa part, estime-t-il.

Ce qui est moins raisonné, c’est cette fille. Orube.

S’il se jette devant elle, ce n’est pas par faiblesse. Oh non. C’est son intérêt. Il reste fidèle à ses propres principes, ceux qui l’arrangent. C’est tout.

Il dormait tranquillement quand il sentit l’arrivée de quelqu’un. Il grommela un peu et ouvrit les yeux sur le nouveau venu.

- Dis donc, tu sais quelle heure il est ?

Pas de réponse.

- Quwwequipasse ? demanda une voix ensommeillée.
- Je parle à ta boule de poils ambulante.
- Ah. Et ?
- Il n’a pas l’air d’apprécier que je sois là.
- Il va devoir s’y habituer, parce que ça va durer.

Elle replongea dans la couette. Il sourit.

- T’as entendu ? Allez file, lança-t-il avant de refermer les yeux.

We repartit vers le salon.

Je suis là, je t’attends toujours, mais je crois bien qu’il ne me reste justement plus assez de temps pour cela. J’ai prié tout les soleils qui se sont levés durant ma vie pour que ce jour soit le bon, mais ils ne m’ont jamais écouté. J’ai demandé à la lune de guider ton chemin vers moi, ou bien même vers le monde des êtres de boue en général, mais toujours rien. J’ai demandé à Butler de planter un chêne devant la rivière du manoir pour que si tu venais à la trouver elle te guide, et en vain.

Si tu savais comme j’ai attendu, j’en ai fait souffrir la femme que j’ai épousé. Evidemment je l’aimais, mais toi, je n’ai jamais pu t’oublier. Malgré le fait que tu es bien plus vieille que moi, qu’Heaven-Ville avait besoin de toi, qu’un « nous » serait toujours impossible de toute façon, je n’ai cessé de te chercher, d’espérer te voir franchir la porte pour enfin me revenir, si tu savais.

Mais je meurs, Holly, le prétentieux gamin de Boue meurt, et il s’en va. Sans t’oublier.

Promis. Même si ma parole ne vaut rien à tes yeux, sûrement, c’est promis.

J’étais tellement fou, aveugle.

La vie est parfois étrange. Ironique.

Comment toi, si belle, si innocente, comment as-tu pu tomber amoureuse de quelqu’un comme moi ? Moi, vil, traitre et sale. Moi, un meurtrier. Un égoïste qui a volé la vie de tant d’autres pour prolonger la sienne, misérable.

Comment arrives-tu à sourire tout le temps, quelques soient les circonstances ? Est-ce parce que je suis là ? Tu me ferais cet hommage ? J’en suis tellement indigne.

Comment toi, si innocente, as-tu pu accepter de partager ta vie avec moi ? Cette chaleur qui m’enveloppe, cette sensation si douce d’être étreint, de quel droit me la suis-je approprié ?

Je ne le sais que trop bien : à terme, je te ferais souffrir. Je ne le veux pas, mais c’est plus fort que moi. Je suis égoïste. Un égoïste fou amoureux de toi. Un égoïste qui peut t’ordonner de te tuer, et tu obéirais, comme Euphénia.

Laisses moi, le temps de ce rêve, justes quelques instants, profiter de ta lumière. Et, s’il le faut, je le paierai de ma vie. Cette trop longue vie qui n’a eu de sens qu’auprès de toi.

Kamdor avait « adopté » Mirratrix depuis deux ans, lors d’un raid sur Terre. La petite, âgée de six ans, lui faisait plus confiance qu’à quiconque, et était devenue un peu comme lui, méprisante envers les humains.

Ce jour là, alors que l’extraterrestre se reposait, elle fit irruption dans sa chambre.

- Qu’est-ce que c’est, mourir ?

Le masque de froideur de Kamdor se fissura un instant et il laissa transparaître sa surprise avant que son visage ne redevienne impassible.

- Pourquoi veux-tu savoir ça, Mirratrix ?
- J’ai entendu deux humains parler d’un autre, avec les bêtises habituelles. Elles disaient qu’il était un grand homme, mais qu’il était mort il y a quatre ans, et … et … Je me demandais …

Il la coupa d’un signe de la main.

- Mourir, ma Mira, c’est la fin de tout. Tu cesses de vivre, et il n’y a plus rien après. Et c’est irréversible. Cela veut dire que tout le monde meurt un jour.
- Je vais mourir, alors ?
- Oui, tu mourras un jour. Mais tu mourras au combat. Fière et droite, comme mon élève doit l’être.

Elle ne savait pas à quel point il s’en réjouissait d’avance.

Il eut beaucoup de chance en sortant de chez Jo, il ne tomba sur personne, pas comme la veille, où il était tombé sur Henri. Ce dernier lui avait parlé pendant plus d'une heure, ce qui a fait qu'il était arrivé en retard à son rendez vous avec l’adjointe de Carter. Il lui avait fallu toute sa persuasion pour que cette dernière arrête de lui faire la tête, et ensuite ça avait quelque peu dérapé... Passons.

Le brun entra rapidement dans son bureau et en ressortit, tout aussi vite, un dossier sous le bras.

Il prit ensuite la direction de la salle de briefing où le Directeur devait l'attendre. Cependant, il ne s’attendait pas à ce qui allait lui arriver.

Il découvrit le Directeur en question, en train d'embrasser passionnément une femme noire – un peu trop passionnément d’ailleurs – qu'il reconnut tout de suite. Il resta figé quelques instants jusqu'à ce que Nathan le sorte de ses pensées.

- Fargo, vous avez trois secondes pour partir et oublier ce que vous venez de voir, après je fais de votre vie un enfer.
-Ok, répondit Douglas avant de partir rapidement, pour ne pas endurer les légendaires colères de Stark.

J’ai un souvenir qui me trotte dans la tête. Un visage, un sourire. Puis plus rien. Un coup de vent, disparu, envolé. Une trainée de fumée dissipée par le vent.

Est-ce toi ? Ce visage chaleureux, ces prunelles profondes et cette peau d’ébène ? Tu changes, tu prends d’autres traits, je ne me souviens plus. Je te perds, tu t’échappes sans cesse, eau qui glisse entre mes doigts, vieille illusion fanée, calcul erroné.

C’est moi que j’ai perdu. Pourquoi suis-je incapable de retrouver ton visage ? Je suis pourtant sûr de l’avoir aimé, un jour. Follement, éperdument. Comme un damné. A en crever.

C’est le vide qui t’a avalé, le néant qui t’a trompé. A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. C’est une tache, du rouge sur du blanc. Du sang sur tes ailes.

C’est idiot de dire ça maintenant. Tu n’avais pas d’ailes. Juste une foutue belle bouche. Et la sale manie de toujours te fourrer dans les ennuis. Enfin, je suppose que de ce côté-là, je n’ai pas mon mot à dire.

On était faits pour s’entendre, toi et moi. Alors pourquoi suis-je en train de t’oublier ? Pourquoi t’effaces-tu peu à peu, un peu plus jour après jour, seconde après seconde ? Pour ne plus me voir souffrir ? Raté. C’est pire que tout.

Je ne veux plus t’oublier. Quitter cette mémoire effilochée, décoller de terre, m’effacer à mon tour.

Sombrons, mon amour, dans les méandres de l’oubli.

- Ally, murmura-t-il en soulevant une mèche brune qui tombait sur son visage.

Elle sourit, feignant encore le sommeil. Il la soumit au supplice des chatouilles malgré ses protestations, jusqu’à ce qu’elle finisse par se retourner vers lui.

- Mmm...
- Tu veux m'épouser ?

Allison ouvrit les yeux pour les plonger dans ceux de Nathan.

- Bien sûr, répondit-elle sans aucune hésitation.

Nathan se redressa à demi dans le lit, mi-inquiet mi-content.

- Tu dis ça comme si ...
- Comme si j'en avais rêvé toutes les nuits et que je m'étais imaginé cette scène presque depuis le jour où je t'ai vu, termina Allison malicieusement.

Il eut un léger sourire qui dégénéra en un rire franc quand elle se mit à le torturer comme lui-même quelques instants auparavant, puis se rallongea, la jeune femme revenant se blottir contre lui. Il y eut un temps.

- Comment ça, presque, demanda-il au bout de quelques minutes. Ca n'a pas été tout de suite ?
- Nathan, s'indigna Allison.
- Je n'ai pas droit de demander des explications ?

Son sourire disparut lorsqu'il se prit un oreiller dans la figure.

Il comprit que sa vie n’allait pas être de tout repos…

(Ryo, si Mele était morte dans le 16)

Je l’aimais, se dit Ryo. "Je l’aimais", répète-t-il à haute voix. "Mele, je t’aime," gémit-il, pour voir ce que ça fait de le dire, et aussi, parce qu’il n’y a absolument personne pour l’entendre.

Il n’a pas réussi à le lui dire, tant qu’il était temps. Il ne veut pas que qui que ce soit d’autre sache, maintenant, parce que ça aurait dû devenir un secret juste entre eux deux.

Mais il a besoin de le lui dire, où qu’elle soit désormais. Qu’elle sache, que lui aussi l’aimait, et qu’il aurait voulu être à elle, comme elle était à lui.

(Ryo, durant le 48)

Il s’attache, il perd et il souffre. C’est le jeu de la vie. Il le sait depuis tout petit. Si on n’aime personne, personne ne peut nous blesser. Mais alors on est seul. Si on se lie à une personne, ça peut vous rendre plus fort, ou ça peut vous affaiblir.

En laissant Mele entrer dans son cœur, Ryo a cru que pour une fois, rien de mal n’arriverait. Mele était tellement dévouée, forte et amoureuse de lui…

Trop, au final. Un sacrifice, des belles paroles ! Et encore une séparation violente.

Une fois de plus, il s’est trompé.

(Miki, dans un avenir lointain)

Pourquoi moi ? J’ai toujours cru que je serais la première de nous trois à y passer, parce que j’ai toujours su que j’étais la moins forte de nous trois. Notre triangle, les Kenshis du Jyuken, la belle affaire ! Ryo était le plus puissant. Gou protégeait son frère. Contrairement a ces deux-là, je n’avais rien de spécial, j’étais loin d’avoir leur force et leurs convictions. Je me suis toujours sentie plus faible qu’eux et dans ce monde fait par les forts, les faibles meurent les premiers.

Mourir après eux, ça sonnait comme une trahison dans mon esprit, comme si je ne méritais pas de vivre s’ils mouraient. C’est pourtant ainsi.

Si j’étais morte avant eux, j’aurais pu garder l’illusion qu’ils vivraient éternellement, qu’ils se retrouveraient, qu’ils vivraient du mieux possible même sans moi. Seulement je les ai vus mourir. Je leur ai survécu. Des années durant, leur souvenir et la douleur qu’ils m’ont laissé perdure et ne me quitte pas une seconde. Pas même cette seconde où je sens le froid m’envahir.

Mais peut-être étais-je la seule. La seule à pouvoir porter leur souvenir vivant tout ce temps. Et pour cela, cela vaut la peine d’avoir vécu si longtemps.

(Mele, durant le 48)

C’est dur de mourir. Mais vivre, même une vie de RinRinshi, même vivre deux fois, cela n’a pas été plus facile. Je suis désolée, je ne veux pas vous décevoir. Pourtant je crois bien que je meurs avant vous.

J’espère de tout mon cœur que vous allez tout arranger. Non, je n’espère pas. Je sais que vous le ferez.

Jan, Gekired, deviens le meilleur des justes, un Tigre, un chef. Pas pour moi, mais pour le monde qui aura besoin de toi. Pour Ryo-sama. Il aura besoin d’un ami pour le soutenir. Tu es son ami. Le seul. A part Gekiviolet… Gou, peut-être.

Ran, ma soeur, je compte sur toi pour t’occuper de tes amis et de Ryo-sama. Toi qui es bien meilleure que moi, ne meurs pas.

Gou, Retsu, Ken, battez-vous aussi, du mieux que vous pouvez, donnez-vous jusqu’au bout. Je sais que vous êtes forts.

Ryo-sama, vous aussi. Je vous attendrais. Ne vous pressez pas pour me rejoindre, je vous attendrai le temps qu’il faudra.

Vous tous qui êtes plus forts que moi, vivez de votre mieux. Moi je vous devance. Et je vous attends. Je crois en vous et en votre force.

Je meurs en y croyant.

(Ryo, pendant que le Rin Jyu Den brûle)

Je ne suis que glace et froid.

Et pourtant, la première sensation agréable qu’elle m’a offerte inconsciemment fut la chaleur.
La chaleur de son souffle quand proche de moi elle me parle et que ses expirations frôlent ma peau trop sensible.

La chaleur de sa peau contre la mienne, maintenant qu’elle se serre dans mes bras pour dormir et que mes doigts se fondent dans ses cheveux.

La chaleur que sa présence éveille en mon corps, mon âme et esprit, parce que je suis amoureux d’elle, qu’elle est mon âme sœur. Elle me rend vivant, m’a redonné une raison d’exister.

Si tu savais...

Mais tu le savais, n'est-ce pas ?
A quel point ce sentiment était fort ?
Je n'étais pas le seul à ressentir cette union de nos êtres, qui nous prédestinait l'un à l'autre depuis bien avant nos naissances. Nous le savions.
Pourtant...

Tu le sais maintenant...
Tout était faux...
Tout était destiné à l’oubli...

Moi aussi je dois t'oublier.
Mais...

Mais pourquoi en suis-je incapable ?
Pourquoi est-ce que je ne cesse de penser à toi ?

Pourquoi, alors que tout est fini et que c'est moi qui en suis responsable ?

...

Pourquoi, Jeanne, dis-moi ?
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Jeanne souffla doucement, regardant la bulle se former et grossir avant de la laisser s'envoler. Elle leva distraitement la tête et cligna des yeux dans le soleil. Elle fut ramenée à la réalité par un grognement de frustration.

– Je peux faire mieux que toi, déclare Hao.

Jeanne sourit sans rien dire et pendant que le brun s'escrimait à créer la plus grosse bulle de savon du monde. La jeune fille souffla de nouveau, faisant naître des dizaines de petites sphères qui s'envolèrent en direction de Hao, les couleurs irisées brillant au soleil.

Certaines se posèrent dans les cheveux bruns et Jeanne resta à les observer, un petit sourire inconscient sur les lèvres.

– Ah !

Hao prit un air dépité et s'essuya les joues.

– Elle a éclaté…
– Tu vas trop vite, regarde…

De nouveau Jeanne se mit à souffler et Hao se rapprocha pour l'imiter.

Les deux bulles se touchèrent et il voulut reculer, de peur qu'elles n'éclatent, mais Jeanne le retint, un sourire dans les yeux. Ils cessèrent de souffler en même temps et les deux bulles s'envolèrent, attachées l'une à l'autre.

Jeanne regarda Hao les suivre des yeux d'un air envieux.

Elle sourit encore et se remit à souffler.
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Jeanne lâcha un petit soupir et marmonna quelque chose, mais elle dormait toujours, au grand énervement du brun à ses côtés. Hao sourit et embrassa la tempe de la jeune fille…

– Mmmaoooo ?
– Oui ? répondit le brun, déposant un baiser sur le bout de son nez.

Jeanne le fronça, cligna rapidement des yeux avant de les refermer aussi vite.

– Mmmmfais ? marmonna-t-elle avec une cohérence exemplaire pour elle au réveil.
– Je teste une nouvelle attaque, répondit le brun, les lèvres à quelques millimètres de celles de Jeanne.
– Nnnhde… ?
– « Pluie de baisers », précisa Hao.

Et il démontra.
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Prise encore par les brumes du sommeil de la résurrection, sa conscience refaisait péniblement surface. Le sang cognait dans ses tempes, sa tête était comme enserrée dans un étau invisible. Des larmes de douleur passèrent la barrière de ses paupières. Lentement, elle parvint à ouvrir les yeux.

Seule, elle était seule… Encore.

Elle inspecta du regard la chambre, tout y était si froid… Elle aurait pu mourir et rien… Personne pour s’inquiéter de son sort. Ecrasée par la solitude et la douleur elle se tourna dans son lit et finalement l’aperçut dans l’obscurité.

Un sourire se dessina, elle se rendormit.
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- JEAAAAAANNEEEE JE VAIS TE TUER !
- Meuh non.
- VIENS LA QUE JE TE PENDE PAR LES TRIPES !
- Tu espères m’attirer comme ça ?
- Espèce de sale…
- Eh, restons polis.
- Tu as…
- Mis quelque chose dans ton shampooing, oui.
- DES PAILLETTES !
- Exact.
- VA TE FAIRE VOIR !
- J’aurais peur de te manquer, Hao-chan.
- DES PAILLETTES !
- Tu sais, c’est très mignon, on dirait que tu as des étoiles dans les cheveux.
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Le jeune fils des Tao le regarde dans les yeux, tremblant de peur mais sans faiblir. Ces yeux là, il les a déjà vus. Ce regard-là, ce rouge intense, tellement perçant, il l’a déjà rencontré.

Il a aimé ce regard, l’a désiré pour lui seul. Mais la belle Maiden a détourné les yeux sans le voir, et quand il a su la forcer à le regarder, il n’y a trouvé que du mépris. Et par la suite, de la haine. Et malgré tout, malgré tout, un amour immense qui ne lui était pas destiné.

Ces yeux-là ont causé sa perte.
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- Si !
- Non !

Cette dispute stérile dure depuis trop longtemps. Il serait temps d’en finir raisonnablement. Mais aucun des deux ne cédera : question de fierté personnelle. Et de conscience professionnelle : l’éternelle rivalité entre X-Laws et Hoshigumi.

Tout comme les deux clans en arrivent souvent à la bataille rangée, les deux jeunes en viennent parfois au duel selon les règles de l’art : il appelle SoF, elle invoque Shamash, et ils finissent par terre, éreintés par le combat.

- Tu ne sais même plus pourquoi on se dispute...
- Si !
- Non !
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On appelle ça la peur de l’inconnu. C’est une notion bien étrange pour moi, j’ai l’impression d’avancer sur un fil avec les yeux bandés. Une simple bourrasque pourrait me faire chuter.

Alors mieux vaut ne pas avancer, n’est ce pas ? C’est plus sage. Rester figée ainsi, les bras ballants le long du corps et le cœur arrêté. Avancer ou reculer, quelle différence ? Dans les deux cas, je suis certain de me casser la figure.

Te dire que je t’aime, ou m’accrocher encore plus à ma haine. Je n’ai plus vraiment le choix. Je peux me briser le nez ou le dos, tomber de haut ou m’enfoncer six pieds sous terre. La vie est cruelle, parfois. La mienne plus que toutes les autres, puisqu’elle est interminable.

Alors je ne te dirai rien. Je ne serai jamais tendre envers toi, je ne te prendrai jamais dans mes bras, de toute façon tu ne te laisserais pas faire. Je ne te frapperai pas non plus, rassure-toi. J’en ai assez de me blesser.

Je te l’ai dis, cette situation vaut mieux que toutes les autres. Loin de toi, en équilibre sur un filin d’acier, avec les yeux bandés et le cœur arraché.
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Je te lance un regard assassin, tu me renvois un rictus ironique.

Je te traite de monstre, tu éclates de rire.

Je te dis que tu es cruel, tu souris encore, et tu me remercies.

Puis je te dis que je te hais, et là, tu ne dis plus rien.

Tu te figes, comme pétrifié. Tes yeux s’agrandissent et, le temps d’une seconde, je crois y voir de la souffrance.

C’est impossible, tu n’éprouve rien pour personne, je le sais. Que de la joie face à l’agonie, de l’extase quand tu tortures, du plaisir quand tu détruis. C’est que mes compagnons m’ont toujours dit. Tu es un être sans foi ni loi, un assassin fier du sang qui coule sur ses mains, un pyromane cruel et mauvais.

Et pourtant non, je ne me trompe pas. Tu as été touché profondément, tu ne réussis plus à le cacher. Est-ce moi qui t’ai blessé ?

A peine deux secondes se sont écoulées, mais j’ai l’impression que le temps s’est arrêté.

Ton visage reprend ses couleurs assassines aussi vite qu’elles s’étaient envolées, et tu me renvoies ma remarque. Toi aussi, tu me hais, dis-tu.

Mais c’est trop tard, et je n’y crois plus.

Phobos avait toujours été épris de liberté. Malheureusement, toute liberté était contrôlée. Gouvernée. Par les chefs. Les lumières de Méridian. Les femmes.

Sa mère, déjà. Sa sœur, bientôt.

Phobos souhaitait être libre, elle l’en empêcherait. Il la haïssait pour cela. Il haïssait l’admiration de ses parents pour le bébé ; il haïssait la dévotion des serviteurs à la princesse ; il la haïssait elle.

Et quand il la regardait, un instant seulement, avant de se détourner dédaigneusement, il la haïssait d’être cependant si douce, si brillante qu’il en avait mal aux yeux.

A lui l’ombre ; à elle la lumière.
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Elyon était trop petite pour tout comprendre. Elle ne pouvait que ressentir.

Ressentir la chaleur de Maman. La fierté de Papa. Ses parents, tellement merveilleux… Elle se sentait protégée avec eux, elle pouvait dormir tranquillement.

Mais il y avait lui. Le Troisième. Il n’était pas chaud ou doux ou fier. Il était… Elle ne savait pas comment le dire. Elle n’avait qu’un mois, comment le comprendre ?

A chaque fois qu’il grimaçait, qu’il partait en faisant volter ses longs cheveux blonds, Elyon se sentait triste.

Le Troisième, elle aurait voulu jouer avec lui. Au fond… C’était son Nii-tan, nan ?

A huit ans, Ryo vivait chaque jour comme si c'était le dernier. Comme n'importe quel jeune enfant, au fond. Il vivait intensément son présent, s'immergeait dans la joie ou dans la peine de chaque instant.

Tout était tellement nouveau à ses yeux. Le monde restait à explorer et chaque jour apportait son lot de découvertes, le laissant souvent fasciné, mais parfois terrifié. Mais il n'avait pas à le redouter, parce qu'il savait qu'il lui suffisait de revenir en courant auprès de ses parents pour être protégé. Et que ça, ça ne changerait jamais. Ils seraient toujours, toujours à ses côtés.
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A neuf ans, Ryo avait tout perdu. Sa famille avait disparu. Il n’avait pas pleuré, à part les larmes perdues dans la pluie de cette nuit là.

Il avait été accueilli par des gens bien, selon lui. Il y avait un chat, deux enfants, et un homme. Le chat lui avait parlé d’un art martial, mais Ryo n’avait pas envie. Il ne voulait pas rester.

Les deux enfants l’avaient convaincu. Ils avaient été là. Un jour, Ryo avait vu l’homme se battre. Ce jour là, il avait accepté de devenir un apprenti.

Après, il n'avait plus parlé de sa famille.
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A dix ans, Ryo avait saisi le principe du Geki Jyuken. Gou et lui avaient réussi leur première attaque. Ils avaient combiné leur force, poings serrés, et avaient cherché en eux l’animal. Il y avait eu un Lion et un Loup.

Miki était là aussi. Elle avait eu un sourire éclatant pour les féliciter. Leurs efforts avaient payé.

Ils avaient continué à étudier pour progresser.

Ryo continuait à chercher un moyen de faire revenir sa famille. Même s'il n'avait pas encore trouvé, ça devait forcément exister. Le Jyuken était tellement puissant. Au moins, il finirait par ne plus avoir peur.
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A onze ans, Ryo avait considéré avoir atteint l'âge mûr. Sa famille ne reviendrait pas. C'est lui qui était responsable des autres à présent. Et lui, il en prendrait le plus grand soin, et ne les abandonnerait jamais.

Bien sûr, Miki s'était moquée. Elle lui avait dit qu'il était bien trop petit. Bien sûr, il s'était emporté. Il avait affirmé qu'il était tout à fait capable de les protéger, qu’il mourrait même pour eux. Lui trouvait que c'était une grande et belle idée, que de mourir pour ceux qu'il aimait. Et elle s'était encore moquée.

Mais son sourire avait disparu.
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A douze ans, Ryo trouvait qu'il faisait un adulte plutôt convaincant, protecteur envers Gou et Miki, défiant envers Dan. Il espérait juste devenir rapidement plus fort, parce que d'autres semblaient avoir besoin de ce genre d'argument pour être convaincus.

Gou comptait toujours sur lui pour le guider, même si parfois ils se disputaient. Dan était toujours présent, toujours imposant, et Ryo se jurait jour après jour de le surpasser. Le Lion se battait tous les jours contre le Tigre Blanc, jusqu’à la tombée du jour.

A la fin des combats, en sang, il se jurait d’y arriver. Un jour.
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A treize ans, Ryo avait renoncé à mourir en héros. Il avait admis qu'effectivement c'était idiot.

Il n'avait pas abandonné l'idée de protéger ceux qu'il aimait. Il avait juste réalisé que la mort était la dernière extrémité, car elle rendrait malheureux ceux qu'il voulait sauver.

Après avoir appris la mort de son frère, Miki s'était enfermée dans sa chambre. Quand elle avait fini par rejoindre Ryo et Gou, elle s'était mise à marteler le crâne de Ryo en lui interdisant de penser que c'était bien de mourir pour protéger les siens. Puis elle avait longtemps sangloté. Ils avaient pleuré avec elle.
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A quatorze ans, Ryo avait constaté qu'il n'était pas aussi grand qu'il le croyait, et qu'il était impuissant.

Les parents de Miki étaient malades, gravement malades, depuis longtemps, et le Jaguar avait pu le lui cacher. C'est elle qui avait continué à le protéger en lui cachant qu'elle souffrait, et lui, il avait été incapable de la sauver.

Ses parents étaient morts.

Et il se rendait compte qu'il avait eu tort de se croire fort. Il ne pouvait pas consoler Miki. Plus que jamais, elle avait besoin de lui. Il fallait absolument la protéger, avait-il dit à Gou. Ils l'aimaient.
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A quinze ans, Ryo avait perdu le droit de se considérer comme un enfant.

Aveuglé par son orgueil, il avait commis le pire des péchés, il avait trahi. Et il y avait entraîné ses meilleurs amis, qu'il avait condamné à vivre avec le poids d'un crime dont il était le seul responsable.

Mais il ne voulait plus être un enfant. Il voulait être fort, devenir le plus puissant de tous. Ne plus avoir peur du noir. Ne plus pleurer.

Gou et Miki ne comprenaient pas. Ils ne pouvaient le comprendre. Personne ne pouvait… Sauf peut-être cette fille. Le Caméléon.

Peut-être.

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Ryo fit craquer ses poings. Lui et Mele se battaient contre les Rangers, depuis quelques heures déjà. Mele utilisait ses nouveaux pouvoirs de Phénix avec ravissement, balayant les Rangers sans même en laisser à son maître.

Le brun faisait plus observateur. Il aimait la voir se battre ainsi.

Cela lui rendait justice, quelque part. Elle avait toujours été détestée, dévalorisée, prise pour l’imbécile de service, et voila qu’elle montrait de nouvelles aptitudes.

Bien sûr, il aurait aimé ne pas avoir une pointe de jalousie dans le ventre, mais Rageku était simplement trop bon professeur. Il soupira et ferma les yeux un instant.

Un instant de trop. Tout se passa très vite. L’exclamation de Mele, le coup de Jan qu’il para in extremis, les quatre Gekirangers entourant désormais le Caméléon pour lui faire payer l’humiliation. Il ne pouvait même pas l’aider, pris dans un combat personnel contre son rival de toujours.

Et le Phénix, toute puissante qu’elle était, semblait avoir des difficultés avec le Loup, Le Guépard, le Rhinocéros et le Jaguar qui lui sautaient dessus.

Finalement, il aurait aimé se concentrer plus, songea-t-il. Mais, surveillant Mele par intermittence, il laissa Jan prendre le dessus et finit une première fois au sol.

Puis une deuxième.

Il grogna à la troisième, poussa un cri étouffé à la quatrième. Il n’arrivait plus à reprendre le contrôle de ses muscles, et le Tigre le maintenait debout rien que pour mieux le faire tomber.

Mele, le voyant si faible, réussit à se défaire un instant de ses adversaires, courut à lui et tenta de défaire la prise du Tigre, qui la renvoya au loin sans même la regarder. C’était un combat qui ne concernait qu’eux – et Jan était en colère contre Ryo pour un motif quelconque.

Ken ragrippa Mele, lui lança une pique qu’elle n’entendit pas. Se débattant, le Phénix hurla.


- RYO-SAMAAAAA !

Les Gekirangers furent soufflés par ce cri. En fait… En fait, c’était plus qu’un cri.

Mele rayonnait d’une énergie dorée que Ryo reconnut facilement. Le Gengi. L’énergie qu’elle avait acceptée de Long. Le Phénix.

Toute cette puissance dévastatrice sortait d’elle par vagues, frappant les cinq Rangers. Jan lui-même, pourtant le plus éloigné de Mele et tout proche de Ryo, fut envoyé valser quelques mètres plus loin. Pourtant, ce même Ryo ne semblait pas être affecté…

Le temps semblait s’être arrêté. Deux secondes, trois peut-être, s’étaient écoulées, mais le Lion avait l’impression qu’au moins une heure venait de filer. Il ne sembla reprendre conscience que lorsque Gou s’écroula à ses pieds, inconscient et blessé à la tête.

Les vagues dorées s’éteignirent progressivement. Le Caméléon, une fois redevenue tout à fait comme d’habitude, tituba un peu. Elle entrouvrit les yeux, qu’elle avait fermés, et tomba sur son maître, seul debout au milieu du carnage. Elle sourit.

- Ryo-sama…

Et elle s’écroula.


Il marcha. Lentement. Sans les remarquer, il dépassa Ran, puis Retsu et enfin Ken avant d’arriver jusqu’à elle. Toujours lentement, il baissa la tête.

-… Mele…

Elle ne bougeait pas. N’émettait pas un son. Comme morte. Non, un RinRinshi ne meurt pas.

Mais… Mais elle n’était plus une RinRinshi !

Elle était une GenSho. Ce que Long avait fait d’elle… Elle n’était plus la Mele qu’il connaissait. La Mele qui lui appartenait. Sienne, grogna le Lion en lui. Ryo ne savait rien des capacités, des faiblesses, il ne savait plus rien d’elle ! Cette pensée le laissa vide.

Pouvait-elle mourir ?

Non. Elle allait se redresser, sourire, rire au nez des cinq imbéciles au sol. Elle allait se retourner vers lui et lui demander s’ils pouvaient rentrer. Rentrer. Ensemble.

Elle avec lui.

Mais le temps passait, sans qu’elle ne se relève. Sans que personne ne bouge.

Alors Ryo prit une décision. Prenant la jeune femme dans ses bras, il se redressa et lança un regard glacial aux Rangers.

- Rin Kai Hou.

Son esprit animal se matérialisa, et le brun s’y projeta, portant toujours Mele dans ses bras. En quelques minutes, il avait disparu.

Galopant vers le Rin Jyu Den.

Un certain blond avait du souci à se faire.


- LONG !

Ryo était arrivé dans la salle principale. Ne pouvant se résoudre à laisser Mele à même le sol, il la portait toujours dans ses bras, hurlant comme un dégénéré – qui a dit que c’en était un ? Bref, le Dragon qui ronflait sous les étoiles comprit qu’il avait intérêt à ramener ses fesses.

- Ryo-sama ?

Le brun posa délicatement la RinRinshi sur le fauteuil du chef –une rondelle de plastique, oui je sais merci – et plaqua le blond contre le mur.

- Qu’est ce que tu lui as fait ?
- … ?
- QU’AS-TU FAIT A MELE ?
- … Baaaaah… Rien ?

On aurait bientôt des côtelettes de Dragon fumé, selon les yeux de Ryo.

- EXPLIQUE-TOI !
- Eeeeh… Elle a plus de Gengi ? Comment elle s’est fait ça ? Faut vraiment pas êt’ dou… Rien dit. Il lui est arrivé quoi ? Ryo-sama, vous m’étranglez là. Vous m’é… Arh… Ey !
- Tu as trois secondes. Avant que je ne m’énerve réellement.

Le Lion relâcha le pauvre blond, qui se pencha – en bon kikoulol – sur la brune, et sembla réfléchir un petit moment.

- Bah elle a plus de Gengi. Les Rangers l’ont vaincue ?
- Elle a libéré son énergie pour… Les battre.
- Et vous protéger par la même occasion ?
- …

Silence plus qu’éloquent.

- Ah. Mauvais. Phénix…

Long se redressa, haussa les épaules.

- Y’a rien à faire. C’est une faculté spéciale des Phénix, de se sacrifier pour protéger quelque chose d’important. Perdant tout leur Gengi, ils disparaissent. Mais c’est pas grave, c’est une GenSho, son rôle est de protéger le GenJyuOh de ses enn…

Le grondement de Ryo le fit sursauter, et le coordinateur du GenJyuken choisit de s’éclipser en nuage doré. Ryo envoya son poing serré dans une colonne, à s’en faire mal.

Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ?

Il n’en avait pas la moindre idée.


Ryo n’avait pas bougé.

Son énergie était réellement éteinte, mais elle vivait encore. Il le savait. Elle était encore là. Vidée de tout Gengi mais encore là. Eh mais…

Plus de Gengi. Il y avait quelque chose. Quelque chose se ramenait à sa mémoire.

La cérémonie… Echange des flux… Rinki contre Gengi… Il fallait purger une personne de son Rinki pour lui offrir le Gengi… Donc… Dans l’autre sens… ?

Il s’approcha de la forme évanouie de son lieutenant et, écartant la frange qui barrait le front de la jeune femme, y posa sa main.

- Rinki.

Heureusement que lui était encore utilisateur du Rinki et non du Gengi. Comme toujours, Mele se lançait dans la bataille sans savoir si elle était capable de vaincre ou non. Trop naïve, trop stupide, trop bornée – trop humaine. Méprisée des Kenma. Utilisée par Long et ses GenSho louches comme pas deux. Juste Mele.

Il sentait sa propre énergie partir lentement, mais n’en avait cure. Il en garderait bien assez, et puis il en faudrait beaucoup pour la sauver. Elle était à la limite.

Peut-être qu’il n’en garderait pas après tout. Elle semblait plus mal qu’il ne le pensait. Et puis il était affaibli par la bataille.

Après tout quelle importance ? Il ne pouvait pas… C’était sa faute si elle était dans cet état. Et cette épreuve la rendrait plus forte. Elle pourrait mieux se protéger. Peut-être même anéantir tous ceux qui avaient fait de sa vie à lui un enfer.


Il sourit. Il sentait le goût âcre et métallique du sang dans sa bouche à présent, et savait qu’il saignait de plaies qui ne venaient pas de la bataille.

Elle était une RinRinshi. Plus d’énergie signifiait une disparition, ou au mieux un coma profond. Après tout elle ne vivait pas, elle pouvait tenir.

Lui était un humain. Plus d’énergie signifiait la mort. La plus douloureuse qu’il soit. Mais il n’en avait cure.

Il avait beau être de sang froid, il agissait toujours sur des coups de tête. Il voulait faire telle chose, il la faisait. Le Lion fonçait, même si le brun lui-même aurait voulu se poser pour réfléchir. Il se battait dans un cri. S’éteignait dans un autre. Un point, c’était tout.

Il toussa. Le sang battait à ses tempes. Tout se floutait. Sous lui, la jeune femme semblait se remettre à bouger.

Il eut un micro-sourire. Elle redevenait RinRinshi. Sienne. Uniquement sienne. Le Lion grogna en lui. Ryo chercha à reprendre son souffle, une dernière fois, pour la revoir clairement, lui dire un mot… Mais n’y parvint pas. Ses poumons le brûlaient. Il n’avait toujours rien dit.

Non ! Il ne pouvait pas la laisser là ! Elle ne comprendrait pas. Il devait parler, dire…

Dire quoi ? Qu’elle devait vivre ? Elle était une RinRinshi. Qu’elle devait se méfier de Long ? Trop tard. Qu’il l’aimait ? … Il venait de s’en rendre compte.

- Omae ga… Suki.

Il retomba, tête sur les genoux de la jeune femme.

Fermant les yeux, il se demanda si le Phénix était bien Mele – où si c’était lui, au fond.

POV Yoh

“Give me a break
You’re so dangerous…”

Quelle jolie chanson. J’ai bien fait d’acheter ce CD de Cascada. Elle colle avec mon plan.

Quel plan ? Ah mais je vais vous dire.

Avant cela… BOB POWER !

Ahah, gomen’, je voulais détendre l’atmosphère un chtit peu, parce que je vous sens tendus, là. C’pas bien d’être tendu pendant les vacances, c’est fait pour souffler voyons !

Pâque approche. Je ne sais pas très bien ce que c’est, Pâque, je vous entends, mais selon mon pote Lyserg, c’est une fête très prisée en France. Heureusement qu’il sait pas pour mon plan quand même, il serait pas content.

Mais Pâque est connue en France. Ahah. Donc, ça colle très bien avec mon nouveau plan.

Parce que le Shaman Fight, ça va cinq minutes, après ça saoule, les combats mortellement fatigants à répétition.

Je m’ennuyais, pour tout dire. Alors j’ai réfléchi. Longtemps. Trèèèès longtemps, parce que tout seul, je vais pas très vite, vous savez.

… Arrêtez de me regarder comme ça à la fin ! C’est dur de réfléchir ! On dirait que vous avez jamais essayé !

… Bah quoi ?

Quand à ma réflexion… J’ai conclu que… Vous ne le direz à personne hein ? Eh ben, pour votre gouverne, bande de lecteurs, c’est plus marrant de coller deux personnes ensemble.

SURTOUT deux personnes comme eux.

Comme qui ? Ben Nii-san et Maiden, pardi !

…

Aha. Je vous entends crier d’ici.

Oui. Je sais qu’ils se « détestent ». Qu’ils sont pas du tout pareils. Qu’ils sont du genre ce-plan-était-ton-dernier-otôto/ami-de-Lyserg. Que Nii-san est sensé être un trèèès méchant pyromane et Maiden une sainte nitouche trèèès en rage après Nii-san.

C’est tout le challenge.

Parce que mon Nii-san préféré, il est vraiment trop psychopathe, et Maiden l’est aussi.

Donc, psycho+psycho= Psycho au carré Personne normale. Comment ça je suis nul en maths ?

Eheh, je suis un Shaman, j’ai autre chose à vivre que des zéros en maths. C’est Anna qu’il faut blâmer, avec ses entrainements impossibles. J’ai jamais pu apprendre mes maths.

Quoi ? Back to the subject ?

Si vous voulez tant que ça savoir ce que je vais faire pour eux… Bande de voyeurs !

Oui, pigé, je m’explique.

Donc. Coller Nii-san avec Maiden. Plus difficile à dire qu’à faire, comme vous dites.

Petit problème numéro 1 : Rackist et Marco. Surtout Marco. Ils sont coincééés, ces vieux ! Coincés comme pas possible, de vrais fossiles vivants. On devrait les donner à un musée. Tiens, je vais les surnommer comme ça pour le reste de cette histoire, je pense. Rackist est « coincé numéro 1 » et Marco « coincé numéro 2 ». Ils tiennent à ce que leur master respectif reste un psycho tout seul et tout triste dans son coin, comme un pas doué. Donc cette fête sera une fête ado only.

Petit problème numéro 2 : Maiden elle-même. Parce que Nii-san, je sais qu’il apprécie Maiden-chan. Et encore, apprécier, c’est peu dire, elle l’intéresse à un point pas possible. Je l’ai vu, j’connais ses secrets. Après tout on est frangins. Et puis il aime jouer, c’est un grand joueur. Alors il posera pas de difficultés. Mais Maiden est plutôt timide dans son genre, et convaincue par coincé numéro 2 qu’elle déteste Nii-san – ce qui est sûrement faux. Trouver une approche subtile, donc.

Petit problème numéro 3 : Anna. Ma fiancée voulait une soirée en amoureux après un entrainement du diable, alors maintenant que j’ai un plan à exécuter, je dois trouver une façon de lui dire que… Ben que c’est crâmé quoi. Non j’ai pas trouvé ce plan pour échapper à l’entrainement.

… Je pense que je demanderais à Manta de porter le chapeau concernant le point numéro trois, quand même. Parce que c’est mon presque-frère Manta, d’accord, je ne dis pas le contraire et je le dirais jamais, mais Anna fait trop peur. Vraiment, vraiment trop.

Maintenant, à moi de jouer.

Maiden-Hao-Love-Love-Plan, let’s go!



POV Jeanne

“ Don’t know anything about you
So close, just a touch away
Your love hits me like no other
They say I’m a true believer
I know something’s taking over now
I wanna run but I don’t know how
You just cross my border now
Just a kiss away…”

Cette chanson a résonné toute la soirée. Je la trouvais bizarre au début, puis trop près de la réalité, et maintenant elle me fait un peu peur. Je ne pourrais plus l’écouter après ce qui s’est passé.

En tout cas…

Dieu me hait. C’est sûr maintenant.

Mais c’est ma faute aussi, au fond. Comment ai-je pu accepter ? Lyserg-kun m’avait promis que ce serait très simple comme réception, mais pourquoi l’ai-je cru ? Les affaires avec des Asakura, Tao et autres Usui ne sont jamais, jamais simples.

Parce que bien sûr il était là.

Mais commençons par le commencement, vous voulez bien ? J’aurai du mal à tout expliquer sinon.

Lyserg-kun m’a dit que ses amis faisaient une petite fête pour la Pâque –déjà trop étrange, j’aurai du le savoir, et qu’il ne voulait pas vraiment y aller seul, et bla-bla je veux pas être pitoyable…

Alors j’ai dit oui, et je l’ai accompagné, comme un brave toutou qui suivrait son maître partout. Ca sonne vraiment mal, quand même. C’est moi qui suis sensée être son maître. Bref. TOUJOURS se méfier des gamins qui ont des fées roses comme esprits et qui paraissent timides, dirais-je à Marco-san en rentrant. Lyserg-kun va être tué par Marco-san dés que celui-ci saura ce qui s’est passé, j’en suis sûre.

Je portais une robe pourtant du genre simple, bleue avec des reflets blancs, attachée par l’insigne des X-Laws et un serre-tête assorti. Rien de choquant, pas comme ma tenue de combat où les vêtements que je porte dans l’Iron Maiden. En même temps, que voulez-vous ? Si je portais autre chose, ce serait déchiré par l’instrument de torture ! Et puis ça déconcentre les ennemis, de voir une gamine en sous-vêtements.

Je me suis éloignée du sujet je crois.

J’ai cru pourtant que ce serait bien. L’Itako, Anna-san, est venue ouvrir la porte, elle avait l’air moins fermé que d’habitude. Je lui ai serré la main et elle m’a même souri. Il faut croire qu’elle était de bonne humeur. Ou alors qu’elle était heureuse de me jouer pareil tour.

Lyserg a fait toutes les présentations, de Tamamura Tamao-san jusqu’à Oyamada Manta-san. Chacun avait l’air plutôt enchanté de me rencontrer, sauf Ren-san qui était froid comme un glaçon et Manta-san qui était gêné. Puis ils – Yoh-san, Horokeu-san, Ryu-san et Chocolove-san, en fait – ont voulu jouer à un jeu.

J’ai accepté. Pourquoi pas ? Si ça les amuse.

Parce que, franchement, j’ai trois ans de moins qu’eux, mais je crois que je suis plus mature. L’afro surtout est très stupide, avec ses blagues à deux francs, mais bon.

Dés le nom du jeu, j’aurai du partir. Le jeu de la bouteille. Plutôt connu au Japon et en Amérique, c’était nouveau pour une Française comme moi, sinon j’aurais fui en courant.

Ryu-san et Faust-san sont partis vers une sorte de mezzanine, pour « faire la régie ». J’aurai dû comprendre.

Nous nous sommes assis tous ensemble en un cercle, avec une bouteille en verre au milieu, et une place vide, juste à côté de moi. Je voulais demander pourquoi, mais Horokeu a éteint la lumière et j’ai eu autre chose à penser.

Déjà, Pirika-san avait des fou rires nerveux, de l’autre côté du cercle, et cela m’empêchait de me concentrer. De plus, quelqu’un a bousculé le groupe, provoquant grognements et exclamations, et s’est assis à côté de moi. J’ai cru à un retardataire – pourquoi n’en était-ce pas un ? Pas juste ! J’aurai préféré n’importe qui… Enfin.

La voix de Yoh-san a retentit :

- Bon, alors tout le monde connait les règles ? Quelqu’un fait tourner la bouteille et doit passer sept minutes dans la chambre du haut avec la personne désignée.
- Qui commence ?
- Maiden, lança Chocolove-san d’une voix brisée par le rire. Elle est nouvelle ici, autant qu’elle essaie !

Prise de court, je balbutiai, pas vraiment au point quand aux familiarités avec eux :

- Mais je…

Yoh m’interrompit, apparemment enchanté par la proposition – finalement il n’était peut-être pas si innocent que ça :

- Bonne idée ! Vas-y !

Je n’avais pas vraiment le choix. Pas juste…

Je tâtonnai dans le noir à la recherche de la bouteille, la saisis, la fit tourner… Le frottement du verre contre le sol devint étrangement obsédant.

Au moment où elle s’arrêta, un projecteur s’alluma de la mezzanine, et éclaira la bouteille. Et lui.

- Ahah, Maiden-chan, bien visé !

Lui. Avec sa cape beige de Pache, ses longs cheveux bruns et brillants, et son pantalon ceinturé à mort.

Dieu me hait.

Il avait fallu que le sort choisisse Hao Asakura.

“Give me a break
I’m melting away
You’re so dangerous
Or is it too late?
Gotta now what’s on your mind
I’m out of control
Cause you wanted it all
You’re so dangerous
Mi biggest mistake…”

POV Hao

« I’m out of control
Dangerous
Don’t you push to the limit
Cause you know I’m hungry for you touch
No doubt, I wanna be your lover
They say just a pretender
I know something’s taking over now
I wanna run but I don’t know how
You just cross my border now
Standing face to face…”

Jolie chanson, vraiment. Tout à fait appropriée. Faust est un très bon DJ, faut croire.

Maah, moi j’avais toutes les cartes en main. Pauvre Maiden-chan, quand même. Attendez, je viens de plaindre une fille parce qu’elle va finir avec moi ? Wouaille, je deviens grave avec les vies. Bah quoi, vous comptez en âge, je compte en vies, rhalala incultes.

Je me levai, souriant. Maiden-chan était plus blanche que d’habitude si c’était possible, et ses paupières clignaient comme le flash d’un appareil photo.

- Pas-Pas avec lui. Même pas en rêve.

Elle balbutiait maintenant. Lyserg, ou coincé numéro 3, capiche Otôto, coincé numéro 3, tenta de s’interposer, mais Yoh veillait au grain.

- Jeanne-sama n’a pas à…
- Lyseeerg, Jeaaanne, c’est le jeu. Toi et Hao allez en haut, tous seuls comme des grands. T’inquiètes Lyserg, j’ai rajouté comme règle qu’ils n’avaient pas le droit de s’entre-tuer.

Mon sourire s’agrandit et je tendis la main à Maiden-chan, qui tremblait violemment. Elle pâlit encore, regarda ma main – gantée comme à mon habitude – et se retourna, montant les escaliers d’un pas précipité. J’haussais les épaules et grimpai à sa suite.

Et maintenant, à moi de continuer. Maiden-Hao-Love-Love-Plan, nan ? Go go go.

Je ferme la porte de la chambre d’amis derrière nous, et laisse mon regard se planter dans le sien. Elle tremble encore un peu, et me regarde avec méfiance. Je soupire. Et trouve un plan. A peine trente secondes se sont écoulées.

- On à deux solutions : on s’ignore pendant sept minutes et j’aurai perdu mon temps, ou on se pose des questions, et l’autre est obligé de dire la vérité, sans détour aucun.

Elle fronce les sourcils.

- Je préfère la première solution.
- Moi pas. Alors, Maiden-chan, es-tu amoureuse ?

Elle reste silencieuse. Si je ne la retenais pas, elle se serait évanouie tellement la question était inattendue. Je laisse la connexion se faire. Je lui ai demandé si elle était amoureuse. Oui son cerveau fonctionne bien. Maintenant, une réponse ?

- N-Non ! Arrêtez de me tutoyer, s’il vous plait.

Elle rougit. Mignonne cette fille. Je la regarde intensément, attendant sa question.

- Quelle… Quelle est la personne la plus importante pour vous ?

Je souris. Pathétique tentative d’établir une stratégie.

- Asanoha. Ma mère. Elle est morte, si tu te pose la question. Je n’avais pas à dire tout ça, mais ça gagne du temps et on a plus que… Six minutes.

Elle rougit de s’être fait prendre. C’est à mon tour.

Deux minutes écoulées.

- Pourquoi me déteste-tu, Maiden-chan ?

Parce qu’il a blessé les X-Laws, il est le mal, il a tué tant de gens, parce que… Son esprit tourne à cent à l’heure. C’est drôle.

- Pour… Différentes raisons.
- Ce n’est pas une réponse, je réplique, boudeur.

Et, pour la punir, je me colle à elle, sans la laisser partir. Elle tente de me repousser.

-Pourquoi faites-vous ça, à la fin ?
- Tu viens de perdre une question. J’en ai envie, Maiden-chan, voila tout.

Elle pâlit. Trois minutes écoulées.

- As-tu peur de moi ?
- N-non.
- Menteuse.

Je la soulève et la pose sur mes genoux. Elle se débat, mais ma poigne est du genre solide et j’ai pris des cours avec Anna-chan.

- Lâche-moi, Hao ! S’il te plait…

Elle tremble de nouveau, et quand elle me regarde, ses yeux sont brillants. Elle est belle.

- Tu me tutoie maintenant ? Mignon. Tu n’avais pas à mentir. C’est à toi de poser une question, Maiden-chan.

Le silence dure un moment.

- Est-ce que… Tu joue avec moi en ce moment ?

La réponse part toute seule. Quatre minutes écoulées.

- Non.

Et je l’embrassai. Elle avait un goût salé. Je souris en voyant que son esprit restait blanc de surprise.

Non, Maiden-chan. Je ne joue pas.

Et tu sais, en trois existences, aujourd’hui est peut-être le seul jour, Jeanne. Le seul où je ne joue pas.

“Give me a break
I’m melting away
You’re so dangerous
Or is it too late?
Gotta now what’s on your mind
I’m out of control
Cause you wanted it all
You’re so dangerous
Mi biggest mistake…”

POV Anna :

Je crois que je vais tuer ce baka d’Asakura. Pas Yoh, hein, son frangin. Le môssieur-Shaman-Millénaire-ou-Hao-pour-les-intimes. J’avais déjà envie avant, je sais, mais là il dépasse la limite. Il est pas doué, d’accord. Il a besoin d’aide, d’accord.

Mais gâcher MA fête privée avec Yoh pour arriver à briser la glace – que dis-je, le béton armé – entre Maiden et lui !

C’est la faute de Yoh aussi. Ce baka amoureux de Bob et ses plans à la baka de service !

N’empèche que j’aime vraiment, mais vraiment moyen cette idée. De mettre Hao et Maiden ensemble, je veux dire. Parce qu’un à la fois, c’est coton, alors les deux !

Manquerait plus que Saati Saigan se mette avec eux et Yoh est fichu. Pour de bon.

Attendez, TROIS Dieux de plus de 500 000 points de furyouku CHACUN contre un pauv’ gamin avec seulement 100 000 points. Il est même pas fichu, là, il est carbonisé.

Version gore.

La fin de la fête ? Bah Hao et Maiden sont redescendus au bout des sept minutes. Maiden était rouge comme une tomate, et le Millénaire avait un sourire supérieur. Je veux pas savoir ce qu’ils ont fait.

Le jeu à continué. Horo a fait une crise quand Ren et Tamao sont tombés ensemble, puis Lyserg est tombé sur Yoh – ledit Yoh m’a promis qu’il n’avait fait que lui expliquer le plan.

L’a intérêt.

Enfin, j’me fais pas trop de souci, Lyserg est trop coincé pour ce genre de choses – Hao l’appelle coincé numéro 3, l’a pas tort – et Yoh a trop peur de moi pour aller voir ailleurs.

Ensuite Horo a chopé Ren et lui a sans doute expliqué qu’il devait pas toucher à Tamao, ce que le Tao n’a pas écouté, et ça a dégénéré, alors ils sont tous montés pour les séparer, sauf Jeanne, Hao et moi. La seule chose qui soit apparue sur nous trois, c’est le sourire ironique pour le Shaman Millénaire, l’air inquiet pour la Maiden, et la neutralité habituelle pour moi. J’ai bu le reste de mon thé, parce que la table tremblait sous les coups d’en haut et que je ne voulais pas la renverser. Ils sont ensuite tous redescendus, Horo avec des cheveux en moins et Ren avec un tee-shirt déchiré.

Puis ce fut le tour de Yoh, et on est tombé ensemble.

Ce qu’on a fait ? Rien qui ne vous concerne.

On est redescendus au bout des sept minutes, moi toujours neutre et Yoh l’air d’un type qu’a fumé quelque chose de pas bon. Je suis tombée sur Hao, et on a passé les sept minutes à jouer à « je-te-regarde-je-marque-mon-territoire-tu-veux-me-faire-craquer ». Je crois que c’est lui qui a gagné, parce que j’ai baissé les yeux une seconde avant la fin.

Fichu Asakura.

J’aime pas perdre quand c’est lui qui gagne.

Tour d’Hao. Jeanne. Quelle surprise. Ils sont remontés, sans protester cette fois, et sont redescendus. Jeanne encore plus rouge qu’auparavant, et Hao encore de meilleure humeur si c’était possible.

Fichu Asakura.

J’aime pas quand il est content.

On a mangé. Yoh avait bien préparé son truc, avec des nourritures très variées – européennes, asiatiques, américaines. Je suis restée sur les sushi, comme Yoh. Ren a partagé un verre de lait avec Tamao. Je sais qu’Hao n’a fait que manger des escargots, alors qu’il a clamé à Yoh qu’il détestait ça – mais Lyserg avait eu le malheur de dire que c’était un plat français, et Maiden semblait aimer.

Alors il a tout mangé. Sans même grimacer. Juste en rajoutant du shoyu en masse.

Fichu Asakura.

J’aime pas quand il fait nawak.

Ensuite, Hao, Jeanne et Lyserg durent partir. Après quelques minutes de disputes entre Lyserg et Hao – étrangement, Jeanne n’y prit pas part – ils se séparèrent…

J’ai eu la drôle d’impression que les yeux des deux Shamans de classe des Dieux ne se quittaient pas.

Rien qu’une impression, n’est ce pas…

C’était bien, ce jeu.

C’aurait été mieux, quand même, si je n’avais pas su qu’Opachô, caché dans l’ombre, pointait la bouteille dans le sens que Hao lui indiquait.

…

Vraiment mieux.