Les malheurs de Gaito

- Tu es sûre ?
- Oui. Allons-y.

Gaito saisit le bras de Sara. Ils n’avaient que peu de temps, et tous deux le savaient.

Il la fit monter dans sa charrette, et s’installa à la place du cocher. Il fouetta les chevaux et ils s’enfuirent dans la nuit. La pluie tombait drue, s’insinuant dans les vêtements du jeune homme, contre sa peau, jusque dans ses bottes.

Ses mèches couleur de lune étaient plaquées sur son visage, l’empêchant de voir correctement le sentier. Il les repoussa d’un revers de la main et fit accélérer les chevaux.

A l’intérieur de la carriole, Sara serra autour d’elle la veste que le jeune homme avait déposée à son attention. Elle crevait de froid, dans sa robe légère…

Le bruit monotone des sabots sur le sol la berçait, et elle se sentait prête à s’endormir là. Il ne faisait pas très chaud, mais elle était trop inquiète pour s’en inquiéter vraiment…

Sara regarda discrètement par la fenêtre. La pluie brouillait le paysage, mais de toute façon, il n’y avait pas grand-chose à voir. Les arbres, le ciel, tout était gris.

Ce fichu pays de malheur avait failli avoir leur peau… Mais c’était parce que le pays en lui-même était maudit.

Gaito se mordit la lèvre. Ils étaient en retard. S’ils n’étaient pas à la frontière au matin, ils ne passeraient pas. Ils s’apercevraient forcément de la disparition de Sara.

C’était mauvais. Il fit encore accélérer les chevaux.

Ils s’engagèrent dans une route sinueuse, qui s’enroulait paresseusement autour des montagnes de la frontière. Gaito repoussa une nouvelle fois les mèches qui s’égaraient devant ses yeux.

Les chevaux continuaient de galoper sur la terre mouillée. Il emprunta un chemin de traverse, et se baissa pour éviter les branches basses qui venaient fouetter son visage, lui ouvrant une coupure sur la joue.

Soudain, ils se retrouvèrent devant le vide. Les chevaux firent un écart. Gaito comprit ce qu’il allait se passer, mais il n’y pouvait plus rien. La carriole glissa en un éclair dans le ravin.

Gaito ne pouvait même pas rassurer Sara, qu’il entendait hurler.

Le sol se rapprochait. Il ferma les yeux avant le choc.

Ils avaient quinze ans.




Gaito n’était pas n’importe qui non plus, tout de même. Il était le prince d’un pays, même si ce pays était plutôt très pauvre. D’ailleurs, il n’était pas un vrai prince. Juste un bâtard.

En effet, son physique était très différent de celui de ses parents. Ses cheveux d’argent et ses yeux mauves choquaient tout le monde, y compris son père, qui ne l’avait pas reconnu.

Mais si lui était considéré comme un bâtard, son frère jumeau, qui ressemblait beaucoup à sa mère, avait été déclaré prince héritier. Même si c’était Gaito l’ainé.

De plus, son cher petit frère avait été promis à une princesse. Une princesse, qui, elle, venait d’un pays très riche et fertile. La première fois qu’ils s’étaient rencontrés, le courant était aussitôt passé entre eux deux. Gaito sentait en elle la solitude qui résonnait en lui.
Elle non plus n’était pas fille unique. Elle avait une jeune sœur, plus douce, moins renfermée. Cependant tout le monde se reposait sur cette princesse, et non sur sa petite sœur.

Elle était très belle… Il n’avait pas tardé à en tomber amoureux.

Lui qui n’avait jamais eu le choix pour quoi que ce soit avait cette fois ci forcé le jeu. Il avait choisi de se battre. Une seule fois.



Sara avait toujours été la petite fille modèle. Celle sur qui on peut crier autant qu’on veut parce qu’elle ne fera que sourire en retour. Elle était toujours silencieuse, et elle acceptait tout.

C’est pourquoi quand on lui a dit qu’elle était fiancée, elle a souri et elle a accepté.

Mais c’était avant de le voir.

Il était différent. Pas son fiancé. Non. Celui-là n’était qu’un brun à l’air stupide. Mais il y avait l’autre. L’ombre du château, celui qui ne cherchait pas à plaire à quelqu’un.

En fait, au début, elle ne l’avait pas vu. Il était caché dans un recoin, comme si personne ne voulait qu’il soit vu. Mais elle avait échangé un regard avec lui.

Oui, il était différent. Elle, la grande Princesse parfaite, avait été séduite par le « bâtard ». Et c’était uniquement de la faute de la jeune fille. Au début, le garçon avait voulu la tenir à l’écart. Il était secret, il se cachait quand elle arrivait.

Comme un fauve blessé qui ne veut pas souffrir plus.

Alors elle s’était accrochée, était à chaque fois allée le chercher. Maintenant, elle avait abandonné l’idée même de l’oublier. Elle avait été conquise du premier regard, et chaque jour un peu plus. Le jeune homme aux cheveux d’argent lui souriait toujours. D’un air triste peut-être, mais il souriait.

Son fiancé, lui, semblait plus accroché à son cheval qu’à elle. Il ne lui souriait jamais, et ne s’adressait à elle que pour lui donner des ordres, d’une voix sèche et dure. Lui aussi était séduisant, mais il était trop sec et mauvais pour lui plaire.

Mais de toute façon, elle ne l’aimait pas. Ce n’était pas comme avec l’autre. Pas comme avec Gaito…

Gaito et elle…

Ils n’étaient pas fait pour être ensemble, pas du tout. Et pourtant ils l’étaient.

C’est pour ça qu’ils décidèrent de fuir.

Et qu’ils perdirent la vie.

Deux infirmières entrèrent dans la chambre, suivies d’un jeune homme dont les yeux lançaient des éclairs. La plus vieille des deux, l’ignorant totalement, tendit un bébé à la femme.

- Tenez, voila votre enfant, madame.

La jeune femme sourit et prit dans ses bras le petit garçon. Il était brun, comme son père, mais avait de curieux yeux rouges. Le jeune homme se rapprocha.

- Raaah, je les aurai bien tués, ces infâmes infirmiers… Ils ne m’ont même pas autorisé à assister à ton accouchement. De nos jours, c’est totalement incroyable que personne ne veuille voir sa femme dans ce genre de moments. Si seulement j’avais le…
- Tu ne tueras personne aujourd’hui, je me fais bien comprendre ?
- Je sais.

Il y eut un silence. Le père s’assit au bord du lit et écarta une des rares mèches du bébé, qui lui barrait la figure.

- Il est beau, hein ?
- Comme toi, mon ange.
- Il a tes yeux.
- C’est vrai.
- Tu as une idée de nom pour lui, Jeanne ?
- Oui. Si tu n’y vois aucun inconvénient, je pense que « Asaha » lui irait bien, Hao.

- Bonjour les enfants, asseyez vous s’il vous plait.
- Bonjour madame !
- B’jour !
- Bonjouuur !

Une classe de CE2, en 1995. L’institutrice, une certaine Marceline Meyer, aux cheveux châtains, redressa ses lunettes dorées sur son nez. La plupart des tables étaient déjà occupées, car il y avait autant de places assises que d’élèves.
L’institutrice les regarda avec un sourire. Puis elle fronça légèrement les sourcils. Une place, elle, était vide. Ce qui signifiait qu’une élève n’était pas encore arrivée. En retard, le jour de la rentrée !
L’enfant ne devait pas être fier. Elle soupira. Elle détestait les élèves en retard, et plus encore les élèves à problème.
Elle allait pour s’asseoir quand la porte…
Fut ouverte d’un coup de pied bruyant et fracassant.

Saisie, l’institutrice dévisagea la fille qui lui faisait face. Elle était brune et la noirceur de ses yeux figea aussitôt l’adulte. Elle était habillée de noir, comme à la va-vite, et ne semblait pas s’inquiéter d’être en retard ou d’avoir détruit la porte.

- … Tu es Meyer, c’est ça ?

Et en plus, elle l’appelait uniquement par son nom de famille. Aucun respect. La maîtresse comprit à qui elle avait à faire.
Cette fille n’aurait pas dû être dans sa classe.
C’était une orpheline qui venait d’être placée en famille d’accueil, et qui, selon le directeur, était totalement traumatisée. L’adulte remonta ses lunettes sur son nez.

- Et toi, tu es Camille, c’est ça ? Tu semble ne pas connaitre les horaires de l’école. Cependant, je suis prête à passer l’éponge. Va donc t’assoir à côté de tes petits camarades.
- J’ai pas envie. Je voulais pas venir ici. Et je ne m’assoirais pas. Je voulais juste vous dire que je ne viendrai jamais ici.
- Attends…

La porte claqua. La fille était partie.
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- Bonjour ma jolie ! Qu’est ce que tu veux, un pain au chocolat ?

Toujours en 1995, une boulangerie. Une grosse dame aux cheveux roux et yeux verts faisait office de vendeuse. Elle regarda l’enfant. C’était une petite fille blonde aux yeux bleus, qui regarda la boulangère d’un air hautain, puis qui eut un mauvais sourire.

- Exactement.
- Très bien !

La boulangère eut un bon sourire et saisit une viennoiserie. Avant qu’elle n’ait pu en annoncer le prix, la petite ouvrit la bouche et… Sa langue s’allongea, saisissant le pain au chocolat !

- Eh, donne moi ça, sale petite…

Aussitôt, l’adulte se pencha pour l’agripper, mais la gamine avait déjà disparu. La porte n’avait même pas teinté, et pourtant, l’enfant avait soudainement disparu. La grosse dame contourna le comptoir, ouvrit la porte et chercha l’enfant du regard.

- Où a-t-elle bien pu passer ?

Le caméléon se glissa derrière elle et s’enfuit.
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- Eh, toi, passe-moi ton vélo !
- Hein ?

Le petit garçon fixa la gamine qui lui souriait, la main sur la selle de son VTT. Puis il secoua la tête.

- Non, c’est ma bicyclette.
- Oh. Je croyais que ce serait plus gentil de te demander avant, mais si tu veux pas…

La jeune fille disparut. Soudainement, il sentit quelque chose s’entourer autour de lui et le projeta au sol. Le temps qu’il se réveille, la petite brune était partie depuis longtemps, sur le vélo qui lui plaisait tellement.
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- … J’ai faim.

La petite était assise sur un tronc d’arbre, son vélo laissé à même le sol, au cœur d’une forêt touffue, loin de la ville. Elle avait fini son pain au chocolat depuis longtemps. Et en plus, vu qu’elle s’était enfuie de sa famille d’accueil, elle n’avait nulle part où passer la nuit.

Elle soupira. Camille n’était pas folle. Elle savait très bien que ce qu’elle faisait n’était pas bien. User de son pouvoir ainsi…

Plus d’un en aurait frémi. Mais de toute façon, elle s’en fichait… C’était à cause de son pouvoir qu’elle avait perdu ses parents. Alors maintenant, elle ne rechignerait plus jamais à s’en servir pour elle-même.

Soudain elle entendit un bruit. Plongée dans ses pensées, elle ne réagt qu’à retardement. Puis il y eut un autre bruit.

Un hurlement de loup.

Elle s’apprêtait à saisir sa bicyclette neuve quand elle les vit. Ils étaient trop proches pour qu’elle puisse les semer…

Par réflexe, elle devint invisible. S’ils ne la voyaient pas, peut-être passeraient-ils leur chemin…

Ce ne fut que lorsque qu’ils s’arrêtèrent aux abords de la clairière où elle se trouvait qu’elle réalisa. Les loups n’ont pas vraiment une bonne vue. Par contre, ils ont une ouïe et un odorat remarquables. Et le caméléon ne camoufle que son apparence. Ni son odeur ni les bruits qu’il produit.

Elle chercha des yeux un endroit où se réfugier, et dû se rendre à l’évidence : elle était piégée.

Bien piégée.
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Un coup de patte l’envoya au sol, bien heureusement sur une longue pierre plate. Elle se recroquevilla sur elle-même, attendant les crocs qui ne manqueraient pas la transpercer…

Quand un nouvel hurlement retentit. Un hurlement qui n’appartenait pas à un animal. Si Camille avait voulu l’identifier, elle l’aurait comparé à celui d’un dragon…

Mais les dragons n’existaient pas.

Soudain, elle sentit que la pierre bougeait. Enfin non, elle ne bougeait pas, elle se brisait en mille morceaux… Entrainant l’enfant au cœur de l’obscurité. Comme ce jour là. Comme…

Elle hurla.
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- Je suis désolée, maman.
- Ce n’est pas grave, ma chérie. Je suis sûre qu’ils ne se sont pas rendus compte que c’était toi.
- Oui, d’ailleurs, avec un peu de chance…

Le père de Camille ne termina jamais sa phrase. La petite, qui devait avoir a peu près six ans, et avait son aspect de base, brune aux yeux noirs, se couvrit le visage de ses mains lors de l’explosion.

- Alors, la gamine qui change de forme ? Oh, désolés, on a buté ton pote…

Avant que Camille n’ait pu rouvrir les yeux, sa mère lui avait plaqué les mains dessus, pour l’empêcher de voir. Mais Camille n’était pas uniquement humaine. Elle était caméléon.

Et elle sentait très bien le sang sur elle, sur le sol et sur sa mère. Tout comme elle sentit très bien le déplacement d’air que produisit le meurtrier de sa mère…

Instinctivement, elle devint invisible. Et elle fuit. Depuis cet instant, et ce pendant un an, elle ne fit que fuir.
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- Uhn… Je…

Camille ouvrit lentement les yeux. Un groupe de soldats vêtus et casqués de noir la regardaient, l’air ahuri.

- Qu’est ce que…
- Ce sont des Rinshis, des morts vivants.

Cette voix, c’était la voix qui avait hurlé devant les loups. Celle qui l’avait sauvée.
Enfin… Elle l’espérait…

- Erm… Qui êtes-vous ?
- Je suis Dai Shi. Et je peux t’aider à contrôler tes pouvoirs.

Et, bien que la voix n’ait pas de présence matérielle à cet instant-là, Camille se sentit aussitôt rassérénée. Elle n’était plus seule.
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- Ah !
- Hn… Camille… Qu’est ce qu’il y a ?

Camille cligna des yeux. Jarrod la regardait d’un air endormi. Elle eut un pâle sourire et se recoucha à ses côtés.

- Rien, ne t'inquiètes pas.

Et, malgré son amour profond pour Jarrod, Dai Shi était et resterait son maître. Et une personne très importante pour elle.

- Me voilà, Dai Shi !

Le dragon qu’était devenu Dai Shi baissa les yeux sur Jarrod. Celui-ci put presque voir son sourire moqueur quand il répondit :

- Voici que le Lion est de retour. La raison te serait-elle enfin revenue ?

De leur côté, les Rangers étaient figés. Jarrod était-il donc du côté de Dai Shi ?

- J’en étais sûr, murmura Théo.

Jarrod n’était pas très sûr de lui, et cette moquerie de Théo suffit à Dai Shi pour voir l’ouverture dans la détermination du Lion. Il se précipita sur l’humain, qui fut projeté au sol par le choc.

- JARROD !

Jarrod résista. Oui, il résista. Mais Dai Shi était vraiment plus fort que lui. Vraiment plus fort.

Il tendit la main vers les Rangers, et leur envoya une énorme sphère d’énergie, noire et dorée. Heureusement, Casey et les autres eurent tous le temps de s’écarter.

- NON !

Il roula de nouveau au sol, incapable de repousser complètement le Dragon. Camille se précipita.

- N’approche pas !
- Mais, Jarrod !
- Je…

Il leva les yeux sur elle. Ces yeux bruns qui l’avaient charmée, aimée, ces yeux qui d’habitude étaient froids et vides, ces yeux étaient remplis de douleur. De sa douleur.

Impardonnable.

- Je ne t’abandonnerais pas, Jarrod. Jamais !
- Tu ne peux… Rien pour moi. Plus maintenant.

Son bras frappa la terre avec rage, et Jarrod laissa un instant la place à Dai Shi. Il regarda Camille avec haine.

- Tu avais dit que jamais tu ne me trahirais, Camille… Mais apparemment, même toi…
- Maître Dai Shi… Je…

Dai Shi disparut de nouveau. Jarrod souffrait vraiment.

- Camille…
- Jarrod ?
- S’il te plait… Je veux te demander quelque chose… Une dernière chose… Qui détruirait Dai Shi…
- Détruire Dai Shi… Tu sais comment faire ? Dis-moi ! Je suis sûre d’en être capable !
- Très bien… Alors… Détruis-moi.

Le faible sourire qu’avait Camille à cet instant disparut en un battement de cils. Elle fit un pas vers le Lion.

- … C… Comment…
- C’est le seul moyen ! Je ne vais pas tenir, Dai Shi me contrôle déjà presque en entier. Je ne demanderais pas à Casey. Je n’en ai déjà que trop fait. S’il te plait… Il n’y a que toi qui puisse le faire, Camille.
- Non ! Il y a forcément un autre moyen !

Lily, quelques pas derrière, plaqua ses mains sur sa bouche et joignit sa voix à celle de leur ancienne ennemie :

- Elle a raison, Jarrod ! Il n’y a aucune raison pour que tu te sacrifies !
- Ah oui ? Eh bien dis-moi laquelle, Lily ! Dai Shi va me contrôler d’un instant à l’autre. S’il te plait, Camille…
- Jarrod…

Camille secoua la tête. Elle ne voulait pas. Pas ça. C’était la seule chose qu’elle ne pourrait jamais faire. Détruire son maître… Passe encore… Jarrod… Jamais.

- Camille…
- Non, non, non, je ne le ferais pas… Je ne veux pas… Pas toi… S’il te plait, Jarrod…
- Ce n’est pas de moi dont il est question ! S’il gagne, il tuera les humains… Et comme tu l’as trahi… Il te tuera aussi…
- Jarrod…
- S’il te plait…

Elle cligna des paupières, cherchant à chasser les larmes qui pointaient dans ses yeux.

- Il n’en reste que je suis plus faible que toi ! Je ne pourrai jamais te détruire avant qu’il ne…
- Tu en es capable. J’en suis sûr…

En réalité, il y avait bien une attaque… Dai Shi la lui avait apprise en lui faisant promettre de ne s’en servir que s’il y avait vraiment besoin. Elle tuait l’adversaire à coup sûr, mais…

- Il y aurait bien…
- Dans ce cas fais-le !
- Jarrod…
- FAIS-LE !

Il perdit le contrôle. Dai Shi envoya le Lion contre Camille, qui roula au sol. Il y eut un craquement. Elle se releva, sortant de sa ceinture quelque chose qu’elle croyait perdu depuis longtemps… Deux fragments d’une griffe de Naja, encore accrochés à ses vêtements. Quand les avait-elle récupérés ? Elle n’en savait rien. Mais…

Non, l’attaque ne lui faisait plus peur. Elle les lança à RJ.

- Avec ça, vous pourrez ressusciter Jarrod…
- Pourquoi tu me donne ça ?
- Parce que je sais que vous saurez vous en servir. Et parce que je ne pourrai pas le faire, ajouta-t-elle pour elle-même, pas assez fort pour que Jarrod l’entende.

Elle se mit à murmurer une suite de mots incompréhensibles pour les Rangers ou pour Jarrod, mais Dai Shi et Mao, eux, le comprirent très bien. Mao baissa la tête, laissant le choix au Caméléon. Dai Shi, lui, prit subitement le contrôle du Lion.

- Tu comptes vraiment faire ça ? Tu sais très bien que…
- TAISEZ VOUS !

Lily avait hurlé. Avait-elle compris ? Personne n’en savait rien. Cependant, elle s’interposa entre le Lion et le Caméléon.

- C’est son choix, murmura Mao.
- Aysa te Dai Shi… On !

Puis l’attaque fut lancée. Elle contourna Lily et vint frapper le maître Dragon, ainsi que le corps qui l’habitait. Camille suivit son attaque et se précipita aux côtés de Jarrod.

- Mon choix, répéta-t-elle, à voix basse.

Puis elle s’écroula.

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- Allez, on recommence !
- Oui, maître !

Casey regarda ses trois nouveaux élèves enchaîner les kata, puis leur dit d’aller se reposer. Il saisit une serviette déposée à son attention et sortit de la salle d’entrainement.

- Salut Casey !
- Lily, Théo ! Vous allez bien ?
- Oui…
- Lily…

La Ranger Jaune semblait ailleurs. Théo posa la main sur l’épaule de son amie.

- On sait tous que tu as été éprouvée par ce qui s’est passé… Mais il faudrait peut-être essayer de passer outre…
- Mais comment ? Je l’ai empêché ! Je l’ai empêché de faire ce qu’il voulait et maintenant… Vous l’avez vu…
- Oui…
- Maître Mao a dit que c’était son choix…
- Cela ne veut rien dire ! Maître Mao était déjà mort ! Comme s’il pouvait savoir ce que ça fait… De plus, si au départ il n’avait pas exclu Jarrod…
- …Celui-ci n’aurait jamais pu rencontrer Camille et se sortir de la spirale de sa haine.
- Ah oui ? Alors trouve-moi ce qui est bien dans cette tragédie, Casey !
- …
- Tu vois !
- Je vais aller le voir.

Casey passa rapidement prendre une douche et se dirigea vers la salle interdite. Quand il entra, il découvrit Jarrod, en pleine contemplation du mur gravé. Le Lion avait une main posée à l’endroit où Dai Shi était représenté.
Il ne réagit pas quand le Tigre s’assit à côté de lui sur l’autel.

- …
- … Elle a fait ce qu’elle a cru juste…
- …
- …
- … Elle n’est pas gravée ici.
- Non, elle n’était pas là quand ils ont enfermé Dai Shi la première fois, enfin…
- Elle devrait.

Jarrod se leva, se dirigea vers un autre mur, et décocha un grand coup de poing. Casey, qui s’était instinctivement protégé du bras, découvrit que le mur était désormais gravé d’un caméléon détruisant Dai Shi, tout en protégeant le Lion.

- … Jarrod ?
- Tu disais que le maître ne pose pas de questions. Il sait. Alors, maître, explique-moi sa mort ?
- …
- On est pareil, Casey. Alors ne me demande pas de rester ici.
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Très longtemps après, au coucher du soleil où Dai Shi s’était une fois battu contre Camille pour l’entrainer, un Lion se battit contre le vide jusqu’à ce qu’il fasse entièrement noir.
Alors il sauta.

Le Lion et le Caméléon resteraient ensemble.

Orientation d’un maître des animaux fantômes…

… Un jour je tuerais ce fichu maître Mao. Je sature, là. Nan mais c’est quoi la prochaine fois, une fiche de l’AMPE peut-être ? On est là pour se battre, oui ou non ? Je lui mettrais bien une trempée à ce vieux manitou ! … Tiens je suis pas tout seul. Y’a des gens qui me regardent comme un timbré. Vous voulez sans doute savoir ce qui se passe pour que je sois aussi en rogne ? Personne n’a envie de se prendre une attaque de Lion enragé que je sache ? ... Donc tout le monde reste, à ce que je vois ? Génial, je vais pouvoir m’énerver en direct, comme tout futur psychopathe qui se respecte.

La raison de ma furie destructri… Erm… Mon mécontentement est connu sous le nom de maître (maître de quoi, il a jamais montré son esprit animal, si ça se trouve il en a pas…), et son prénom est Mao. Pas de nom de famille, ça fait trop looser pour un maître du Paï Zuk. Quoi que je peux parler, j’en ai pas non plus, mais moi j’ai une raison. Ben oui, chuis orphelin, grave hein ? Revenons au vieux schno… Au gentil maître légèrement gaga sur les bords. Il nous a donné à remplir… Une fiche d’orientation. Rien que ça.

Eh ! Avec tout ce bazar, j’oublie de me présenter. Donc voilà, je suis le merveilleux, le magnifique, l’inénarrable, l’unique… (je sais, se lancer des fleurs n’est pas bien. Eh bien tant pis, je pense ce que je veux après tout !) … Maître du Lion Tout-Puissant ! Du moins pour l’instant, on m’appelle plus Jarrod, mais bon, c’est normal, mes camarades sont tous décérébrés du cerveau alors… Et puis un jour tout le monde me connaitra, et pas seulement parce que je suis un merveilleux danseur ! … Comment ça vous ne le saviez pas ? … Oups. Eh bien pas un mot sinon… Mon esprit du Lion se chargera de vous… MOUHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !

Bref. Je m’énerve tout seul contre l’autre cinglé à barbe ! De un, il me regarde toujours en travers, il aime pas que je fasse la tête au carré aux petiots je prouve ma supériorité aux cadets, résultat je suis obligé de le faire discrétos dans les coins sombres… Ah donc, et de deux, cet idiot de vieillard nous a donné une fiche d’orientation à rendre demain, aucun respect du temps que met un ado à se décider… (En fait je l’ai depuis une semaine ce papier.) Sauf que mes projets, je doute que ça lui plaise. Ca va le choquer le pauvre.

Il est minuit, le cadet qui répond au nom stupide de Casey hurle de peur devant son placard dans la chambre d’à côté de ce fichu dortoir, l’encre du stylo a déjà coulé deux fois sur mon pyjama tout noir avec un caméléon dessus, et je me suis mis à délirer à cause de mon insomnie… Je hais ce maître !

Voyons voir… Je vais le faire quand même, histoire de faire sérieux. Nom, prénom, âge. Sans blague, comme s’il me connaissait pas assez. Passons à la suite.

Profession envisagée. Oh la question intelligente. A part quelques élèves, la plupart des étudiants du Paï Zuk partiront, mais pas moi. Devenir un maître pour tomber du côté du mal ensuite est bien plus intéressant, mais je doute que ça lui plaise, à la momie desséchée. Votre meurtrier et le destructeur de la Terre ? Ca fait pas vraiment élève modèle. Si avec ça il me garde à l’école je me suicide avec l’encre de mon stylo. Question suivante avant que je ne tombe en crise épileptique avec ce tissu de bêtises profondes.

Options pour l’an prochain et/ou filière si vous souhaitez quitter le Paï Zuk. Mets toi ça dans la tête, vieux croûton, je serais encore là l’an prochain pour te soûler. Donc options. Facile. Si je dis maîtrise des tortures et tabassage en règle des nouveaux ça marche ? Je crois pas, malheureusement. Donc… Suite ?

Motivations : So… J’aime écraser les autres, être le meilleur, prouver ma supériorité, faire ravaler leur fierté aux cadets où aux maîtres comme le vieux Swoop que j’ai écrasé il y a deux semaines… Pis zut, comment veux-tu donner des motiv’ pour être l’homme à l’esprit animal le plus craint de l’univers ? Pis les cases sont trop petites, sont stupides ces profs.

Votre slogan, ce que vous avancerez pour convaincre votre possible futur employeur : JE RESTE ICI LE VIEUX, METS TOI CA DANS LA CABOCHE ! Mais bon… « Embauche-moi ou tu crève ? » « Je veux rejoindre les ténèbres, et tu vas faire pareil… Pourquoi ? Parce que j’ai des bonbecs… » Nan, c’est Casey qui les a. Bon j’irais les lui piquer demain. Mouais, la dernière phrase fait plus pervers pédophile que méchant sadique et impitoyable. Pas le but recherché. Suivant ?

Compétences : DRING ! Vous avez touché le gros lot ! Je suis très fort, très doué en kung-fu (j’ai battu Théo hier, et Lily avant-hier^^), j’ai un esprit puissant que je maîtrise parfaitement. Je suis… Mauvais et bagarreur, ça compte ? Bah, je le mets quand même. Je suis impatient et j’aime les lions, et les caméléons. … UNIQUEMENT EN TEMPS QU’ANIMAUX ! Jouez pas au pervers comme ce vieux citronné du cerveau qu’on appelle maître Mao.

Expérience : … Je suis dans le milieu du kung fu depuis que j’ai dix ans, donc je pense que niveau expérience je suis au top. Sinon j’ai déjà battu et dégommé toute ma promotion, plus les cadets. Et j’ai raconté des superbes histoires sur les placards à Casey. Ah, j’ai aussi accentué la jalousie de Théo envers son jumeau. Et j’ai bazardé les peluches de Lily et la gamine qu’est toujours avec elle !

Erm… Si je lui rends ça je vais me faire virer, dis donc les longues veillées au coin du bureau ne me vont pas du tout.

Relisons ça…

Profession envisagée : destructeur de l’univers et maître absolu maître du Paï Zuk et si possible protecteur du Coffre Maudit.

Options pour l’an prochain et/ou filière si vous souhaitez quitter le Paï Zuk : Tortures et bagarres en tout genre Cours de pédagogie, entrainement aux différentes techniques des maîtres

Motivations : Destroyer le monde, être le meilleur Aime enseigner et aime le kung-fu

Votre slogan, ce que vous avancerez pour convaincre votre possible futur employeur : Si tu me prends pas, tu vas souffrir Je ne sais pas encore

Compétences : A destroy sa promo et plutôt doué en sadisme et autres tortures Aime les animaux et très actif

Expérience: Torture psychologique des deux autres bons élèves de ma promo ainsi que des cadets A l’école du Paï Zuk depuis ses dix ans.

Ce qu’il faut pas faire pour faire partie des six élus de la promo… Si quelqu’un m’empêche de devenir un Protecteur, je m’estime être en droit de revendiquer ma place ! Je l’aurai méritée moi. Ah, si quelqu’un pouvait ouvrir le Coffre Interdit, parait qu’y a un esprit appelé Dai Shi, ce serait chouette de le voir en vrai…

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- Le nouveau Shaman King est… ASAKURA YOH !

Marco et Rackist furent trop occupés à manger leurs chapeaux respectifs pour remarquer que Hao et Jeanne ne se quittaient pas du regard.

Puis ce fut plus qu’un regard.

Yoh eut une crise cardiaque en voyant son frère et l’Iron Maiden dans les bras l’un de l’autre.

- NON, NON ET NON !
- Bon, si tu veux pas de moi comme ami, comme frangin alors ?
- J’EN AI DEJA ASSEZ COMME CA !
- … Bon, ben alors comme maman ?
- … J’EN AI DEJA UNE AUSSI, ET TU NE LA VAUDRAS JAMAIS !
- T’es difficile. La place de fiancé est déjà prise… Je ne vois plus qu’une solution, mon petit Bielefeld.
- … Uh ?
- Dorénavant, tu m’appelleras « papa » !

Le cri de Wolfram prouva, une fois de plus, que Shinou avait réussi à faire enrager sa victime préférée.

- Ran ? Ran va pas bien ?
- Si, si, Jan. Laisse moi, s’il te plait. Je rentrerai bientôt.
- Ran…

Jan s’éloigna, un peu perplexe devant l’attitude de son amie. Celle-ci soupira et s’assit à même le sol, en haut d’une tour.

Culpabilité.

Jan ne savait pas ce qu’était ce mot. Pour lui, c’était comme lorsqu’il se sentait ujanujan. Mais pour Ran… C’était plus difficile.

« Je veux songer à ma voie, à partir de maintenant. »

Etait-ce là la réponse de Ryo ? Et celle de Mele ? Mele suivait Ryo, toujours. Alors lui ? Pensait-il vraiment que sa mort était la seule solution ?

Elle se rappelait la voix de Mele. Celle-ci lui disait de se battre pour de vrai. Etrangement, Ran ne pouvait se rappeler de sa voix que lors de cet instant. Avant, après, la voix de Mele avait disparu. Ne restaient que les paroles.

Elle regarda le ciel. Il était bleu, sans aucun nuage. Si elle tournait les yeux, elle verrait la ville, le bâtiment où Miki et les autres étaient restés, et plus loin la forêt et les montagnes. Mele et Ryo voulaient-ils vraiment abandonner tout cela ?
La jeune maîtresse du Caméléon avait-elle fermé les yeux à la toute-fin, laissant Ran la tuer ? S’il ne l’avait pas tuée plus tard, elle aurait loué Long de les avoir arrêtés. Mais ses mains restaient tachées.

Elle avait voulu tuer Mele. Comment avait-elle pu ? Comme si elle était capable de tuer quelqu’un. Même quelqu’un comme Mele.

« Je vis pour l’amour de Ryo-sama. «
« C’est parce que vous êtes des perdants, non ? »
« Je voulais… Être battue par vous deux. »
« Je vous suis reconnaissante. Vous avez montré, à Ryo-sama comme à moi-même, notre voie. »

Surtout quelqu’un comme Mele.

Si seulement Ryo n’avait pas ravivé la flamme du Rin Jyu Den.
Si seulement il n’avait pas ressuscité Mele.
Si seulement elle ne l’avait pas aimé.
Si seulement Long n’avait pas tout fait pour briser Ryo.
Si seulement ils avaient laissé Ken, Jan, Gou et les autres pardonner à Ryo et Mele, tout simplement.
Si seulement Ryo n’avait pas mentionné le Ken Dan.
Si seulement Retsu n’avait pas accepté.
Si seulement Ran elle-même avait pu protéger cette fille, sa semblable.
Si seulement Mele ne les avait pas sauvés.
Si seulement Ryo ne s’était pas sacrifié en vain.
Si seulement il les avait juste aidés à apprendre la technique des trois Kenma.
Si seulement elle n’était pas morte.
Si seulement il n’était pas mort.

Si seulement… Jan avait pu les sauver.

Ran s’en savait incapable. Et pourtant, elle l’aurait voulu.
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« Pure ferociousness like a lion. Pure power also like a lion. The one who will obliterate the evil dragon. Rin Jyu Lion ken user. My name is… Kurojishi Ryo!”
« I live for Rio-sama’s love. A love warrior who fights for Rio-sama’s love. Rin Jyu Chameleon ken user, Mele! »
« That is our path ! »

Thème 1 : Température

Depuis ce jour là, il avait toujours été très froid, glacial même. Trop froid pou un humain, même. Comme si la pluie de ce jour-là, qui l’avait transi jusqu’aux os, était toujours en train de tomber. Il paraissait tellement… Inhumain. Alors qu’il l’était.

Elle, elle était tout son contraire. Flamboyante, passionnée, inquiète à propos de tout ce qui le concernait, douce, profondément amoureuse. Tellement… Humaine. Alors qu’elle était une Rinrinshi.

C’est sûrement pour cela qu’ils allaient si bien ensemble, songea-t-il, en voyant Mele en train de se reposer, yeux clos, devant la porte de sa chambre.

Sa chambre à lui.

Thème 2 : Jalousie

Il était injuste, il le savait.

Mele lui avait sauvé la vie. Il n’avait pas le droit de la reléguer au second plan, surtout pour trois maîtres qui le poignarderaient dans le dos dés qu’ils pourraient.

Mais pour devenir plus fort, il n’avait pas trop le choix…

Il regarda les trois Madoku. La haine, la fureur, apprendre à utiliser ces émotions lui serait très utile. La jalousie, en revanche…

Il était rarement jaloux. Dan était mort… Non, ce pouvoir là ne lui servirait pas.

Il se décida et appela Mele. Elle serait humaine.

Et Rageku resterait au fond de l’eau.


Thème 3 : Mission

Mele était inquiète.

Elle avait empêché Kata d’utiliser son Ringi sur Ryo pour une bonne raison. Bien que ce dernier ne semblât pas s’en rendre compte, l’autre restait hors de portée, sans trop se mouiller dans l’aventure.

Mele n’aimait pas ça.

Si la mission de Rutsu et de Rasuka était de servir Kata, alors la sienne serait de protéger Ryo des dangers intérieurs. Le leader du Rin Jyu Den se dépatouillait très bien avec les ennemis visibles, Mele se chargerait des invisibles.

Après tout, on protège bien les enfants des prises électriques, sans qu’ils ne comprennent le pourquoi, si ?


Thème 4 : Elle

S’il avait voulu quelqu’un de puissant, il aurait pu prendre n’importe qui, n’importe quel cadavre dans n’importe quel cimetière, qui ait un tant soit peu de potentiel.

Il aurait pu choisir un véritable humain, puissant, capable de l’aider efficacement. Il aurait facilement pu convaincre un guerrier un peu stupide de le suivre, et l’obliger à lui obéir. Il aurait pu.

Il l’avait choisie elle.

Il avait préféré à la puissance pure une âme avide de revanche, esseulée, perdue dans le noir mortel, terrifiée… Une âme pareille à la sienne.

Il l’avait choisie elle.

Voila pourquoi Mele suivrait toujours son Ryo-sama.


Thème 5 : Nuit

La nuit venait de tomber. Les ruines du palais du Rin Jyu Den fumaient encore, mais tout était bien fini.

Mele tourna la tête vers Ryo, qui dormait. Etant une RinrinShi, elle n’avait pas besoin de ça… Mais lui si. Elle ne s’ennuyait pas pour autant. Regarder Ryo dormir, entendre le bruit qu’il appelait battement de cœur, tout cela calmait le Caméléon.

Ryo gémit dans son sommeil, murmurant le nom de Long. Mele fut aussitôt soucieuse.

« Long est parti, c’est fini, Ryo-sama », chuchota-t-elle.

Ryo sembla se calmer progressivement.

Mele se blottit contre lui et ferma les yeux, heureuse.


Thème 6 : Manque

Ryo avait mal au cœur, et l’impression douloureuse qu’il manquait une pièce au puzzle.

Dans n’importe quelle autre situation, il aurait déjà détruit l’ennemi et sauvé Mele. Mais était-ce vraiment lui ? Ou Long ? Il ne voulait plus faire ce que le Dragon attendait de lui. S’il allait au palais du Rin Jyu Den chercher Mele, il craquerait. Il se mettrait à pleurer.

C’était faible et il détestait ça. Mais lui ou Long ? Il ne savait plus.

La neige, aussi dure et froide que lui, lui fit comprendre. Mele. C’était la stupide et entêtée Mele qui lui manquait.


Thème 7 : Animal

Ryo réagissait souvent comme un fauve, froid, meurtrier, instinctif. Il voulait le pouvoir, à tout prix, même s’il devait devenir plus animal qu’humain. Tout ça pour un but qu’il avait oublié…

Cependant, même quand son pouvoir prit le contrôle et qu’il se transforma en l’Akaishin dont rêvait Long, il y avait une personne qui pouvait le sauver. Cette personne qui était avec lui depuis le début. Celle qui était même plus importante que Dan, Jan ou Gou… Celle qui était capable de se sacrifier pour lui…

Mele. La personne qui veillait toujours sur lui.

Celle qui transformait l’animal en humain.


Thème 8 : Protéger

Voulait-elle le protéger à ce point ?

Le poison embrouillait ses sens. Il sentait qu’il allait bientôt y passer. Il distinguait encore Shafu et Mele, cependant.

Mugen Reppa. La technique sans retour possible. Elle allait mourir !

Mele allait mourir.

Il sentit son Rinki augmenter –ou était-ce son Geki ? Il n’en savait plus rien. Il voulait juste protéger Mele… C’était bien un sentiment de Geki user…

Mele allait mourir. Lui aussi.

Son pouvoir augmenta encore, tandis que la douleur progressait. Hurlant de douleur, il élimina le poison, courut vers le Caméléon.

L’arrêta de justesse.

Ils vivraient. Tous les deux.


Thème 9 : Pluie

Mele n’aimait pas la pluie, pas du tout.

Pas parce qu’elle la frigorifiait, que ses vêtements mettaient longtemps à sécher ou que ses cheveux étaient fichus –cela, elle ne s’en souciait que lorsque son maître était dans les parages.

Or, les jours de pluie, Ryo n’était pas là. Il s’enfermait dans le silence et la méditation, comme s’il attendait le soleil. Son cauchemar était aussi toujours plus présent quand il pleuvait.

Alors Mele, dans le hall résonant du Rin Jyu Den, faisait le plus de bruit possible, utilisant Bae au besoin. Au moins, comme ça, Ryo n’entendait pas la pluie.


Thème 10 : Trop tard

Jamais Ryo n’avait réalisé que le monde pouvait être si beau.
Jamais Ryo n’avait réalisé la chance qu’il avait eue.
Jamais Ryo n’avait réalisé qu’elle, elle pouvait être si belle.
Jamais Ryo n’avait réalisé que son cœur froid se réchauffait à son contact.
Jamais Ryo n’avait réalisé qu’elle lui était essentielle, comme l’eau ou la nourriture.
Jamais Ryo n’avait réalisé combien cela faisait mal d’être seul.
Jamais Ryo n’avait réalisé que le temps lui était compté.

Et maintenant qu’il s’en rendait compte, la poussière de la Rinrinshi encore sur les mains, il avait mal comme jamais.

Mais c’était trop tard.

Un enfant venait de puiser un seau d’eau dans le seuls puits du village. Ce n’était pas un adolescent mais bien un petit d’environ une dizaine d’années. Il avait les cheveux blonds comme les blés, ébouriffés comme s’ils ne les avaient pas coiffés. Ses yeux, d’un rouge qui pouvait paraître inquiétants, étaient plissés par l’effort qu’il fournissait. Il portait une tenue assez humble.

Une voix se fit soudain entendre, impérieuse :

- Daïchiiii ! Viens nous aider, s’il te plait.

L’enfant posa un instant le seau d’eau qu’il portait, et regarda dans la direction d’où venait la voix. C’était celle d’un gamin de son âge. Il mit ses mains en porte-voix :

- Je vais porter l’eau à ma mère, et j’arrive !

Il reprit le seau et ferma les yeux, se concentra… Et disparut comme par magie.
Sa mère ne sursauta même pas quand il arriva, directement dans la masure qui leur servait de maison. S’asseyant à côté du lit où elle était allongée, il versait une partie du contenu du seau dans un bol, qu’il fit ensuite boire par la vieille femme.

Ceci fait, il disparut de nouveau, apparaissant devant ses élèves. Que des enfants de son âge, et que des personnes qui possédaient un esprit animal difficile à maîtriser – les Animaux Fantômes.

Ce jour-là, il enseigna à une utilisatrice du Griffon et un utilisateur de la Licorne comment éviter de tout détruire à la moindre contrariété. Ses cours variaient du plus compliqué des coups en arts martiaux à la simple faculté de concentration.

Tout dépendait des élèves.

Quand il y réfléchissait, Daïchi n’avait jamais vu d’autre utilisateur du Dragon. Il était le seul de son peuple.

Quand il réalisa cela, il se sentit terriblement seul, et se mit à espérer que d’autres peuples vivaient par-delà le désert.
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Deux ans avaient passé. Daïchi n’était pas vraiment plus grand ou plus large : il ne changeait pas. Il entendit toquer à la porte de l’appartement. Comme sa mère dormait encore, il s’y précipita pour faire cesser le bruit, et découvrit un adulte, d’une trentaine d’années.

Celui-ci le tira hors de la maison, l’appuya contre le mur et dit, d’une façon très neutre.

- C’est la guerre, Daïchi.

La guerre. Daïchi eut beau retourner le mot dans tous les sens, il n’y vit aucune utilité. Il se contenta donc d’observer intensément son interlocuteur, sans montrer d’agressivité, ce qui sembla plaire au soldat, qui le relâcha.

- La guerre ?
- Nous allons devoir nous battre contre d’autres peuples, qui sont venus pour nous détruire.

Quelque chose, à cet instant précis, se brisa en Daïchi. D’autres peuples. Il y avait d’autres peuples. Donc peut-être d’autres Dragons. D’autres comme lui. Il n’était peut-être pas seul.
Mais…
Ils voulaient se battre.

- … En bref, comme tu possède l’esprit du Dragon, tu es tout désigné pour devenir un grand général de l’armée.
- … Général ? Armée ? … Si d’autres peuples viennent, notre devoir est e les accueillir… Non ?

Daïchi, incapable de comprendre, disparut en une brume dorée. Le soldat chargé de s’occuper du Dragon jura, puis partit à sa recherche.
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Lui était assis sur le toit de la plus haute maison du village. Le petit Daïchi, du haut de ses douze ans, se sentait coupable. Affreusement coupable.

C’était lui qui avait souhaité ne pas être le seul représentant du Dragon dans le monde. S’il y en avait d’autres, aussi puissants que lui, son peuple serait balayé.

C’était sa faute. Sa faute à lui.

Le Dragon aux cheveux blonds enfouit sa tête dans ses mains. Des visions d’horreur l’assaillirent : sa mère égorgée par un Jaguar, ses élèves préférés –la Gryffon et le Licorne- déchirés par les crocs d’un loup, lui-même se battant contre un Tigre…

Il avait envie de vomir. Il voulait que tout s’arrête, que le monde explose, qu’il n’ait plus à se reprocher des morts pas encore arrivées…
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Il regardait les deux armées, qui se faisaient face. Dans l’une, il distinguait des Gryffons, des Licornes, des Phénix…
Dans l’autre, des Lions, Tigres, Jaguars… Et une autre énergie. Une énergie qu’il ne connaissait pas. Ce n’était pas un fauve, ni un animal Fantôme. C’était…
Encore autre chose.

Il se dirigeait vers cette source d’énergie quand l’attaque commença. Les fauves s’élancèrent, et trois lui sautèrent dessus. Son esprit de Dragon étant cependant ce qu’il était, il reprit bientôt sa route.

Il la vit. C’était une Caméléon, espèce si rare qu’elle lui était sortie de l’esprit. Cette jeune fille combattait avec grâce et faisait tomber chaque Animal Fantôme qu’elle combattait.

D’autres fauves sautèrent sur lui. Il ne faisait que se défendre, criant à ces adultes leurs quatre vérités, qu’ils ne souhaitaient surtout pas entendre.

Et soudain, les fauves, qui avaient apparemment réussi à rentrer dans le village, revinrent avec des otages.

Parmi eux, sa mère. Il se précipita sur elle, demandant à être pris à sa place… Et ne récolta qu’un coup au visage.

Puis elle s’avança. Dialoguant dans sa langue avec les responsables des otages, elle désigna sa mère, puis lui.

Ils eurent un mauvais sourire… Et l’un d’eux la tua.

Daïchi cria de surprise, puis plaqua les mains sur sa bouche. Elle, la Caméléon, si forte et si dangereuse tout à l’heure, gisait maintenant dans ce qui devenait rapidement une mare de sang.

Puis les fauves se tournèrent vers lui. Choqué, il ne fit pas un mouvement.

Le seul et unique Dragon s’écroula dans la poussière, à quelques mètres de la Caméléon.
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Une plaine déserte, des ruines encore fumantes. Les autres peuples sont partis. Ce n’était pas une guerre pour la nourriture ou le territoire : les fauves avaient chassé pour s’amuser.

Impardonnable…

Une rumeur enflait sur la plaine. Des ondes violettes se mirent à pulser, détruisant les derniers arbres encore debouts.

Soudain, ils furent là.

Le Caméléon et le Dragon.

Impardonnable.

Ces humains là étaient impardonnables.

Ils commencèrent leur voyage. Il dura des millénaires…

Et Daïchi devint Dai Shi. La Caméléon devint Camille.

- RYO !
- Amène-toi, Gekired.

Jan se précipita sur le leader du Rin Jyu Den, et leur combat commença. De leur côté, Ran et Retsu devaient contenir les furieux assauts du bras droit dudit leader, c'est-à-dire Mele.

Les Rangers, bien qu’en supériorité numérique, se savaient à peu près au même niveau que leurs adversaires. Jan avait la force de résister au puissant pouvoir du Lion, et les techniques de Retsu, associées au « cœur » de Ran, savaient contrer les fourbes attaques de Mele. Cependant, tout cela ne durerait pas et ils le sentaient.

Les Rangers brisèrent l’échange, préférant se regrouper pour activer le Canon du Geki Geki Hou.
Mele se plaça devant Ryo. Elle était capable de bloquer ces attaques et comptait bien le faire. Derrière le caméléon, Ryo prépara une attaque à son tour :

- Geki Waza ! Geki Geki Hou !
- Rinki. Gou Yu Kou Ha!

Mele détourna l’attaque des Rangers avant de se laisser tomber au sol. L’attaque de son maître fonça donc sur les Rangers, qui réussirent cependant à l’éviter en fonçant chacun d’un côté.

Le combat continua, sortant de la ville, pour enfin prendre une tournure définitive dans une espèce de cirque rocheux, presque trop rond pour être naturel.

Cherchant de nouveau à écrabouiller leurs adversaires, chacun y alla de son attaque personnelle…

Les techniques de Retsu, la vitesse de Ran, la ténacité de Jan, l’amour –car c’était bien la source de sa force- de Mele, ainsi que la puissance de Ryo, tout cela provoqua une large explosion.

Quand chacun y vit de nouveau clair, des signes sur le sol s’étaient illuminés. Avant même que quiconque ait pu faire un geste, ils s’étaient transformés en une épaisse barrière blanche, qui les retenait tous prisonniers.

Mele se précipita vers son maître, anxieuse :

- Ryo-sama ? Que se passe-t-il ?
- Je n’en sais rien. Rien du tout.

Les trois Rangers, eux aussi, se regroupèrent. Jan pressait de questions ses camarades, qui n’en savaient pas plus que lui. Alors, ne supportant pas de rester sans explications…

Le Ranger Rouge fonça sur la barrière, et s’écrasa dessus comme un moustique. Ryo eut un mauvais sourire :

- Aussi intelligent qu’à ton habitude, Gekired…

Préparant une orbe d’énergie noire, Ryo fignola sa technique à l’aide du Dorinki, puis la lança avec toute son énergie… Et ne dût qu’à ses réflexes, qui l’avaient poussé à se jeter sur le côté, de ne pas finir réduit en poussière par sa propre attaque. Mele l’aidait à se relever quand résonna une voix étrangement lointaine :

- Geki Jyuken Beast Arts to Rin Jyuden Aku Gata…

La barrière s’illumina encore plus, redoublant d’intensité…

Et ce fut le blanc.
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Il pleuvait.
Miki et Shafu cherchaient leurs Rangers. Les Gekichangers continuaient d’émettre un signal, mais très faible, et cela inquiétait beaucoup la jeune femme. Ryo, son ancien ami… Avait-il réussi à leur faire du mal ?

Toute à ses réflections, elle n’entendit pas, la première fois. Puis, une voix qu’elle connaissait retentit :

- Passe moi ton parapluie, que je rentre chez moi. Ou non, mieux : tiens moi le parapluie et ramène moi à la maison.

Elle se retourna, n’en croyant pas ses oreilles. C’était bien elle.

Uzaki Ran, cinq ans au compteur, et ses manies d’héritière gâtée pourrie en prime.
Miki déglutit, puis, lui laissant son parapluie, s’aventura un peu plus loin, ses chaussures glissant sur la boue engendrée par la pluie.
Une gamine lui arriva dans les jambes, pleurant toutes les larmes de son corps et criant à tort et a travers qu’il y avait trop de bruit… Et qu’elle voulait son Ryo-sama.

Miki, aussitôt alertée, se pencha et regarda la fille. Elle avait la même coiffure, la même tenue bien qu’en trop grande…
Oui, cette fois ci, c’était Mele qui avait rajeuni.

- C’est étrange.

La mère de Natsume leva les yeux.

- Master Shafu ?
- Mele est une Rinrinshi. Comment peut-elle avoir été affectée ? Mais si elle est dans cet état… J’ai peur que les autres…

Des cris de bébé résonnèrent, ce qui fit redoubler la nervosité de Miki et l’énervement de chibi-Mele.

La directrice du SCRTC continua, laissant à Shafu le devoir de calmer Mele. Ce qu’elle découvrit la fit grimacer.
Un bébé, entouré de vêtements bleus. Retsu.
Sans aucun doute possible.

Et, un peu plus loin, allongés côte à côte dans la boue, un mini Jan et un mini Ryo.

- Eh ben, cette situation risque d’être compliquée.
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Le petit brun ouvrit la main et, instinctivement, passa la main sur son front. Il vit qu’elle était en partie couverte par une sorte de mitaine noire et de trois curieux bracelets couverts de gravures. D’une voix pâteuse, il demanda :

- Itai doko… Ofukuro ?

L’enfant cligna des yeux et se redressa, se cognant la tête contre celle d’un autre garçon, penché sur lui.

- Eh, fais attention !
- TOI, fais attention !

Des éclairs se firent voir dans les regards des deux enfants. L’autre avait les cheveux d’un noir de jais et une tenue rouge, trop grande pour lui. L’enfant en rouge commenta :

- Omae… Kirai !
- Omae mo…

Bientôt, ils commencèrent à se battre, roulant sur le sol, tentant l’un après l’autre de donner un coup de poing suffisamment puissant pour étourdir l’adversaire.

- Hola !
- Arrêtez, tous les deux !

Miki et Shafu venaient d’entrer. Le chat se saisit des deux garçons et les sépara, les soulevant du sol.

- Pas de bagarre ici, compris ?
- C’est sa faute !
- C’est ça !
- DU CALME !
- Même à cet âge là ils peuvent pas se sentir…

Shafu reposa le Lion et le Tigre au sol. Le premier eut un reniflement dédaigneux, puis demanda :

- Tu es ?
- Moi ? Kandou Jan ! Et toi ?
- … Kurojishi Ryo.
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- C’est exactement comme lorsque Rutsu avait volé les kodou de Jan et Retsu.
- En effet, Miki.
- Je crois que d’ailleurs… J’ai localisé le premier kodou. Etrangement, personne du Rin Jyu Den ne semble l’avoir remarqué, mais il est au sommet d’une tour de la ville. Master Shafu, voulez-vous que j’aille le chercher ?
- Inutile, Miki. Je vais y aller avec les enfants.
- Les… Enfants ? Mais… Et Ryo et… Mele ?
- Bien sûr. Dans la tolérance, il y a de l’entrainement, sourit le Kensei en donnant un coup de baguette sur son triangle.

Cependant, en le voyant sortir, entouré de Ran, Jan, Ryo et Mele, Retsu dans les bras, Miki ne put s’empêcher de frissonner. Un brouillard doré, suivant les enfants, lui aurait bien donné raison.
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Quand ils arrivèrent au pied de la tour, Shafu et les autres étaient sur leurs gardes. Enfin, Ryo l’était. Ran, Jan et Mele semblaient vraiment n’avoir jamais eu autre chose que de la bêtise lors de leurs cinq ans, et Retsu ne pouvait même pas parler.

Shafu redressa le museau, humant l’air.

- Un ki démoniaque…
- Vous le sentez aussi ?

C’était Ryo qui l’interrogeait. Jan aussi semblait être sur le point de poser cette question. Il ne cessait de humer l’air, une mine confuse sur le visage. Shafu hocha la tête.

Et ça attaqua.

Ce fut comme si un éclair doré les avait frappés. Shafu protégea Retsu du mieux qu’il put, mais les autres enfants furent tous touchés… Sauf Ryo. Ce qui lui occasionna un flash.

Un flash improbable. Il n’avait pas son kodou. Il ne pouvait pas savoir que sa famille mourrait tragiquement. Mais, un instant, à la place de Shafu, Mele, Ran et Jan, il vit ses parents et ses frères et ses sœurs, foudroyés. Il hurla.

L’éclair sembla disparaitre à son cri. Il se précipita sur les personnes à terre. Heureusement, tout le monde allait à peu près bien. Une fois tout le monde debout, Jan demanda :

- Qu’est ce que c’était ?

La voix de Ryo fut sombre.

- Un avertissement.
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Un avertissement. Shafu hocha la tête, soucieux, et jeta un regard au kodou, tout en haut.

- Jan, tu veux bien me tenir Retsu pendant que je vais chercher ce kodou ?
- Mais… Qu’est ce qui se passera si la nuée dorée de tout à l’heure… Retsu-aka-chan wa…
- Daijobu, Jan.
- Non ! Veux y aller aussi !
- Jan, dis pas de bêtises. Si tu veux, chat, je porterai le bébé. De toute façon, vu que les filles ne se sentent pas concernées et que nous non plus, cela doit être le sien.

Shafu sembla prendre un instant de délibérations, puis confia le bébé à Ryo, ce qui attira inévitablement l’attention de Mele :

- Ryo-sama ! … C’est le bébé de Ryo-sama ?
- … Pourquoi –sama ? Appelle-moi Ryo. Quand à ce bébé, je le garde parce que le chat est parti escalader la tour.
- Waaah…
- ?

Le Caméléon repartit dans son délire habituel sous les yeux consternés du Lion et du Tigre :

- Ryo-sama est trop responsable ! J’aime encore plus Ryo-sama !
- … C’est cela.

Mele se retourna vers Ran, qui mâchait son chewing-gum avec application, et commença aussitôt à se disputer avec elle, sous le soupir des deux autres.
Jan se tourna vers la tour et regarda Shafu grimper. Soudain, il fronça les sourcils et agrippa la manche de l’autre petit brun :

- Eh eh eh, mitte mitte ! Autour du neko, y’a la…
- Nuée dorée de tout à l’heure, ce qui ne me dit rien qui vaille.
- NEK…

Ryo, l’air furieux, plaqua sa main libre sur la bouche du Ranger Rouge pour l’empêcher de hurler. Il s’expliqua :

- A cette hauteur, si tu le déconcentre, il va tomber.
- Mais…
- On va s’en occuper tous seuls, je pense.

Ryo déposa le bébé dans les bras de Mele, qui grimaça mais interrompit sa dispute avec la GekiYellow, se concentrant sur son maître –même s’il ne l’était pas vraiment en cet instant.

Le Lion et le Tigre commencèrent à grimper. De son côté, Shafu peinait. Quelque chose semblait l’attirer en arrière. Il allait tomber quand deux mains, l’une pourvue d’un Gekichanger et l’autre gainée des mitaines de Ryo, ainsi que des bracelets des trois Kenma, le retinrent et le ramenèrent contre la tour.

- Neko, t’inquiète !
- Je m’occupe du kodou.

Le Lion grimpa un peu plus haut, à la hauteur de l’orbe, et la saisit délicatement. Il descendait déjà, quand sa main libre manqua sa prise…
Et il tomba.

Mele, qui avait cessé sa querelle avec Ran pour observer Ryo grimper, ne retint pas un hurlement, auquel fit écho celui de Jan :

- RYO-SAMA !
- RYO !

La nuée dorée, qui rôdait encore autour de Shafu et de Jan, fut plus rapide que quiconque. Elle s’enroula autour du Lion et le déposa doucement au sol.

- … Dare…

Sans répondre, la nuée s’évapora. Ryo se mordit la lèvre, puis secoua la tête.

- Ce n’est pas bon… En tout cas… Mele, le bébé, s’il te plait.

La Caméléon lui tendit le bébé, qu’il prit précautionneusement dans ses bras. Mele allait mettre le kodou dans le corps de Retsu quand Shafu l’arrêta :

- Il faudrait des habits à sa taille habituelle, ou on va avoir un certain choc.
- Pas faux.

Ils retournèrent donc au Q.G. du SCRTC, où, après avoir informé Miki de la situation, Shafu glissa des habits à côté du bébé… Et lui balança le kodou dessus, refermant la porte de la salle de bain.

Retsu, avec sa taille normale, sortit quelques instants après, l’air un peu pommé.
Tout allait bien avant qu’il ne voie les enfants. Il reconnut aussitôt Jan et Ran, ainsi que les deux autres, Ryo ayant encore sur lui les habits qu’il avait habituellement, et Mele ayant gardé sa coiffure toute en tortillons. Aussitôt, il sauta sur le Lion et commença à le frapper de toutes parts. Le petit brun se défendit du mieux qu’il put, mais –ne connaissant encore rien du Jyu Ken, que ce soit Rin ou Geki- il finit par se faire envoyer au sol. Shafu arrêta cependant Retsu à cet instant là.

- Je crois qu’on va devoir s’expliquer.
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Retsu soupira une énième fois. Shafu lui avait confié les quatre enfants, sans admettre de discussion. Il tenait la main de Jan pour que celui-ci ne s’en aille pas n’ importe où, et celle de Ran parce que sinon elle criait comme une malade.
Ryo marchait en silence à côté de Jan, et Mele lui tournait autour, telle une mouche… D’ailleurs, où était Bae ? Mah, la question serait posée plus tard.

- Je veux une glace !
- Ran, je n’ai pas d’argent.
- VEUX UNE GLACE !
- TAIS-TOI, TU ME FAIS MAL AUX OREILLES !

Ran et Mele commencèrent à se battre, se tirant les cheveux, donnant des gifles… Un vrai combat de gamines. Après un cri particulièrement perçant, Ryo souffla :

- Tais-toi, Mele.
- Gyungyun da…

Ryo et Retsu séparèrent les deux fillettes. Ceci mit un moment, et, ceci fait, ils étaient tous assez fatigués.
Ryo regarda autour d’eux, puis :

- … Je crois qu’on a perdu Jan.
- Eeeeeeh ?
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- C’est la dernière fois que je fais un truc pareil.
- En même temps, ça n’arrive pas souvent, si j’ai tout à fait compris.
- Pas faux.

Ryo et Retsu discutaient, aussi amers l’un que l’autre. Retsu observait le petit Lion, impressionné par sa vivacité d’esprit.

- *Vachement mature pour son âge, ce type. Tu m’étonnes qu’il ait été un génie du Geki Juken au point d’être un kenshi… Kenshi… Comme Gou Nii-san… C’est ce gamin qui a tué mon frère…*
- GYUNGYUN DA !
- Jan, ta pomme. A cause de toi, il fait pratiquement noir et on a retrouvé qu’un kodou.
- C’est gênant.
- GYUNGYUN !
- TAIS-TOI !

- Je crois qu’on a retrouvé des kodou.

Ils étaient sortis de la ville depuis un moment déjà. Ran et Mele, depuis cet instant, avaient marché en tête de groupe. Retsu se demandait comment les quatre enfants pouvaient encore marcher alors qu’on voyait l’aube et qu’ils n’avaient pas fait une seule pause…

Et là, ils avaient trouvé. Deux sphères dorées dans l’ombre d’une cascade, qui luisaient doucement, s’offraient désormais à leur vue. Mele ferma les yeux un instant, tandis que Ran s’asseyait, n’ayant apparemment pas l’intention de bouger :

- Ii wa nee…
- Je me sens bien. On bouge pas !
- Ran, relève-toi. Va donc jusqu’à la cascade et tu iras encore mieux, je te le promets.

Les deux filles s’approchèrent donc. Ran avançait en sautillant, comme si ce n’était qu’un jeu, mais s’arrêta soudain, et n’accepta plus d’avancer. De son côté, à peu près à la même hauteur, Mele sembla rejetée en arrière. Elle tenta de se relever, mais retomba, les genoux sur les rochers, se les écorchant dans le même mouvement. Ryo, qui était resté à distance, fut près d’elle en un instant :

- Mele, ça va ?
- Ha… Hai, Ryo-sama.

Retsu s’avança à son tour :

- Est-ce qu’elle serait affectée par cette cascade, de par sa nature de Rinrinshi ?

Ryo releva la tête, les sourcils froncés. Jan, lui, pencha la tête sur le côté, incapable de comprendre :

- Rin quoi ?
- Mele est malade ?
- Non, Jan. Mele n’est pas malade, car elle n’est pas humaine. Elle est donc peut-être… »
- Pas humaine ?

La voix de Ryo était froide.

- Qu’entends-tu par là ? Mele est aussi humaine que toi et moi. Je ne sais pas ce que tu raconte, mais…
- Ryo. C’est une Rinrinshi, une morte que TU as ressuscitée.
- Je n’en ai aucun souvenir.
- Normal, ce n’est pas encore… Enfin… Ca arrivera dans quelques années.
- Mais Mele est là maintenant.

Ryo eut un mouvement de rage.

- Mele, ne t’inquiètes pas. Je vais m’en charger, moi, de ton kodou. Attends-moi, d’accord ?

Pataugeant dans l’eau, l’enfant s’avança jusqu’à la cascade. Il put aller plus loin que Mele, mais la barrière sembla le repousser, lui aussi. Il fit de son mieux, luttant et contre cette protection et contre le courant de la rivière peu profonde, mais tomba lui aussi.

Pour se relever, encore et encore.

Et il rugit. Un vrai rugissement de lion.

Retsu distingua d’ailleurs l’esprit du Lion un instant. La protection vola en éclats.

Ryo courut, traversa la cascade sans une hésitation, et en ressortit, les deux sphères dorées dans les mains. Il en envoya un sur Ran, qui se retransforma immédiatement en la Ran de taille normale. Jan et Retsu se précipitèrent vers elle.

Le Lion, lui, alla jusqu’à Mele et lui sourit, avant de plonger le kodou dans la jeune fille. Il y eut un flash, et la Mele de tous les jours fut de retour, en chair et en os…

Enfin, façon de parler.

Papillonnant des paupières, la première chose qu’elle vit fut le visage enfantin de Ryo… Qu’elle reconnut immédiatement.

- Ryo… Sama.
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- Donc. Si j’ai bien compris, nous avons été tous les cinq transformés en enfants… Et c’est grâce à Ryo que nous trois sommes de retour ?
- Tu as tout bon, Ran.
- Ran-mama !

Retsu était soulagé. De un, il ne serait plus le seul pour s’occuper des petits monstres, et puis Mele et Ran n’étaient plus les horribles gamines qu’elles avaient été. Le Gekiblue se jura intérieurement de ne jamais contrarier Ran, qui avait une telle part sombre…

- Bon, et bien, allons-y ! Mele, tu viens ?
- Pas question !

Ran jeta un regard mi-gêné mi-furieux au Caméléon. Que se passait-il encore ?

- Nous pouvons tout à fait nous débrouiller tous seuls. Je retrouverais le kodou de Ryo-sama !
- Mele…

Surprise par la voix dudit Ryo-sama, le Caméléon se retourna, et, s’inclinant devant Ryo :

- Hai, Ryo-sama ?
- On peut pas rester ?
- Ryo-sama…
- On a commencé ensemble, on finira ensemble. Et puis ne t’incline pas comme ça.

Et, se penchant, il saisit le bras de la jeune fille aux longs cheveux noirs et la releva.

- Ryo-sama…
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- Alors, je peux me transformer ?
- Hai, Ryo-sama. Vous avez l’esprit du Lion, et utilisez le Rinki Gai Sou pour vous transformer.
- Suge, na, Ryo… Tu crois que moi aussi je peux ?

Retsu soupira et prit le bras de Mele, qui portait précieusement le manteau de Ryo, qu’elle avait miraculeusement récupéré, et l’attira à l’écart.

- Je peux te parler cinq minutes ?
- Eeh… Oui ?
- Arrête de leur parler de leur futur !
- Et pourquoi ça ?

Elle croisa les bras, regardant le sol tout en marchant.

- De toute façon, cela ne changera rien. Ils redeviendront qui ils sont… Et je ne suis pas les ordres d’un Ranger.
- Vous allez pas commencer dés maintenant ?

Ran s’interposa entre les deux autres et leur rappela leur objectif principal : retrouver la ville et le Q.G. du SCRTC avant la nuit. Ils soupirèrent tous en chœur en entendant Jan crier « Rinki, Gai Sou ! » et Ryo de répondre qu’il lui apprendrait, vu que lui savait.

Puis il arriva.

- Eh bien, je crois que je tombe à pic.
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- Eh bien, je crois que je tombe à pic.

Cette voix hérissa l’échine de Mele. Elle ne la connaissait que trop bien. Se retournant, elle découvrit une personne qu’elle n’aurait pas voulu revoir avant longtemps. Un Dragon. Qui se retransforma en un blond, vêtu d’une tenue aussi bizarre que possible.

- Long ! Qu’est ce que tu fais ici ?

Ran et Retsu réagirent immédiatement :

- Si Mele le connait, c’est forcément un attaquant du Rin Jyu Den !

Les deux Rangers se placèrent devant Jan, et se transformèrent.

- Tagire, Kemono no chikara ! Beast on !
- Ibi kore shoujo kokoro wo migaku. Honest Heart, Gekiyellow !
- Waza ga iro doru tai erin no hana. Fantastic Technique, Gekiblue !

Le Caméléon se plaça lui aussi devant son maître, sous les regards perplexes des Rangers, et se transforma aussi.

- Ryo-sama no ai no tame ni iki. Ryo-sama no ai no tame ni tatakau lovu woria. Rin Jyu Chameleon-ken tsukai, Mele !

Long, son rictus habituel aux lèvres, reprit :

- Oï, du calme, Mele-sama. Je vais aller chercher le kodou de Ryo-sama, et détruire celui de Gekired, et ainsi tout rentrera dans l’ordre, n’est ce pas ?

Ran et Retsu eurent une exclamation horrifiée pendant que Mele déglutissait.

- Ah non !

Tout le monde –y compris Mele- se retourna vers l’auteur de cette exclamation, qui n’était autre que…
Ryo.

- Je te connais pas, mais si tu comptes faire du mal à Jan, je t’en empêcherais !
- Mais, Ryo-sama… *Zut, il a trop régressé. Il est encore au stade gamin avec sa famille !*
- Mais rien du tout, et arrête de m’appeler comme ça !
- Moi aussi ! Ryo va pas se battre tout seul !

Jan et Ryo échangèrent un regard, et ledit Jan hocha la tête. Le Ranger Rouge regarda ses Gekichangers :

- Devenir comme Ran mama et Retsu-aka-chan…

Ryo passa la main devant son visage et imita les paroles du Caméléon, qu’il avait apparemment bien notées.

- Rinki. Gai Sou.

Long distingua clairement la flamme de la colère dans les yeux de Ryo. La forme de Lion de celui-ci s’érigea aussitôt autour de lui, bien qu’en miniature. Des paroles lui venant aux lèvres, il décida d’écouter son instinct, et ouvrit la bouche :

- Takeki koto, jishi no gotoku. Tsuyoku koto, mata jishi no gotoku. Ore no nakama wo mamoritai, Rin Jyu Lion-ken tsukai. Waga na wa Kurojishi Ryo.

Jan imita, lui, les gestes de ses camarades:

- Tagire, kemono no chikara ! Beast on!

Sa tenue de Ranger le transforma. Suivant son instinct de son côté aussi, il continua :

- Karada ni minagiru mugen no chikara ! Unbreakable Body, Gekired !

Le Lion et le Tigre s’avancèrent, dépassant leurs camarades, et firent face à Long, qui, malgré qu’il fasse le double de leur taille, n’appréciait pas particulièrement comment la situation tournait. Cherchant une échappatoire, le Dragon commença à reculer :

- Ryo-sama, je suis désolé, je ne voulais pas…
- Va-t-en ou prépare-toi à te battre.

Leurs regards, bien que celui de Ryo soit caché par la visière de son armure, s’affrontaient.
Après un moment, Long céda.

- Très bien, je m’en vais, Ryo-sama.

Le Gensho remit sa capuche sur sa tête et disparut en une nuée dorée. La même que celle qui n’avait cessé de leur causer des ennuis. Mele eut un sifflement de rage.

Ryo et Jan, soulagés, soufflèrent. Puis, le Ranger Rouge s’élança autour de Ran, plus fou que jamais :

- C’est génial, Ran mama ! Mitte mitte ! Wakiwaki !

Mele, retrouvant sa forme humaine, s’approcha du petit Lion, et, inquiète –comme toujours- elle demanda :

- Ryo-sama, tout va bien ?
- Arrête, je t’ai déjà dit de m’appeler Ryo, non ? … Dis, tu crois qu’il est vraiment parti, le dragon ?

Il se détransforma, retrouvant son aspect humain de petit brun, l’air responsable et dur.

- … Je pense, oui, pourquoi ?
- Ouf. Jan ?
- Oui, Ryo ?
- Ramène-toi.

L’utilisateur du Tigre suivit le Lion jusqu’à un arbre, que personne n’avait remarqué jusqu’à alors. Tout en haut brillaient deux sphères, cachées par les feuillages.

- Si je les avais montrés avant, il aurait détruit le tien.
- Waaah… Suge, Ryo ! Wakiwaki da !

Ryo eut une esquisse de sourire, ce qui ne plut pas à Jan.

- Rooh, nikiniki, Ryo !

Le petit Ranger se précipita sur le Lion et attrapa ses joues pour le forcer à sourire. Ce dernier ne le prit pas bien, et, après quelques secondes, balança un coup de poing sur la joue de Jan.

- Ouaiouille !

Le fils de la jungle se redressa, se frottant une joue assez rouge. Ryo eut un mouvement de tête dédaigneux.

- Baka Ryo…
- T’as dit quoi ?

Jan lui tira la langue.

- STOP !

Pendant que Retsu et Mele séparaient les deux garçons, Ran grimpa dans l’arbre et en redescendit, les deux énergies sous les bras. Elle sembla cependant hésiter.

- …
- … Ran mama ? Qu’est ce qui se passe ?

Elle regarda un instant l’enfant, puis le Lion, et chercha ses mots un instant :

- Si on fait ça, Ryo redeviendra notre ennemi, Jan.

Jan sembla réfléchir un instant. De son côté, Mele aussi semblait tristounette. Plus que jamais elle ressentait la proximité qu’il y avait entre les combattant du Geki et du Rin Jyu Ken.

- Ben…

Le Tigre se retourna vers l’autre enfant, et lui tendit la main, accompagné d’un grand sourire :

- … Promettons-nous qu’on oubliera pas ! D’après ce que j’ai compris, quand on est plus grands, on est ennemis, mais je veux pas…
- … Je te le promets, Jan.

Le regard du leader du Rin Jyu Den –même si, à cet instant, il ne l’était pas encore- se fit chaleureux comme jamais encore à l’encontre du Ranger Rouge.

- Je te le promets aussi, Ryo !

Ran leur donna chacun un kodou. Ils se regardèrent, sourirent, et chacun plongea la sphère dorée dans le corps de l’autre.

Il y eut une grande lumière.
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- Ryo-sama ? Ryo-sama ! Ryo-sama !

Mele secouait Ryo, très inquiète. Il avait bien retrouvé son apparence adulte, mais, comme Jan, il ne se réveillait pas. Soudain, il ouvrit les yeux et se releva lentement.
A quelques mètres, Ran et Retsu faisaient de même avec leur meilleur ami. Celui-ci, comme à son habitude, se releva d’un geste, éperdu et semblant désorienté :

- Ah ! Je… Yume ka ?

Ran se releva, et, regardant Jan les sourcils froncés, elle demanda, d’une voix douce :

- Jan, est ce que tu souviens ?
- … De quoi ?

Jan croisa soudain le regard de Ryo, et sembla comme foudroyé. Deux émotions le prirent soudainement, et la volonté de se battre contre le Rin Jyu Den, et un autre, plus flou…

- Ryo ! … Kono yume…

Jan se gratta la tête un instant, puis eut une illumination et se mit légèrement à sautiller sur place, heureux comme jamais. Il se mit à tourner autour de Ran et Retsu, comme fou :

- Je m’en souviens ! Et toi, Ryo ? Tu te souviens, dit ? Tu te souviens ? On a dit qu’on oublierait pas !

Ryo leva le sourcil, observant Jan s’exciter tout seul. Il sembla pensif un instant, puis…

- … Se souvenir de quoi, Gekired ?

L’expression de Jan se flétrit en un instant, et celle de Mele sembla aussi se détériorer.
Ryo prit son manteau des mains de Mele, le remit et s’éloigna, disparaissant en un éclair violet. Le Caméléon regarda les Rangers d’un air déçu :

- Désolée, Gekirangers.

Elle disparut. Jan fit la grimace, fronçant les sourcils. Retsu et Ran s’approchèrent, soucieux.

- Jan ?
- Mele… Zowazowa ja nai… Je sens un truc… To Ryo wa… Ryo mo zowazowa ja nai…
- Tu veux dire… ?
- Non. Ils ne sont pas zowazowa ! J’en suis sûr ! Mais… Etoo… Raaah… Ujanujan daaaa…
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Mele marchait de long en large, devant la porte de la chambre de son Ryo-sama, qui se reposait à l’intérieur. Elle sursauta en entendant le bruit caractéristique d’une arrivée de Long :

- Alors, que s’est il passé, après, Mele-sama ?
- Après quoi ?
- Ne fais pas l’innocente. Je vous ai laissés quand il n’y avait plus que Ryo-sama et Gekired de transformés en enfants. Si tu es là, j’imagine que Ryo-sama a retrouvé sa forme normale. Et Gekired ? Il est mort ?
- Ca fait beaucoup de questions pour quelqu’un qui, d’habitude, sait toujours tout.
- Il faut croire que j’obéis aux ordres de Ryo-sama, même diminué comme il était. Ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde…

Long agrippa Mele par le cou et la souleva du sol. Elle se débattit aussitôt, suffoquant quand il passa en mode /nuée dorée/.

- Que s’est-il passé ?
- Long. Lâche Mele.

La Rinrinshi, à travers les points noirs qui dansaient devant ses yeux, distingua Ryo, qui les regardait à travers l’ouverture de la porte de sa chambre.
Long tourna la tête très lentement, découvrant le grand brun, et lâcha Mele, qui tomba à genoux. Il s’agenouilla devant le Lion Noir. Mele fit de même avant d’avoir repris son souffle, qu’elle n’avait d’ailleurs pas, de par sa nature.

- Mele, tu dois avoir besoin de repos. Je t’exempte de combats pour quelques jours… Sauf si tu ne le souhaite pas ?
- A… Arigato, Ryo-sama.
- Au fait, Long. Gekired est mon rival. Je t’interdis d’essayer de ne toucher ne serait-ce qu’un cheveu de ce gamin. Compris ?
- … Hai, Ryo-sama.

Le maître du Rin Jyu Den se retourna, faisant virevolter sa cape, et disparut dans l’ombre.
Le blond fronça les sourcils et fit la moue, puis retrouva son rictus habituel. Il se retourna vers le caméléon :

- Tu vas me dire, alors ?
- Tu peux toujours courir, Long ! Et t’avise pas de me frapper ou je le dis à Ryo-sama !

La voix de Ryo, aussi égale qu’à son habitude, résonna dans le froid corridor, surprenant les deux autres :

- Mele, je ne t’avais pas demandé de m’appeler Ryo ?

Si Sara était une étoile, il passerait son temps le nez en l’air.
Quand il lui avait dit, elle avait éclaté de rire et l’avait planté là. Gaito, huit ans, était resté debout, avec l’impression d’être passé pour un imbécile.
Il n’aimait pas cette impression. Il secoua la tête et se regarda dans le miroir. Il était ridicule dans ce manteau trop grand.
Le petit partit d’un bon pas. Il avait beau y réfléchir, il ne voyait pas le mal dans cette phrase. Si sa Princesse était une étoile, il la regarderait toujours. C’était comme cela que ça devait être.

Paï détestait Kisshu. De toute son âme.

Il le détestait parce que l’autre était trop insouciant, parce qu’il se fichait de Deep Blue ; il le détestait parce qu’il aimait la Mew Mew Rose. Il le détestait parce que lui-même aimait la Verte.

Il détestait Kisshu parce que lui montrait librement ses sentiments, alors que Paï devait les cacher. Il le détestait pour lui avoir laissé le rôle du responsable froid, qui n’éprouve de sentiment pour personne, alors que lui et Taruto, et maintenant Letasu, étaient tout pour lui.

Il le détestait pour avoir le courage que lui n’avait pas.